Archives par mot-clé : Emprise

Gérard Pirlot : passion d’amour

Les forces tectoniques propres à la passion amoureuse sont rappelées dans leurs effets après-coup du traumatique originel de l’humain : sa détresse, son entrée dans le langage, sa nostalgie de la fusion et la perte des idéaux parentaux, son rapport à la transgression de l’interdit œdipien…, autant de « traversées du miroir psychique » qui attendent l’adolescent. Seront ici déclinés les liens entre amour passionnel, emprise, désir et rôle du kairos, du hasard, des détails et des objets partiels, comme de l’affect de vide et de deuil dans le déclenchement du mouvement passionnel.

Adolescence, 2015, 33, 1, 9-31.

Philippe Gutton : Processus homosexuels de puberté

Après avoir étudié la découverte de l’homosexualité de Mishima dans La confession d’un masque, l’auteur rappelle le développement de la sexualité humaine en ses deux temps. Il distingue ensuite à la puberté les homosexualités engagées dans la clinique du breakdown et les homosexualités ordinaires (ou névrotiques) qui retiennent surtout son propos. Il y interroge la théorie de l’éprouvé de la complémentarité des sexes et travaille la notion de contingence de l’objet partiel et total. Le choix génital serait moins affaire d’érotique que d’emprise. La souplesse des transactions pubertaires intrique homo et hétérosexualité de telle sorte que l’auteur se demande si ce qui règle le choix ultérieur n’est pas sa capacité d’intégrer (ou mieux ou plus mal) les investissements sadoso-masochistes. La théorie s’explicite par des exemples cliniques. Elle tient compte de l’évolution actuelle des idées concernant les minorités sexuelles.

Philippe Jeammet : les liens , fondement du sujet. de la contrainte au plaisir

Il est travaillé ici le lien objectal infra-représentationnel distingué au niveau des représentations différenciées d’objet (relations d’objet) : comment être soi, si pour être soi il faut à la fois être comme l’autre et se différencier de l’autre ? Cette contradiction inhérente au développement qui fait violence à l’adolescent ne peut être pensée qu’après-coup. C’est parce qu’il a pu accepter de se nourrir des autres qu’il peut s’en détacher et se sentir davantage soi-même. Travaillant la qualité des assises narcissiques, l’auteur utilisera les modèles de l’attachement de l’auto-érotisme dans sa fonction de réinvestissement libidinal de l’emprise. La dialectique est celle des ressources internes et du recours au monde externe perceptivo-moteur dont la mission développementale, en particulier par le contre-investissement de la réalité interne.

Haouri Maïdi : passion et adolescence

 

Passion et adolescence évoquent toutes deux la problématique de la démesure, l’excès et l’extrême, le trop du trop. L’amour est ici insensé et insupportable, lié au besoin de l’autre plutôt qu’à l’expression du désir. Aussi, au-delà de l’exigence d’emprise sur l’autre cause du besoin, rencontre-t-on chez le sujet passionnel un sadomasochisme intrasubjectif agi et de fréquentes conduites autodestructrices (autosadisme). Ici, la victime et le bourreau sont particulièrement fondus et amalgamés.

Guy Lavallée: pas le temps! Notes sur les contenants du temps

L’article décrit un adolescent qui a été un enfant autiste, aux prises avec l’angoisse du temps, dans un travail de « médiation symbolisante » avec la vidéo, en hôpital de jour. L’auteur met en évidence l’ensemble des conditions cliniques qui permettent à cet adolescent de sortir d’un état de chaos et d’excitation psychotique atemporel. L’analyse de l’impact psychique du dispositif technique vidéo permet de comprendre que l’investissement en emprise fixe et contrôle le temps, tandis que l’hallucinatoire le réactualise et le suspend pour un bref moment d’éternité. En constituant une position thérapeutique spécifique contenante, l’auteur permet à cet adolescent d’orienter et de freiner la flèche pulsionnelle du temps, puis, de créer un minimum vital de continuum temporel. Une ultime séquence clinique décrit le passage d’un état d’angoisse de précipitation panique, dans le temps de la séparation, à la possibilité de penser sereinement le temps des retrouvailles.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 310-336.

De l’ensemble de ces observations, l’auteur dégage quelques jalons pour une théorie psychanalytique des contenants du temps de la pensée.

