L’objectif de cet article est d’appréhender comment le groupe, dans une perspective psychanalytique, joue un rôle central dans la traversée adolescente. Il va soutenir le processus de désinvestissement des relations familiales infantiles à coloration incestueuse, et permettre de se tourner vers des choix d’objets extra-familiaux. Le groupe et l’investissement souvent massif de celui-ci à l’adolescence permettent, in fine, de devenir soi et de nourrir le travail de subjectivation.
Par une vignette clinique, nous illustrons comment une hospitalisation en unité pédopsychiatrique participe aux soins des jeunes en retrait du monde social. L’immersion dans le milieu institutionnel, la participation aux entretiens individuels et familiaux et aux activités groupales ainsi que le travail de réseau permettent une remobilisation des investissements objectaux et une relance des processus de différenciation et de subjectivation.
À l’heure du numérique et de la prolifération des écrans, l’adolescent va pouvoir mettre en scène ses désirs, défenses, conflits… L’utilisation des mondes virtuels, supports propices aux projections déterminés par la rencontre entre sa propre virtualité et celle de ces mondes pixellisés, va accompagner le processus adolescent. L’usage des mondes virtuels met le processus d’adolescence en pause, mais cela peut aller jusqu’à une répétition morbide désobjectalisante empêchant le devenir adulte.
Il arrive qu’un adolescent transfère sa propre désorganisation interne sur les personnes qui l’entourent. Entre elles, des incompréhensions et des tensions émergeront. La problématique que l’adolescent leur demande inconsciemment d’héberger peut induire une grande violence interpersonnelle, au risque de dévaster les liens institutionnels. Différents exemples éclairent les mécanismes intersubjectifs à l’œuvre.
Après plus de soixante-dix ans de paix en Europe occidentale, on peut s’interroger sur le destin de la destructivité sous ces conditions inédites. On assiste peut-être à ce que l’on peut assimiler à des « guerres civiles » : suicides, ruptures familiales, judiciarisation de la vie civile. Deux vignettes cliniques, l’une illustrant les guerres intrafamiliales, l’autre les guerres institutionnelles sont complétées par quelques comparaisons entre ces deux formes et quelques considérations sur la différence entre passages à l’acte individuels et collectifs.
Ce texte présente la méthode Photolangage®dans la clinique des agirs adolescents. Il montre comment se dispositif favorise les processus de liaison et de symbolisation en situation groupale, ainsi que les effets d’une double contenance des mouvements pulsionnels, permettant la figurabilité des traces traumatiques liées aux expériences non symbolisées.
Peu de délits sont établis chez les jeunes filles relativement à leurs homologues masculins. Délits et crimes ne sont toutefois pas les seules formes d’expression de la violence et de la transgression auxquelles sont confrontées, passivement ou activement, les jeunes filles. Ces formes diverses questionnent la spécificité féminine de certains modes transgressifs, violents et non-violents, et leur traitement socio-judiciaire. Ce puzzle sémiologique est un champ ouvert à la recherche.
Créer des masques à partir de l’empreinte du visage avec des adolescents au fonctionnement limite en institution psychiatrique permet de relancer un processus de subjectivation. Cette médiation accueille des projections identifiantes sur des supports concrets, les thérapeutes et le cadre. Confection, création imaginaire et mise en jeu scénique font travailler la dimension corporelle et groupale, la constitution des enveloppes psychiques et leur renfort, en écho aux interactions précoces.
Cet article propose une réflexion autour de la mise en place d’un dispositif novateur à médiation corporelle, à destination de jeunes filles en situation d’obésité où les enjeux tant individuels que groupaux vont se déployer. Cette approche globale où s’entremêlent le somatique et le psychique insiste sur l’intérêt du groupe comme support de contenance pour des jeunes filles qui présentent une image inconsciente du corps troublée.
Le travail groupal avec médiations peut soutenir la symbolisation dans les soins aux adolescents vulnérables. Comme dans le psychodrame, le dispositif d’un groupe « trouvé/créé » – ici avec des jeunes d’un hébergement thérapeutique – et le support de la narrativité (cartes, histoires fantastiques, récit imagé et partagé) peuvent mobiliser une dynamique d’interfantasmatisation et déjouer ainsi la violence d’incorporats traumatiques qui sidèrent les processus d’adolescence.
Adolescence, 2016, 34, 1, 129-138.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7