L’évolution mystique de Thérèse de Lisieux est examinée à partir du modèle de l’état d’illusion (selon l’approche de D. W. Winnicott). Ce dernier défini par sa paradoxalité “ Moi, non-Moi ”, “ vivre-mourir ”, est fragile sous la menace d’une injonction paradoxale. Toute son enfance, cette menace fut mise en acte par ce que Thérèse nommait après la mort de sa mère “ ses mamans ”. Enfance fort mouvementée qui se révéla mystique lorsque à l’adolescence ses tuteurs d’illusions se condensèrent en “ maman-Jésus ”. “ Conversion ” dit-elle, transfert bientôt consolidé par sa vocation de carmélite et sa doctrine.
La psychothérapie d’une adolescente pratiquant des attaques de corps met en lumière les processus archaïques à l’œuvre en termes de résistance par corps à l’investissement d’objet et refus de l’altérité. La situation duelle réactualise une altérité interne mise à mal par l’aliénation adhésive, antipulsionnelle à des objets tyranniques indifférenciés. La vigilance aux éléments perceptibles, sensori-moteurs, comme effet de l’autre ainsi qu’au contre-transfert travaille, à l’aide d’un style psychodramatique, à résintaurer une transionnalité mise en défaut chez cette adolescente narcissique.
L’auteur présente la psychanalyse d’une jeune fille de quatorze ans, qui vit un manque de fonction contenante depuis le début de sa vie. Au début de l’analyse elle communiquait à un niveau superficiel, mais peu à peu elle a régressé, restant endormie pendant la plupart des séances. Parfois elle se réveillait subitement, très effrayée, me regardait comme si j’étais un monstre, puis se rendormait. Tout se passait de cette façon pendant plus d’un an ; au cours de cette période on m’a signalé qu’elle avait moins de problèmes dans sa vie en dehors des séances. Elle a progressivement modifié son niveau de communication verbale, parlant avec une voix plus douce, plus en contact avec ses émotions internes.
L’analyste qui accompagne l’adolescent dans son parcours vers l’âge adulte, s’identifie dans le transfert à une sorte de « Hector » et vit le parcours analytique de son patient comme une transfiguration de son être « Achille » vers son devenir « Énée », seul héros qui accède à un âge adulte satisfaisant. Le recours aux textes de l’Antiquité et aux figures mythologiques du héros offre en effet des supports et représentations utiles au travail avec les adolescents, notamment en permettant de faire évoluer le transfert et le contre-transfert.
À partir d’une lecture croisée des travaux de Ph. Gutton et de V. Bonaminio, l’auteur aborde trois aspects interconnectés du travail analytique avec les patients adolescents, que sont les styles, les outils et les forces motrices à l’œuvre dans la cure. Se dessine en filigrane la spécificité de la posture de l’analyste d’adolescents, à même de se muer en objet intermédiaire, pour relancer une possibilité de penser et favoriser, chez le patient, l’expérience d’une intimité retrouvée avec soi-même.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7