L’amitié que les adolescents développent dans les situations “ de fixation ” au sein des cités est souvent influencée par leur milieu de vie. L’auteur pointe les différences de vécus chez les garçons et les filles et insiste plus particulièrement sur la nécessité de constituer avec ces jeunes des lieux de rencontre protégée, source d’élaboration. Enjeu éducatif fort pour lutter contre leur peur de l’extérieur mais aussi la peur des relations entre eux.
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Walter Ernesto Ude Marques : amitié bandite : jeunesse, violence et masculinité
Cet article prend appui sur une recherche menée auprès de jeunes en régime de semi-liberté bénéficiant d’une prise en charge socio-éducative à Belo Horizonte, au Brésil.
Ces adolescents vivent dans un monde belliqueux où l’ethos guerrier est dominant, associé à l’idée que la virilité ne comporte pas d’affect. Construction imaginaire et réelle du monde moderne qui aliène la virilité à la violence. Le bandit n’a pas d’amis, l’amitié ferait partie du territoire du sacré.
La création d’espaces privilégiés, de dialogue, permettrait de déconstruire la virilité violente et ses rapports de domination pour que l’amitié ne soit pas bannie des rapports entre les êtres humains.
Philippe Gutton : culture d’amis
Développer le thème de la culture entre amis est mettre l’accent sur les idéaux communs se construisant en cette occasion. Dans un premier chapitre “ cette culture adolescens ou intersubjectale ” est différenciée de “ la psychologie des pères et des mères ” intergénérationnelle. Elle contribue à construire les communautés adolescentes de référentiel a-familial.
Il convient de distinguer groupes de pairs et communautés d’amis. Les premiers sont en dialectique de classe avec les institutions. Les secondes ont des relations intercommunautaires inter et intragénérationnelles. Ces points de vue théoriques se terminent sur l’analyse de l’amitié adolescente de Paul Cézanne et Émile Zola et son devenir.
Rémy Potier, Pierre Bialès : de l’amitié en virtuel
Partant d’un intérêt pour les nouvelles technologies et pour ce qu’elles engagent dans les nouvelles pratiques adolescentes à l’œuvre sur Internet, nous interrogeons l’implication des blogs dans les échanges amicaux. Des adolescents de 12 à 17 ans témoignent de leurs usages sur skyblog, et montrent comment ceux-ci participent et prennent place dans des amitiés “ réelles ”. Nous interrogeons dès lors la “ blogosphère ” dans ce qui fonde l’énigme de la constitution des liens amicaux pérennes. Les enjeux du corps et la mise à l’épreuve de l’idéal par le virtuel, témoignent des difficultés réifiées par les nouvelles technologies de l’Internet. Mais loin d’être un refuge pathologique, le blog peut s’avérer un espace transitionnel fécond pour les amis qui s’y réfèrent et partagent de l’intime. Ainsi, selon les sujets, l’adolescent peut se trouver en proie à des solutions narcissiques ou se saisir depuis la modernité qu’est la sienne d’un nouvel outil qui lui permet de s’exprimer et de faire vivre ses liens amicaux.
Christian Bonnet, Stéphanie Pechikoff : à l’ami à l’amour
L’Ami est-il un “ même ”, un “ modèle ”, une “ figure d’investissement homosexué ” ? Ces interrogations sont repensées à partir de deux récits cliniques et plusieurs propositions. Tout d’abord l’Ami prend place dans un espace potentiel, un “ entre-deux ” et ne se confond pas avec le sujet. Ensuite, il apparaît cliniquement (cas de Sabrina) que l’Ami est souvent la condition de la rencontre pour le sujet avec un objet d’amour et d’érotisation. Il y a donc une triangulation complexe impliquant : Sujet, Ami, objet d’amour. Une série d’opérations dialectiques définissent leurs liens sur un mode complexe de semblance/différence.
Le modèle freudien de la triangulation œdipienne est mobilisé, notamment au travers du roman familial, pour analyser le récit clinique de Sophie. Les désirs incestueux autant que fratricides auraient leur place dans les termes du vaudeville amoureux entre Sujet, objet, Ami… Nous concluons en proposant que le temps du juvénile soit pensé comme un roman amical œdipien forgé par des investissements envers l’Ami et l’objet. Le concept de blason complète le processus dialectique attenant au lien Sujet-Ami et devient par là emblématique de ce que nous nommons Amitié.
Philippe Givre : philia et adolescence
L’enjeu central de ce texte est de parvenir à envisager si la thématique de la Philia est susceptible d’avoir une pertinence quelconque au sein de l’approche psychanalytique. Les affinités que la psychanalyse entretient avec Éros ne plaident pas en ce sens, sauf à prendre en compte les conceptualisations de D. W. Winnicott qui articule l’amitié à la notion de “ relation au moi ” et à la “ capacité d’être seul ”. Il en ressort que le don de l’amitié serait engagé dans le devenir de la maturation affective dont la capacité d’être seul en présence de l’autre en représente le phénomène le plus élaboré. L’ami ne peut être tenu pour un simple modèle ou comme l’équivalent d’un autoportrait. Il ne peut pas plus être réduit à un autre soi-même, quand bien même il est détenteur de quelque chose qui m’est dû. Si les adolescents ont une préférence pour l’amitié, c’est que le don d’amitié leur est indispensable pour amorcer et accompagner les mouvements de subjectivation de l’adolescens. En ce sens, il s’avère que toute amitié est contemporaine d’un remaniement subjectif puisqu’elle conditionne la possibilité d’advenir en ce que nous avons de propre.
Jean-Yves Le Fourn : l’“ amoitié ”. de Jonathan à JN. A. Rimbaud
L’amitié adolescente n’est-elle pas ce chemin qui mène ce dernier de l’enfance au monde adulte en passant par ce registre de l’amoitié (amour/amitié).
Les exemples cliniques de Jonathan et de JN. A. Rimbaud nous guiderons et interrogerons sur ce “ concept ” de l’amoitié adolescente qui serait une relation libidinale mais dont le but sexuel est sublimé en quelque chose par la société comme la solidarité, la justice, la fidélité.