La laïcité, corrélée au projet méritocratique, a été l’instrument d’une construction politique d’un Mit-sein aujourd’hui en crise. Cette laïcité comme principe de gouvernement raisonnable des hommes, n’a exclu ni les solutions violentogènes, ni les représentations naturalistes des trajectoires scolaires Or, l’École est aujourd’hui confrontée au « temps du pluriel », à une demande croissante de pluralité culturelle et cultuelle. Et cette École démocratique massifiée, sous son apparente neutralité sociale et politique que signe l’idéologie laïque, renverse le rapport au sentiment d’injustice sociale : plus l’École est en apparence ouverte au plus grand nombre, plus l’échec scolaire est perçu comme production singulière des individus, d’où ce sentiment récurrent de déshonneur individuel, voire même familial et social. Ce cas d’école est à saisir au travers du prisme du déni du Politique par l’institution scolaire. La question scolaire est aujourd’hui selon nous, nourrie d’inégalités sociales, sexuelles et ethniques face à l’Institution elle-même.
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Béatrice Mabilon-Bonfils : jeux du pouvoir et du désir dans l’école. pour une lecture psychanalytique de la relation savoir/pouoir
L’École, à la fois organisation symbolique du corps social, mais aussi mise en ordre/construction du sujet fonctionne sur les jeux du pouvoir et du désir. Mais cette conception de la construction singulière du désir de savoir des individus doit se combiner avec une analyse de l’École et des relations à l’Autre que produit l’institution scolaire. Il sera alors possible d’apprécier, le Malaise dans l’Institution scolaire française ; actrice/promotrice d’une citoyenneté républicaine moniste. Dans le modèle citoyen français, dont l’École est le ferment, l’Autre doit devenir le Même. Cela donne un éclairage des tensions actuelles dans le lieu scolaire.
Adolescence, 2008, T. 26, n°3, pp. 655-672.
Béatrice Mabilon-Bonfils : que disent les adolescents quand ils parlent … ? « Jeudid aguoila ! »
Le langage des adolescents est symptôme, à la fois nécessité interne d’une élaboration psychique et inscription culturelle et sociale de pratiques symboliques. Les pratiques linguistiques ne peuvent se réduire à des ruptures de codes, mais constituent une langue de transit qui dit autant le besoin urgent de communiquer que le besoin – encore plus impérieux – de ne pas être trouvé, pour faire face aux bouleversements physiques, psychiques et sociaux qui les animent. Le parler adolescent devient alors un lieu où le désir du sujet peut parvenir à se dire, hors la langue maternelle et le langage peut être conçu comme une représentation métonymique de l’identité en gestation.
Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 959-970.
Béatrice Mabilon-Bonfils : l’adolescent face à la relation d’emprise scolaire : entre adaptations secondaires et arrangements ordinaires
L’article étudie l’hypothèse d’un désir d’emprise au cœur de toute relation pédagogique, et la relation d’emprise, quelle que soit la modalité qu’elle revêt, représente une véritable formation défensive, permettant d’occulter le manque dévoilé par la rencontre de l’autre. De ce scénario, se dégagent des règles communes à toutes les relations d’emprise : l’instrumentalisation de l’autre et l’impossibilité pour celui-ci de rompre le cycle d’échange dans lequel il donne plus qu’il ne prend, la rupture étant construite comme de l’ordre de l’injustifiable et supposant un passage en force, un acte de rébellion ou de violence. Comment les adolescents se maintiennent-ils comme sujets désirants dans l’école ? Comment échappent-ils à la relation d’emprise ? Dans sa relation ambivalente à l’autorité qu’ils construisent, quelles stratégies mettent-ils en œuvre ? Le questionnement articule l’interrogation philosophique et le regard sociologique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 447-459.
Béatrice Mabilon-Bonfils : do pupils suffer at school ? unspoken « ordinary » academic suffering
With second modernity, the construction of the meaning of a school system in the throes of de-institutionalization is no longer transcendent but immanent for pupils. The question of school experience and how students feel about their academic life needs to be raised. Our investigation leads us to posit that the feeling of academic suffering is becoming structural, albeit collectively disavowed. This article tries to shed light on the meaning of this collective disavowal and social « disappearing » of academic suffering, by the yardstick of contemporary social mutations, before setting up an ideal-typical typology of forms of pupils’ academic suffering.
Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 637-664.
Béatrice Mabilon-Bonfils : les élèves souffrent-ils à l’école ? des souffrances scolaires « ordinaires » qui ne peuvent se dire…
Avec la seconde modernité, la construction du sens d’une école prise dans un processus de désinstitutionnalisation n’est ainsi plus transcendante mais immanente pour les élèves. La question de l’expérience scolaire et du ressenti des élèves face à leur scolarité mérite donc d’être posée. Notre enquête nous conduit à poser que le sentiment de souffrance scolaire devient structurel, alors même qu’il est collectivement dénié. L’article se propose d’éclairer le sens de ce déni collectif et de cette invisibilisation sociale de la souffrance scolaire, à l’aune des mutations sociétales contemporaines, avant de dresser une typologie idéal-typique des formes de souffrances à l’école des élèves.
Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 637-664.
Béatrice Mabilon-Bonfils : Les « pratiques numériques », entre écrit et sociabilité
Avec l’intensification et la complexification des communications utilisant les nouvelles technologies, émerge un nouvel espace public, dépassant la césure virtuel/réel, dans un entrelacement de dispositifs sociaux et de communautés partiellement virtuelles. L’être-ensemble des adolescents s’y exprime par une reconfiguration des différentes formes d’interaction, utilisant « le français tchaté ». Ces pratiques langagières numériques sont-elles un obstacle à l’acquisition de compétences langagières et sociales ?
Adolescence, 2012, T. 30, n°1, pp. 217-229.