L’objet d’addiction est présenté comme un opérateur psychique de l’expérience subjective. La logique addictive opère sur fond traumatique. C’est à travers le rythme, la cadence de l’usage du produit, qu’il s’agit de réguler les dysrythmies précoces à l’origine des vécus d’empiètement. Dans les configurations psychiques présentées, l’addiction n’est pas une simple quête de plaisir, mais se situe comme un régulateur de la vie pulsionnelle et sensorielle.
Si, chez le patient nommé “ Didier ” décrit par Bonnet, il fallut tout un travail psychotérapique pour, une fois consolidées les assises narcissiques, voir apparaître le remords point de départ à un véritable travail psychanalytique, il peut en aller différemment chez le patient névrosé. Le remords, parfois d’emblée là, témoigne en effet d’un trop grand attachement à l’imago maternelle ce qui limite alors toute possibilité d’une culpabilité subjectivement assumée. Ainsi, à partir d’une vignette clinique d’un sujet en analyse, après avoir rapproché le remords du reproche et avoir évoqué le lien entre remords et auto-sadisme (sadisme narcissique), l’auteur suivant en cela les différentes étymologies française et allemande du terme de “ remords ”, tente de définir métapsychologiquement ce que ce terme recouvre. L’économie pulsionnelle du remords se découvre être celle mettant en jeu un sadisme oral mêlé aux pulsions scopique et d’emprise, sa dynamique est celle d’un conflit de forces psychiques pouvant aller de la perception hallucinatoire (cf. le cauchemar) à la somatisation (vertige, “ état-second ”, etc.) ou le passage à l’acte, et enfin sa topique est celle d’un clivage du Moi devant la toute-puissance castratrice d’un Surmoi maternel et totémique (loi du talion). Dans la régression sadique-orale (cannibalique) qui le caractérise, le remords est une forme de retour du fonctionnement psychique dans la “ cavité primitive ” décrite par Spitz qui sert alors de “ contenant ” au Self du Moi (les assises narcissiques de celui-ci). Le sujet en proie au remords, tel Caïn, ou Œdipe à Colonne, “ écrasé ” (subjectivement) d’une culpabilité qui menace la cohésion du Self de son Moi, peut régresser solitairement dans le remords jusqu’à “ re-mordre ” répétitivement ce Moi par le biais d’un Surmoi maternel “ incisif ” et castrateur. La prise en charge psychothérapique et analytique du remords visera, par la parole, à “ transférer ”, sur le psychanalyste la culpabilité sous-jacente à ce remords afin de dégager celle-ci de cette gangue “ auto-sadique ” et auto-érotique qu’est le remords.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7