Nicole Jeammet : Edith Stein ou de l’emprise à l’abandon de soi

Cet article voudrait combattre les idées reçues sur “ l’expérience mystique ” et voudrait la resituer dans l’histoire de celui qui la vit pour en montrer la possible créativité ; après avoir évoqué “ le buisson ardent ”, c’est l’histoire d’Edith Stein qui est interrogée pour essayer de montrer comment sa rencontre avec le Christ, si elle récapitule les expériences faites, lui ouvre un avenir, en permettant d’accéder à une autre appréhension du monde : des conflits restés jusque-là insolubles trouvent dans l’aire des paradoxes une résolution possible, permettant de réduire les clivages et de passer de la contrainte d’une relation d’emprise à une autre, où se découvre la vérité humaine de l’abandon.

Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 117-129.

Béatrice Mabilon-Bonfils : l’adolescent face à la relation d’emprise scolaire : entre adaptations secondaires et arrangements ordinaires

L’article étudie l’hypothèse d’un désir d’emprise au cœur de toute relation pédagogique, et la relation d’emprise, quelle que soit la modalité qu’elle revêt, représente une véritable formation défensive, permettant d’occulter le manque dévoilé par la rencontre de l’autre. De ce scénario, se dégagent des règles communes à toutes les relations d’emprise : l’instrumentalisation de l’autre et l’impossibilité pour celui-ci de rompre le cycle d’échange dans lequel il donne plus qu’il ne prend, la rupture étant construite comme de l’ordre de l’injustifiable et supposant un passage en force, un acte de rébellion ou de violence. Comment les adolescents se maintiennent-ils comme sujets désirants dans l’école ? Comment échappent-ils à la relation d’emprise ? Dans sa relation ambivalente à l’autorité qu’ils construisent, quelles stratégies mettent-ils en œuvre ? Le questionnement articule l’interrogation philosophique et le regard sociologique.

Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 447-459.

Philippe Gutton : perlaborer dans la cure

Lorsque la création adolescente ne parvient pas à reconstruire le Moi-je en tenant compte de la nouveauté pubertaire, le psychanalyste doit inventer une pratique spécifique ; soit un travail de construction auquel l’adolescent est susceptible de s’identifier. Lorsque la création adolescente n’est ni partageable ni partagée, la cure doit proposer un champ commun où peut se développer une perlaboration à deux au sein de laquelle les conditions (en règle infantile) de l’impasse (breakdown) sont imaginées ensemble.

Sont travaillés successivement : – les modalités de l’intervention, en particulier leur souplesse et leur limite ; – la différence de fait que l’adolescent apporte un matériel ou non ; – le processus en jeu dans les constructions du psychanalyste en l’occurrence la sublimation qui est mise en opposition avec l’emprise de l’idéal ; – l’implicite risqué de la déconstruction dans toute suggestion imaginaire de l’analyste.

Adolescence, 2010, T. 28, n°4, pp. 747-780.

Philippe Gutton : sublimation pubertaire

Ce texte regroupe des travaux antérieurs d’orientation diverses pour mieux définir la sublimation pubertaire. Celle-ci constitue un ensemble de processus engageant l’expérience pubertaire vers la subjectalisation et l’objectalisation adolescentes. Elle s’exprimerait à un niveau archaïque par l’interprétation que l’infantile élargi porte sur les traces pubertaires. À un niveau secondaire, elle préside à la construction des idéaux d’adolescence. Si la subjectalisation est en fait une intersubjectalisation, on peut parler de co-sublimation trouvant ses origines dans l’état d’illusion et de désillusion pubertaires. Le sujet parental de transfert en est le porte-parole. Maître processus de la création adolescente, la sublimation y serait organisée par la pulsion d’emprise du Moi et de ses idéaux tels qu’ils se remanient entre infantile et adolescence.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 895-912.

 

Béatrice Mabilon-Bonfils : les élèves souffrent-ils à l’école ? des souffrances scolaires « ordinaires » qui ne peuvent se dire…

Avec la seconde modernité, la construction du sens d’une école prise dans un processus de désinstitutionnalisation n’est ainsi plus transcendante mais immanente pour les élèves. La question de l’expérience scolaire et du ressenti des élèves face à leur scolarité mérite donc d’être posée. Notre enquête nous conduit à poser que le sentiment de souffrance scolaire devient structurel, alors même qu’il est collectivement dénié. L’article se propose d’éclairer le sens de ce déni collectif et de cette invisibilisation sociale de la souffrance scolaire, à l’aune des mutations sociétales contemporaines, avant de dresser une typologie idéal-typique des formes de souffrances à l’école des élèves.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 637-664.