Certains adolescents ne parviennent pas à prendre leur place dans la filiation. Ils restent dans une position d’enfant presque asexué dans des familles proches de la horde primitive, où règnent la violence, la haine et la passion. Les places de chacun ne sont pas repérées et l’inscription dans l’ordre symbolique ne se fait pas. À travers deux vignettes cliniques, et avec une dialectique principale “ père-fils ”, l’auteur aborde cette question, postulant que la transmission filiale ne peut se faire que si un père a pu prendre sa place de fils au préalable. Sans cela, il ne peut donner à son propre enfant de place de fils, ou de fille, l’enjeu d’être parent étant pour lui insupportable. Les situations cliniques mettent en avant les difficultés rencontrées pour accéder à ces places quand la fonction paternelle n’est pas portée par les parents et que les limites sont débordées. Les problématiques rencontrées se traduisent par une confusion des générations où violences physiques et sexuelles se rejoignent, ou encore par le rejet massif d’un fils imparfait par son père. Le jeu se fait entre une attente d’un idéal et une vie imparfaite déniée parce qu’elle viendrait signifier un manque.
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Muriel Gilbert : l’adolescent juif face à la loi transcendante : enjeux anthropologiques et psychanalytiques du rite de la bar-mitsvah
La bar-mitsvah est la cérémonie rituelle qui entoure la majorité religieuse de l’adolescent juif. En quoi consiste-elle concrètement ? Quel sens a-t-elle ? Quelle place a-t-elle dans la vie d’un homme juif ? Et enfin, quels sont ses enjeux à la fois anthropologiques et psychanalytiques qui sont associés à cette cérémonie ? Telles sont les principales questions que nous tenterons d’éclairer en rappelant par ailleurs en quoi consiste – dans ses grandes lignes – le judaïsme. Ce sera l’occasion d’évoquer la place singulière du texte et partant de la Loi transcendante à laquelle les hommes juifs sont soumis dès leur puberté dans ce cadre religieux, ce qui ne saurait être sans répercussions psychiques sur l’identité du jeune adolescent juif.
Adolescence, 2010, T. 28, n°3, pp. 597-616.
Gianluigi Monniello : pubertaire féminin et regard du père
Le pubertaire féminin est constitué par les nouveautés qui surprennent toute adolescente à l’époque du ménarque, non seulement dans son corps mais aussi et surtout dans sa vie psychique. Ce processus psychique complexe interroge, entre autres, la qualité du regard du père qui suit l’évolution de l’organisation de la sexualité génitale chez sa fille adolescente. Le travail aborde un aspect plutôt négligé du rapport de la fille avec son père. Il est souvent possible dans le traitement analytique des adolescents de voir des pères faibles, absents ou même violents être l’objet d’intenses élans protecteurs et de jugements positifs de la part de leurs filles, qui font tout pour poser sur un piédestal l’image paternelle. Dans ces cas, le père œdipien semble devoir être maintenu en vie et valorisé pour exercer de façon suffisante sa fonction. En effet, ce n’est qu’à cette condition que le fantasme parricide pourra être pleinement reconnu, sa valeur symbolique pleinement élaborée et que le père œdipien pourra disparaître à l’horizon.
Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 99-111.