Dans cet article, nous proposons une lecture après coup d’entretiens auprès d’adolescents libanais nés à la fin de la guerre dite civile (1975-1990) vivant leurs rapports intersubjectifs et sociaux dans des situations de fragilité et de précarité à Karm Al Zaïtoun (quartier à Beyrouth Est). Trois espaces de circulation influent sur la formation des processus identitaires de ces adolescents libanais : l’espace « de tradition », l’espace « de survie au quotidien » et l’espace de « modèles identificatoires importés ». Il s’agira ici plus spécifiquement de la relation qu’entretient l’adolescent libanais avec l’espace « de tradition » et l’espace « de survie au quotidien ». Ce dernier est marqué par l’identification aux figures héroïques, la domination territoriale et la ritualisation des pratiques quotidiennes. Cet espace quotidien fonctionne comme espace de survie investi profondément par les adolescents. L’espace de tradition, lui, assure à l’adolescent protection et une forme de continuité de soi mais il reste menaçant et aléatoire dans la mesure où il est traversé par une rupture avec le passé en lien à la guerre. L’absence de confrontation de l’espace avec le temps générationnel ne leur facilite pas la référence à un passé commun et légitimé garant d’une continuité de soi.