L’auteur analyse le mécanisme de la construction suicidaire à l’adolescence. Cette conduite est un avatar du fantasme initiateur du retour l’originaire à l’adolescence : l’auto-engendrement en présence d’au moins un autre et son inverse l’auto-destruction en présence d’au moins un autre. Il montre comment l’adolescent convoque l’intrus dans sa dynamique psychique scénalité/obscénalité en confrontant au moins un autre à l’effroi de la mort. Si l’autre ou les autres effrayé(s) demeure(nt) présent(s) l’adolescent peut penser que malgré l’effroi intrusif qui l’habite il demeure humain. Dans le cas contraire, la conduite suicidaire ou meurtrière peut intervenir. L’entrée dans l’adultité nécessite que l’adolescent se confronte à une mort nécessaire, celle qui l’inscrit comme mortel dans l’humanité, et à une mort suffisante pour qu’au-delà des objets d’amours infantiles éternels, il puisse investir des liens de désir par rapport à des objets d’amour périssables.
Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 269-279.