En fonction des expériences affectives blessantes et frustrantes rencontrées, les adolescents à risque quitteront le domaine de la scène objectale où l’éprouvé haineux, garant du lien avec l’objet, est encore possible pour glisser, régressivement, dans la destruction du lien objectal et le désinvestissement narcissique. Une partie du travail de l’adolescence se situe dans le glissement qui s’opère entre les polarités de haine et de destructivité. Une prise en charge analytique doit être envisagée pour maintenir ouvertes les possibilités de remaniements.
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Yves Morhain : paradoxalité de « l’enfermement » d’adolescents et de jeunes adultes meurtriers : entre destructivité et créativité
L’actualité de la délinquance qui se signale par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent brutale, voire par l’explosion destructrice immédiate, relève de l’archaïque qui renvoie à l’existence subjective du sujet. Les approches judiciaires proposent des formes de rééducation sociale et de prévention, centrées sur l’acte transgressif, désorganisateur et non sur son potentiel refondateur, avec pour conséquence l’« enfermement » de ces adolescents et jeunes adultes difficiles, reproduisant à l’intérieur des murs de la prison une stigmatisation des fauteurs de troubles.
Dans ce qui se révèle une impasse, l’« enfermement » peut opérer et induire la dynamique d’un passage, en instaurant des dispositifs de médiation thérapeutiques qui engagent l’adolescent violent à un travail de ré-élaboration psychique et de relance de sa dynamique subjective, ouvrant l’accès à des satisfactions pulsionnelles constructives, créatives et non pas lieu de décharge pour ces adolescents. Ces espaces de transformation pouvant donner lieu à symbolisation et replacer ces jeunes dans un réseau d’intersubjectivité, dans une communauté d’échanges qui leur permette de se tourner vers un espace de possibilités.
Adolescence, 2013, 30, 4, 797-813.