Ce sont les différences et les similitudes des théories de Freud et de Klein sur la sexualité infantile qui vont illustrer la vision qu’ont leurs successeurs sur l’adolescence.
Même si les positions théoriques divergent, elles peuvent s’enrichir pour une meilleure compréhension des processus adolescents et de la psychopathologie. L’auteur en donne un exemple à propos de l’importance de la théorisation de Moses et d’Eglé Laufer sur le breakdown et le vécu des expériences corporelles à l’adolescence et de celle des post-kleiniens à propos des mécanismes d’identification projective et introjective et l’analyse des fantasmes inconscients concernant les objets intériorisés.
Archives par mot-clé : Adolescence
Florence Guignard : y a-t-il une spécificité de la formation à l’exercice psychanalytique avec l’adolescent ?
Pour tenter de répondre à la question posée, l’auteur propose une réflexion sur l’évolution des caractéristiques des enfants et des adolescents au cours de ces quinze dernières années en Occident, et notamment en France. Elle conclut à un effacement progressif des caractéristiques respectives de la période de latence, de la puberté et de la deuxième période d’adolescence. Cette conclusion est lourde de conséquences, en ce qu’elle remet en cause toute la constitution du refoulement et du biphasisme des identifications post-œdipiennes décrites par Freud.
Du point de vue de la formation actuelle du psychanalyste en général, elle propose comme modéle technique princeps celui de la cure d’enfants, installant dans la foulée celui de la cure d’adolescent, sans les opposer davantage l’un à l’autre que ne le sont les structures psychiques des sujets auxquels s’adressent ces modèles.
Marilia Aisenstein : Contre un certain morcellement de la psychanalyse comme de la vie
Même s’il existe une spécificité des modalités de prise en charge de certains patients (limites, par exemple) et notamment des adolescents, l’auteur insiste sur l’importance pour tout thérapeute analyste de se référer à un seul et mime modèle théorico-clinique et de posséder une connaissance du coeur de la discipline : le modèle de la névrose.
Une formation longue et approfondie en psychanalyse doit précéder toute spécialisation trop hâtive.
Maxime De Sauma : l’espace de l’adolescence : de la nécessité d’une formation spécifique pour le traitement des patients adolescents
L’auteur, en prenant appui sur son expérience de psychanalyste au Brent Adolescent Centre, argumente sa conviction que le traitement des adolescents exige de la part des thérapeutes une connaissance et une formation particulières au regard de cette période spécifique de la vie qu’est l’adolescence.
Joëlle Bordet : youth, a socio-political dynamic in full transformation
In this article, we aim to resist representations of youth as effect or victim, by creating new potential supposed to both listen to the adolescent in his singularity as a subject and to analyze what he represents as a socio-political issue for society. This objective pre-supposes new exchanges and new cooperation not only between technician-participants, but within society as a whole.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 349-354.
Michel Fize : l’homosexualité chez les “ 11–15 ” ans
Partiellement libérée dans le discours adulte, l’homosexualité continue d’être stigmatisée dans l’univers des jeunes mâles, dans la mesure même où elle renvoie à cette part de féminité insupportable à l’âge de la virilité. C’est dire combien la découverte d’une telle orientation sexuelle chez un adolescent de 11–15 ans demeure une épreuve à surmonter.
Chantal Frère-Artinian : génocide et travail d’adolescence
L’exemple du récit de Wahram Altounian, rescapé du génocide Arménien de 1915 alors qu’il avait quatorze ans, montre comment un adolescent peut entreprendre ce que l’auteur appelle un “ travail d’adolescence ” comme forme particulière de “ Kulturarbeit ” par la voie originale d’une stratégie : la ruse. La mobilisation massive de la libido pour l’autoconservation, en appui sur l’identification paternelle, et une qualité de la perception qui identifie très rapidement la valeur d’utilité pour la survie de la réalité extérieure, permettent à l’adolescent de remettre en fonctionnalité ce que Kestemberg appelle “ l’organisateur œdipien ”. Demeure cependant enclavée une partie traumatique non advenue à la symbolisation et qui garde une potentialité mélancolique.
Jean-Claude Métraux : de la victime à l’acteur
Cet article présente une tentative de synthèse du colloque et en souligne les points forts : interprétation des données cliniques et discussion critique des syndromes post-traumatiques ; psychologie de l’adolescent combattant ; problématique surajoutée de l’exil ; réflexions sur les mémoires sociétale et sociale ; tendance usuelle à la problématique du deuil ; dynamique entre individu et communauté, psyché et société. L’accent sera finalement mis sur un renversement possible de perspective, qui implique parallèlement une redéfinition partielle du rôle du psychothérapeute, citoyen engagé et acteur social aux premières lignes de l’Histoire.
Stéphanie Frémont : acte sexuel violent et débordement du remords à l’adolescence : l’histoire de leila
À partir de la conceptualisation de Bonnet et de l’histoire d’une adolescente de seize ans amenée à commettre un viol sur la personne d’une autre jeune fille, plusieurs idées peuvent être dégagée quant à la spécificité du remords à l’adolescence et quant à son incidence dans le déclenchement d’actes violents.
Si le remords s’inscrit très tôt dans l’histoire du sujet, transmis à travers la filiation et repris par celui-ci en fonction de sa place dans l’ordre générationnel et de son propre vécu, l’adolescence le rendrait d’autant plus pesant que le sujet est pressé par son corps pubère de sortir des pactes fantasmatiques familiaux qui l’emprisonnent pour accéder à une identité génitale. Le remords à l’adolescence viendrait signer, pour l’adolescent, l’impossibilité de s’autoriser de son sexe et témoigner de l’enfermement de celui-ci dans une impasse entre l’identification primaire à la mère active et toute puissante et l’identification secondaire, œdipienne. Se heurtant à la nouveauté génitale, le remords pourrait conduire le sujet au passage à l’acte, ce moment fou de débordement du remords signant, de façon paradoxale, à la fois l’incapacité du sujet de s’engager sur la voie de l’accomplissement pubertaire et à la fois, son ultime tentative, vaine et désespérée, de redevenir sujet de son histoire. Et si cet acte s’avère un échec dans sa visée libératrice, peut-être pourra-t-il permettre au sujet, soutenu par le lien transférentiel, de reprendre la parole.
Denise Medico, Joseph Josy Lévy : le premier baiser
Geste significatif dans les représentations sociales et artistiques, le baiser constitue l’une des icônes de la modernité. À partir d’entrevues exploratoires et d’un questionnaire passé auprès d’étudiants universitaires du Québec et de Suisse Romande, la place et la signification du premier baiser dans l’adolescence ont été cernées. Les données suggèrent un ensemble de contextes (baiser-jeu ou initiation) axés sur l’expérimentation et l’exploration de techniques. Cependant les facteurs nationaux semblent intervenir quant à la modulation de la place du baiser dans les scénarios sexuels, contribuant au développement psychosexuel.