Philippe Roth, dans son œuvre marquée par une formidable créativité et un humour éblouissant, présente des héros aux prises avec des difficultés psychopathologiques qui entravent singulièrement leur vie amoureuse : leur désir est souvent marqué par l’errement, l’inconstance voire l’inconsistance, et leur sexualité par un besoin de contact sensuel insatiable. Le conte métaphorique Le sein (1972), qui s’inscrit dans la lignée des métamorphoses, amène à réfléchir, à travers la transformation du héros David Kepech en sein, sur le fantasme (ou la perversion) tabou mais fréquent de la possibilité de vivre une jouissance toujours renouvelée et illimitée. Dans La Bête qui meurt (2004), le même héros parvient, au prix d’une profonde réorganisation psychique, à abandonner sa chère liberté inconditionnelle et sa constante recherche du plaisir érotique ; il accède à une véritable relation amoureuse où l’Autre peut réellement être aimé dans une dimension sexuelle et affective.
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Christine Condamin : frustrations précoces, violence pulsionnelle et passage à l’acte meurtrier dans cousine k de yasmina khadra
Le narrateur du récit autobiographique Cousine K est un jeune homme écrivain qui retrace le déroulement de sa vie jusqu’à ce qu’il devienne le meurtrier d’une auto-stoppeuse qui lui demandait de l’aide. Nous nous interrogerons sur l’impact de plusieurs traumatismes cumulés dans l’enfance et l’adolescence (rejet maternel précoce, confrontation directe à la mort du père, emprise perverse) présidant à l’émergence d’une pulsion de cruauté. Nous ferons l’hypothèse que le recours à l’acte criminel est une recherche de triomphe sur l’objet et d’omnipotence face à la menace d’anéantissement.
Adolescence, 2008, T. 26, n°2, pp. 465-477.
Christine Condamin : figures d’adolescents martyrs et meurtriers chez mishima yukio
L’auteur propose la mise en correspondance des nombreux adolescents martyrs et meurtriers de l’œuvre de l’écrivain Mishima avec sa vie, amenant une réflexion sur le masochisme et le sadisme compris comme l’après-coup d’expériences traumatiques précoces. Tant que Mishima a réussi à sublimer en réalisant une œuvre littéraire, le masochisme a pu être utilisé comme « gardien de vie » dans une tentative de dépassement du trauma et dans l’après-coup, porteur d’un message qui cherchait à s’élaborer, cependant l’écrivain semble avoir été ensuite débordé par le potentiel de destruction des pulsions de mort désintriquées, emporté par un masochisme mortifère jusqu’à faire œuvre de disparition, sans avoir pu panser les blessures narcissiques primordiales, ni la carence d’objet primaire.
Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 393-407.