While powerful pressure groups are militating in favor of the legalization of cannabis, the debate among adults is skewed because its development is centered on the question : is cannabis neuro-toxic or not ? Now, today’s adolescents do not use cannabis so much to “ get high ” as to “ go to sleep ”, including during the day, at school or in the workplace. Most cannabis use is no longer recreational and is no longer associated with partying or with transgression. This new kind of use, whose effect is cannabis intoxication and whose goal is to make commonplace intoxication in the activities of daily life, is coming ineluctably closer to the other well known form of intoxication, alcoholic intoxication. This is a very good reason to worry about the present and future of these adolescents.
The very large number of adolescents who smoke cannabis in a festive – or recreational – way do not, of course, have an addictive relationship with “ joints ”. But it is interesting to note that the use of this product is never far from various aspects of the conflict that constitutes adolescent crisis : in addition to providing an alternative – or a complement – to alcohol-induced intoxication, it is a matter of modifying in a limited way what is thought and felt, so as to improve relations with other adolescents, familiarize oneself with desire and first sexual experiences, facilitate manifestations of humor and, sometimes, manage excessive sensitivity and disturbing sexual and aggressive fantasies. Psycho-educational interviews permit these adolescents to question more generally the malaise peculiar to their age, its relational consequences and the manner in which they try to remedy it. In this, the family may usefully be associated with the treatment.
Alors que de puissants groupes de pression militent en faveur d’une dépénalisation du cannabis, le débat entre adultes est faussé car il se développe sur cette question centrale : le cannabis est-il ou n’est-il pas neurotoxique ?
Or, les adolescents actuels consomment peu le cannabis pour « se défoncer » mais plutôt pour « s’endormir », y compris dans la journée, à l’école ou sur le lieu de travail. La consommation majoritaire de cannabis n’est plus récréative et n’est plus liée à la fête ou à la transgression. Ce nouveau mode de consommation qui a pour effet l’ivresse cannabique et pour but une ivresse banalisée dans les actes quotidiens, se rapproche inéluctablement de l’autre ivresse bien connue, l’ivresse alcoolique.
Voilà une très bonne raison de s’inquiéter du présent comme de l’avenir de ces adolescents.
Les très nombreux adolescents qui fument du cannabis de manière festive – ou récréative – n’entretiennent certes pas un rapport addictif avec les « joints ». Mais il est intéressant de remarquer que l’utilisation de ce produit n’est jamais étrangère aux divers aspects de la conflictualité constitutive de la crise d’adolescence : par delà le fait de disposer d’une alternative – ou d’un complément ! – à l’ivresse provoquée par les boissons alcoolisées, il s’agit de modifier ponctuellement ce qui est ressenti et pensé, de manière à améliorer le rapport avec les autres adolescents, à se familiariser avec le désir et les premières expériences sexuelles, à faciliter les manifestations d’humour et, parfois, à gérer une sensibilité excessive et des fantasmes sexuels et agressifs dérangeants. Des entretiens psychoéducatifs peuvent permettre à ces adolescents de questionner plus globalement le mal-être propre à leur âge, ses conséquences relationnelles et la façon dont ils essaient d’y remédier. À cet égard, la famille peut être utilement associée à la prise en charge.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7