Les confinements liés au Covid-19 ont entraîné une forte augmentation des hospitalisations pour anorexie sévère chez des adolescents. Si le tableau clinique était typique, l’investissement de l’hospitalisation et des soins était très inhabituel. L’investissement d’un espace à soi, a permis la reprise d’un travail de frontière entrainant la restauration de la différenciation réalité/fantasme, la reprise d’un processus d’appropriation subjectale et la mise à distance de l’effraction traumatique et la régression orale induites par la pandémie.
L’auteur anime un groupe de parole avec des patientes de treize à dix-huit ans, hospitalisées pour une anorexie mentale sévère. Observatoire privilégié de cette forme radicale du trouble adolescent, et des effets traumatiques de l’irruption pubertaire chez des sujets aux assises narcissiques fragiles, ce groupe montre les vertus thérapeutiques, avec ce type de patientes, d’un espace de parole groupal d’inspiration psychanalytique, encadré et soutenu par des soignants.
Cet article propose une lecture spatio-temporelle du contrat de poids dans la prise en charge des patients anorexiques hospitalisés. Il y est envisagé comme une médiation thérapeutique à visée temporelle. Aux frontières spatiales du lieu de soin s’ajoutent en effet les frontières temporelles des poids de séparation et de sortie. Leur articulation produit un phénomène de « temps pondéral » qui se fait l’écho des mouvements psychiques du patient à l’égard de ses objets parentaux.
L’émotion esthétique surgit chez l’individu au moment singulier où il est saisi par la beauté unique d’une œuvre d’art, d’une forme ou d’une parole qui lui révèle une vérité profondément intime et en même temps universelle. De tels moments rares et précieux permettent l’ouverture d’un espace de jeu et de créativité dans la monotonie de l’existence ou la répétition pathologique. Nous proposons d’étudier le contexte d’apparition de deux moments d’émotion esthétique que nous avons observés au sein d’un atelier d’art-thérapie accueillant des adolescentes hospitalisées à temps plein.
L’addiction a, dans son étymologie même, rapport avec la passion ; une passion « incarnée » dont l’objet ne serait pas un autre sujet mais un objet aliénant le sujet à son corps et ses besoins : la drogue ou la conduite addictive. Après un rappel sur les spécificités du vocabulaire freudien permettant d’entrevoir les liens entre passion et addiction, l’auteur décrit en quoi la conduite addictive se déclenche et s’entretient à l’adolescence.
Dans cet article, l’auteur choisit d’explorer la théorisation de la sublimation pubertaire construite par Ph. Gutton, au regard de l’analyse du suivi d’une adolescente âgée de quatorze ans ans au début de sa prise en charge ; pour montrer en quoi, après quelques conduites à risque (anorexie, scarifications) et plusieurs épisodes relationnels chaotiques, le positionnement dans un choix d’objet homosexuel rejoué dans le transfert, se révèle salvateur pour cette jeune fille.
Pour des adolescents dont l’histoire est marquée par de nombreux traumas dès la naissance, il arrive qu’une entrée en Passion – par analogie avec les souffrances du Christ avant et pendant sa crucifixion – constitue une solution. À travers le cas clinique d’une adolescente anorexique, ce texte montre comment la mise en Passion des traumas permet de mettre en scène l’histoire de morts réelles ou annoncées et comment le corps se fait question à l’autre, réouvrant la question fondamentale du désir.
Le processus d’adolescence engage des remaniements identitaires et identificatoires qui nécessitent un travail de psychisation indispensable pour assurer un sentiment de continuité. Son achoppement fait courir au sujet le risque de la domination par la « fonction désobjectalisante » de son économie psychique, obturant par là même toute forme de créativité et d’expression du vivant. Le travail de l’analyse pourrait alors emprunter la voie de la sensorialité à partir du déplacement dans le transfert des impressions sensorielles non assimilées, au plus près du « corps de l’indicible », entre impasse et créativité.
Lors du suivi thérapeutique d’une jeune patiente anorexique, la présence entêtante de sensations de chaud et de froid est là pour lutter contre des angoisses de dépersonnalisation, mais aussi pour traduire la présence d’éprouvés pubertaires, infantiles et archaïques dans l’impossibilité d’être subjectivés. L’établissement d’affinités particulières entre les registres archaïque et pubertaire favorise de façon très régressive la domination des modes de représentance les plus primitifs au détriment de formes plus élaborées, ce que la psychothérapie a peu à peu différencié.
Les patientes souffrant d’anorexie mentale entretiennent souvent un lien particulier à l’apprentissage, aux connaissances et au savoir. Il est ainsi fréquent de constater que le milieu scolaire ou universitaire devient un lieu d’expression, de mise en scène et de répétition des symptômes anorexiques. Nous repérerons les impasses et les tentatives de prises en charges spécifiques, dans ces pathologies où aliénation alimentaire et aliénation scolaire se jouent en parallèle.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7