Dans cet article, il sera question d’examiner certaines questions suscitées par l’exploration de la binarité chez des adolescent·e·s créatif·ve·s dans leur identité de genre, en faisant dialoguer la psychanalyse avec les questionnements transidentitaires, les études queer et les théories féministes. Il s’agira en outre de se méfier d’une tendance actuelle à la normativité psychique et de lâcher son propre savoir afin de mieux écouter ce que disent les adolescent·e·s transgenres et non-binaires.
Les auteurs et coordinateurs du numéro Binaires/Non-Binaires examinent les questions suscitées par l’exploration de l’identité de genre et de la non-binarité à l’adolescence selon trois axes : le prisme des patient·e·s, celui de leurs parents et enfin, celui des soignants amenés à les rencontrer. Pour ce faire, la démarche freudienne les aiguille vers une créativité subversive plutôt que vers un ensemble de dogmes réactionnaires.
N. Enkelaar interroge M. Stora, spécialiste des mondes virtuels, sur le rôle des réseaux sociaux dans la construction identitaire des adolescents à partir du livre Réseaux (a)sociaux, publié en 2021. Un dialogue naît autour des idéaux véhiculés par ces réseaux, de leurs paradoxes et de la manière dont ils rencontrent les problématiques adolescentes. Tantôt support, tantôt prison pour l’adolescent en devenir, ce sont ces multiples facettes des réseaux sociaux qui sont ici explorées.
Cet article, comme extension à la théorie sur l’environnement de D. W. Winnicott, analyse dans notre hypermodernité l’opposition entre les expressions individuelles et les expressions collectives de la tendance antisociale, dont les deux aspects centraux sont l’affairisme et la destruction de la nature. Nous montrons ainsi comment le processus de subjectivation adolescent impose de survivre à une planète perdue, par la création de planètes libres. Un récit clinique rencontre notre propos.
La quête de sens et la créativité sont exacerbées à l’adolescence. Mais si le sens est une quête, quel chemin emprunter pour le découvrir ? La créativité est-elle une méthode pour l’atteindre ? L’accès au sens peut-il être légitimement considéré comme une visée essentielle de la thérapeutique (définie comme technique d’instauration ou de restauration du normal) ? Si oui, est-il fondé d’envisager la créativité comme une discipline essentielle à mobiliser chez les adolescents et leurs soignants ?
Dans cet article, l’auteur prend appui sur Les Vagues de Virginia Woolf pour interroger le statut de la sensorialité à l’adolescence. En mettant en perspective les modalités particulières de l’écriture de Virginia Woolf, qualifiées d’écriture de la sensorialité, l’article éclaire les liens entre sensorialité, continuité d’être, redéploiements identificatoires et subjectivation de la perte à l’adolescence, entrevus notamment à travers les relations des protagonistes au personnage clef de Perceval.
Le dégoût tel qu’il est exprimé chez une adolescente sera étudié comme l’expression de mouvements subjectifs créatifs. Nous étudierons son évolution dans le processus thérapeutique. Le dégoût sera un moyen d’entendre l’intrication pulsionnelle de cette jeune fille. Nous examinerons le dégoût dans ses liens archaïques et génitalisés.
Le slam est un nouvel art poétique, faisant intervenir la scène, emprunté par les jeunes. Cette poésie-spectacle répond au besoin d’étayage narcissique et de conquête de nouveaux espaces à l’adolescence où le champ du langage est investi en rupture avec la langue maternelle et celle de la norme. Elle permet aux jeunes de se confronter à l’altérité en sublimant leurs pulsions agressives par le biais de l’objet esthétique commun auquel ils se sont identifiés et par lequel ils exercent leur créativité.
C’est dans un contexte de paradoxalité que s’inscrit le processus d’adolescence. Le sujet est confronté avec une intensité toute particulière aux effets de dépendance et à l’exigence d’autonomie. Cette tension suscite une résurgence d’émotions que le sujet doit gérer et la quête de sensations peut en représenter l’une des modalités. La conscience réflexive est alors déterminante pour préserver le sujet des conséquences d’une polarisation destructive.
Les auteurs visent, à partir de discours de souffrance d’où émerge une problématique de solitude, à rapatrier cette notion du côté du référentiel métapsychologique afin de l’élever à la dignité de concept et se défaire de toute vision purement phénoménologique ou interactionniste. La conceptualisation de la solitude passe alors par la référence freudienne à l’Hilflosigkeit, détresse psychique et discontinuité ontologique ouvrant à la dimension d’un lien autre que fusionnel, c’est-à-dire, un lien que nous qualifierions de langagier avec J. Lacan. D. W. Winnicott propose lui une « capacité d’être seul », solitude qui se supporte de l’installation psychique de l’autre. Elle se trouve liée à l’espace potentiel où se manifeste le mode de vie créatif de l’individu. Cette épistémologie est alors le prétexte pour interroger notre pratique et les enjeux transférentiels de la rencontre clinique. Celle-ci ne s’affirme-t-elle pas justement comme cet espace dynamique et créatif de l’être seul en présence de l’Autre ? Cette perspective devrait nous permettre d’interroger plus largement les ressorts du lien social dont la clinique de l’adolescence est une figure emblématique.
Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 723-739.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7