Grâce aux médias sociaux, l’adolescent expérimente sa relation aux autres et à lui-même. Parfois, ces expressions identitaires par l’image dérivent. Même si les contenus que l’adolescent partage peuvent choquer, l’hypothèse d’une « déviance » a ses limites. Ainsi, sur Internet ce qui distingue la souffrance psychique d’une publication typiquement adolescente serait la capacité du jeune à s’inscrire après-coup dans un croisement narcissique et objectal, au cœur du « désir d’extimité ».
L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7