S’appuyant sur des cures d’adolescentes et de jeunes femmes, l’auteure actualise l’essence même du rapport analytique entre le psychanalyste et « la jeune fille ». Alertée par le maintien prolongé de la bisexualité et la force du collapsus entre honte et culpabilité, C. Chabert y décrit les effets du transfert sur le corps de l’analyste dont la variabilité des traces se trouve apte à « sout[enir] la traversée dépressive et la confrontation au déplaisir sans lesquels il n’y a pas, vraiment, d’analyse ! ».
Un adolescent suivi en hôpital de jour fait preuve d’un comportement transitoire provoquant chez certaines femmes qui s’occupent de lui une hystérisation du contre-transfert. Ce comportement est en lien avec la problématique traumatique sexuelle présente dans sa famille. Il lui permet de remobiliser une pulsionnalité vécue comme menaçante pour son intégrité psychique, et d’intérioriser les composantes féminines de cette pulsionnalité.
Narcisse meurt de la contemplation de sa propre image ignorée comme telle, Pygmalion crée une statue afin d’éviter la rencontre adolescente avec son propre sexe et avec le sexe de l’autre mais il s’éprend de son oeuvre qu’il parvient à faire transformer en femme.
L’écart entre ces deux personnages met en jeu le décollement esthétique, les capacités de symbolisation à l’adolescence dans le registre des œuvres de culture et d’art; qu’elles soient créées ou reçues, elles offrent à l’adolescent, par leur matérialité et par leur structure propre, un cadre pour la mise en travail de ses processus psychiques. Cet écart interroge aussi la place des pulsions partielles à l’adolescence en référence à la sublimation et à la génitalité ainsi qu’à la bisexualité psychique.
L’auteur approfonditqu’en fonction du rapport entre leur degré d’omnipotence et celui d’intégration du moi, les défenses maniaques (Klein, 1934) peuvent ouvrir ou verrouiller l’accès à une bisexualité suffisamment harmonieuse pour présider au dépassement de la puberté psychique. Des repères historiques et métapsychologiques relatifs aux conceptualisations fondamentales de la mélancolie, de la manie puis des défenses maniaques introduisent cette étude. L’auteur articule, par la suite, le concept titre de défenses maniaques aux conflits œdipiens, de séparation et de dépendance, qui sont inhérents à la puberté psychique. Ce faisant, il différencie, en ce qui concerne lesdits conflits, leurs achoppements pathologiques d’avec les turbulences qu’ordinairement ils convoquent. Sont ainsi précisés, au fil de cet article, les liens d’interdépendance que la puberté psychique et les défenses maniaques entretiennent conjointement avec la notion de dépendances – normale, nuancée ou négative – et le sentiment d’identité sexuelle – appartenir à l’un ou l’autre sexe.
Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 221-236.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7