Le corps « sous emprise » est dans les addictions, objet contraint ; l’emprise est ici dans son « emprisonnement ». Ce que fuit l’addict, en particulier l’adolescent, est la dépendance affective et la resexualisation, à la puberté, de ses liens et ses transferts œdipiens alors qu’en deçà, ce comportement signe l’emprise d’une dépendance, celle à un Surmoi prégénital et préœdipien faisant régner un fréquent sentiment inconscient de culpabilité.
Comprendre les phénomènes d’emprise chez l’adolescent implique de se plonger dans l’univers virtuel actuel. Le principal changement formel lié à notre contemporanéité est la maîtrise de l’image, des musées imaginaires, comme travail de mise en forme de l’image du corps. La sortie de l’objet culturel smartphone, de manière imprévue, est un bouclier qui protège de certains moments de dire et peut potentiellement être un objet de relation dans la rencontre entre l’adolescent et le clinicien.
À partir de trois cas issus d’une recherche portant sur la subjectivation de mères adolescentes en Martinique, cet article analyse comment la maternité contribue à une prise de conscience pour penser la sortie de la relation d’emprise. Les trajectoires des participantes renvoient aux limites et aux carences affectives, rappelant l’importance d’espaces d’intersubjectivité pour étayer, libérer la parole et accompagner le processus de reprise de pouvoir menant à la subjectivation.
À partir d’une expérience d’accueil d’adolescentes ayant des pratiques prostitutionnelles, les auteures proposent une réflexion depuis ce qui s’est déployé sur la scène institutionnelle. Elles interrogent les rapports entre l’emprise, l’institution et le métacadre social et invitent à entendre la place particulière de ces attaques du corps adolescent en lien avec des expériences traumatiques antérieures.
Dans Mémoire de fille, A. Ernaux conclut le récit fragmenté de son adolescence par la révélation de l’agression subie lors de sa première relation sexuelle. Cet événement, répétition et aboutissement des traumas de l’enfance dont l’origine sexuelle est diluée par l’autrice dans le socius, déclenche un phénomène d’emprise passionnelle lourd de symptômes. La subjectivation par sublimation littéraire est à la fois matière et matrice de l’œuvre, et transforme l’emprise en objet culturel partageable.
À partir d’un cas clinique, nous soutenons que l’agir sexuel violent est l’expression condensée d’un processus d’adolescence ponctué d’emprises et de tentatives de déprises. En appui sur l’analyse des mouvements transférentiels, nous développons l’idée selon laquelle l’agir témoignerait d’une tentative de déprise de l’enfermement (narcissique et objectal), tentative que le transfert tente de soutenir, mettre au travail et transformer, sur la voie de la symbolisation.
Cet article explore, depuis l’adolescence de Freud et ses amitiés passionnelles, une quête d’alter ego pouvant régresser au statut de doubles narcissiques « en emprise ». Il peut en résulter une blessure narcissique, l’altérité ne se révélant plus comme complémentaire pour le moi, mais comme une différence et une indépendance intolérables. On pourra par ailleurs en observer les incidences chez sa fille Anna.
Madame Butterfly, opéra de Puccini, est une illustration magistrale du masochisme et de la mélancolie mobilisés dans les conduites sacrificielles sous-tendant la claustration à l’adolescence. Les auteurs montrent combien derrière la figure de la femme passive et naïve se révèle une position active de Madame Butterfly pour lutter contre la séparation. Les identifications mélancoliques au père déchu et suicidé nourrissent l’impossibilité de renoncer à l’objet perdu et de gagner en liberté autrement qu’en s’attaquant soi-même.
La survenue d’un passage à l’acte parricidaire à l’adolescence engage la nécessité d’une évaluation psychiatrique et psychopathologique. Les enjeux d’après-coup du traitement œdipien sont particulièrement sollicités chez l’adolescent comme chez les cliniciens chez lesquels la fascination et l’emprise peuvent entraver le processus thérapeutique. La dimension perverse est présente comme organisation défensive au secours d’une porosité entre dedans et dehors, fantasme et réalité.
La notion de violence en psychopathologie renvoie avant tout à la quantité de l’excitation en jeu. Envisager la violence à l’adolescence revient donc à considérer ce qui bouleverse l’économie de l’adolescent au point de déborder ses ressources psychiques. C’est à cette période de la vie la conjonction de sources d’excitations internes et de stimulations excessives, alors que l’investissement des relations aux parents n’a plus le même rôle économique, qui fait le « traumatisme de l’adolescence ».
Adolescence, 2019, 37, 2, 225-232.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7