La lecture des tragédies de Sophocle concernant la famille des Labdacides, » Œdipe Roi « , » Œdipe à Colone « , » Antigone « , offre un exemple de la compulsion de répétition à l’œuvre dans la succession de passages à l’acte violents, comme conséquence de la violence psychique traumatique transgénérationnelle. Avec le mouvement de subjectivation propre à l’adolescence, l’héritage du trauma psychique peut engager le sujet, telle Antigone, dans une identification héroïque qui, pour la bonne cause, ne fera néanmoins qu’alimenter la répétition de la violence.
Le récit clinique est un biais, une voie oblique qui n’a de fonction que celle de servir de repère. Aux travers ou, plus exactement, dans les travers d’une trajectoire d’un jeune homme pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, dans une mise en échec de toute dimension d’insertion sociale et professionnelle, j’essaierai de montrer comment un processus de subjectivation s’est élaboré afin de permettre à ce jeune de reconstruire son présent à l’aune de son passé, de symboliser et de s’approprier ce qui jusqu’alors n’avait été qu’éprouvé. Ce texte est écrit comme un triptyque. Les trois parties peuvent être lues indépendamment l’une de l’autre, et c’est pourtant dans la liaison entre elles que se développe la spécificité du propos que je souhaite soutenir à travers cet article. Chaque partie renvoie à une lecture, à un temps d’élaboration. Elle s’ouvre par une vignette clinique, comme un préambule à la réflexion qui suit. J’aurais pu lier les vignettes en une seule séquence et développer ensuite mon élaboration point par point. J’ai préféré cette (dés)articulation qui répond davantage, selon moi, à la théâtralisation du cas présenté.
Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 765-778.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7