À l’heure où la pratique du selfie se répand à grande vitesse, la présentation d’autoportraits réalisés par deux jeunes artistes (Francesca Woodman, Zhang Huan) tente d’éclairer la façon dont ces créations peuvent participer – par la saisie de l’inquiétude, de la tension proprement pubertaires – de la capacité du sujet à s’approprier la métamorphose aux fins d’une subjectalisation. L’engagement dans une telle démarche créatrice ne va jamais sans risques, notamment de breakdown ou d’autodestruction.
Les selfies adolescents interpellent le psychanalyste, et leur prolifération massive sur les réseaux sociaux amène à revisiter le stade du miroir. Ces images de soi sont-elles un miroir réflexif ou un miroir vide ? Même massivement narcissiques, les selfies procèdent d’une quête identitaire, voire d’une quête esthétique, où ils peuvent s’apparenter à l’autoportrait. Au-delà des aspects ludiques et narcissiques, ils sont liés aux questions fondamentales de l’identité, la sexualité et la mort.
Adolescence, 2016, 34, 3, 623-632.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7