L’auteur considère que les moments alternés spécifiques de la relation symétrique-asymétrique facilitent le travail analytique et permettent des interprétations avec un analysant qui d’habitude a peur de la dépendance, qui est hostile envers les représentants du surmoi, et qui a besoin d’une contenance non-déclarée et d’une contribution à la cohérence du soi, comme le patient adolescent.
Le récit clinique illustre cette manière spécifique de travailler, très différente de celle adoptée dans l’analyse des patients adultes.
Par exemple, l’analyste doit pouvoir renoncer provisoirement, parfois pendant longtemps, à des interprétations trop brillantes et trop fréquentes qui pourraient souligner la supériorité de l’adulte, difficilement tolérée par l’adolescent.
La compréhension de la clinique et de la thérapeutique des troubles majeurs du comportement de viol et de meurtre chez l’adolescent est envisagée ici à partir de la contribution des techniques projectives. La spécificité des protocoles T.A.T. montre l’efficacité temporaire du clivage à l’œuvre chez ces adolescents, ainsi que l’échec de celui-ci lorsque la représentation de perte d’objet est sollicitée, mobilisant alors une angoisse considérable d’abandon et d’anéantissement qui va contribuer à la désintrication pulsionnelle. La tonalité d’un vide interne mortifère se déploie alors dans un narcissisme toujours menacé d’effondrement.
Les transferts à l’adolescence ne sont pas que régressifs et infantiles, mais aussi progrédients et pubertaires. L’économie traumatique pubertaire requiert un temps de construction d’un espace intermédiaire à partir d’une narrativité partagée transformant les éprouvés pubertaires non figurables en scénarios partageables. Les récits de l’adolescent sont repris telles des créations à ne pas interpréter en soi, du moins dans un premier temps. Les constructions de l’analyste sur cet objet narratif intermédiaire laissent ouverte la possibilité d’une reprise interprétative, trouvée-crée par l’adolescent, sans avoir à statuer sur son origine, dans un jeu de maîtrise active pour celui-ci. Ce temps est nécessaire pour assurer une identité narrative subjectivante. Le risque d’un clivage des transferts narcissiques et objectaux, et d’un évitement du travail interprétatif « classique » est souligné. Le travail de construction implique chez l’analyste un travail contre-transférentiel sur l’adolescent dans l’analyste et sur ses « théories sexuelles adolescentes ».
Notre réflexion porte sur l’articulation entre psychothérapie individuelle et psychodrame. Elle questionne le transfert et la pertinence d’un travail psychique avec plusieurs intervenants lorsque le processus s’est enlisé en face à face.
Travail autour d’une clinique d’agressions sexuelles vécues à l’adolescence, dans l’effroi et la sidération suite à l’effraction. À partir d’un retour sur la question de la reviviscence propre au syndrome de répétition traumatique post-traumatique l’accent est mis sur l’hypothèse d’une période de latence traumatique. Le processus traumatique alors prédominant mettrait hors-jeu le travail de réaménagement, de liaison, de symbolisation du sujet.
De telles agressions et leur devenir psychique figé mais actif, caractérisé par le retour de l’identique, peuvent-ils être articulés avec les registres fantasmatiques propres à l’adolescence et à la transformation du corps pubertaire ? Ou avons-nous à faire à deux corps étrangers internes œuvrant pour leur propre compte et attaquant le sujet alors pris entre le marteau et l’enclume ?
Adolescence, T. 31 n°1, pp. 77-86.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7