Les confinements liés au Covid-19 ont entraîné une forte augmentation des hospitalisations pour anorexie sévère chez des adolescents. Si le tableau clinique était typique, l’investissement de l’hospitalisation et des soins était très inhabituel. L’investissement d’un espace à soi, a permis la reprise d’un travail de frontière entrainant la restauration de la différenciation réalité/fantasme, la reprise d’un processus d’appropriation subjectale et la mise à distance de l’effraction traumatique et la régression orale induites par la pandémie.
The principal author’s one-year stay at the Stanford university child psychiatry clinic allows French and American practitioners to compare their clinical practice of the treatment of Anorexia Nervosa in adolescents.
The two countries’ differences are less founded in theoretical references than in the cultural context and the system for financing medical care.
Hospitalisation and outpatient care indications and conditions are compared. The discussion shows the advantages and disadvantages of the two practices. The interest of the therapeutic separation, which no longer exists in California, is commented upon.
En France, l’hospitalisation des mineurs est régie par plusieurs textes législatifs et réglementaires qui mettent en évidence que la décision de l’hospitalisation et de soins appartient au titulaire de l’autorité parentale. Toutefois, ils posent aussi le principe, suivant en cela les conventions internationales des droits de l’enfant, de la nécessité du consentement du mineur aux soins et de la préservation, dans des cas spécifiques, de son secret médical.
En France se créent depuis plusieurs années des unités spécifiques d’hospitalisation pour adolescents, dont les objectifs sont multiples : évaluer une situation clinique, contenir la symptomatologie, apporter une réponse adaptée et un traitement approprié en fonction du diagnostic établi. Ce type d’unité, jouant le rôle d’une instance de suppléance et de contenance, doit offrir un espace transitionnel dans lequel va pouvoir se déployer le fonctionnement psychique de l’adolescent qui est à la recherche d’un objet externe dont l’investissement est possible. Les difficultés rencontrées par les équipes soignantes sont nombreuses (violence hétéro et auto-agressive, travail avec la famille, etc.). Ces unités doivent définir l’outil de soin qu’elles représentent et connaître leurs caractéristiques, leurs limites et leurs objectifs.
Un séjour d’une année de l’auteur principal dans le service de pédopsychiatrie de l’université de Stanford a permis aux praticiens français et américain de comparer leur pratique clinique dans le cadre du traitement de l’anorexie mentale de la jeune fille.
Les différences se retrouvent moins dans les références théoriques que dans les pratiques qui sont très liées au contexte culturel et au mode d’organisation financier du système de soins des deux pays.
Sont comparées les indications et les conditions de l’hospitalisation et des suivis ambulatoires. La discussion montre les avantages et les inconvénients de ces deux pratiques. L’intérêt de la séparation thérapeutique qui n’est plus pratiquée en Californie, est commenté.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7