Archives par mot-clé : Addiction

Serge Tisseron : clinical work with the virtual : daydreaming, dreaming and imagining

The author goes back to the distinction D. W. Winnicott made between three forms of representational activity (daydreaming, dreaming and imagining) and shows that this distinction helps to establish a typology of ways of playing video games. These three ways of gaming differ both in the way objects shown on a screen are invested and in the way the gamer relates to his internal objects. This model breaks with that of addiction while laying the groundwork for a clinical and therapeutic approach to different categories of video game players.

Adolescence, 2012, 30, 1, 145-157.

François Marty: figures sonores de la violence à l’adolescence

Le sonore attaque et construit l’adolescent. I1 est une des figures de la violence a l’œuvre au moment de la puberté, destructrice, côté pubertaire, constructive, côté adolescens. Marquage de l’espace adolescent, lieu des identifications groupales, enveloppe contenante et protectrice face à la menace de la réalisation des fantasmes pubertaires, le sonore exprime la violence de l’adolescence tout en lui donnant forme.

 

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 308-324.

Marc Valleur, Éric Jerôme: conduites ordaliques et addiction

La notion de conduites ordaliques, pont entre diverses disciplines en sciences humaines, s’inscrit à l’origine en continuité d’une approche descriptive, clinique, phénoménologique de la toxicomanie.

Non modèle explicatif, mais angle d’éclairage, elle peut s’appliquer à diverses formes de conduites de risque chez les adolescents. Un modèle des addictions (au sens large, actuel, et nord-américain), peut par contre être esquissé en tenant compte de l’opposition entre deux versants de ces conduites : d’une part, la dépendance, perte de sens, voire désubjectivation, de l’autre, la conduite ordalique, quête ultime de sens dans la proximité du risque de mort, comme la transgression peut être recherche de limite.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 307-323

Henri Sztulman: entre addiction et ordalie, les toxicomanes

Les travaux les plus récents et divers, cliniques, théoriques et thérapeutiques s’accordent sur une donnée centrale: dans la rencontre, chaque fois singulière, entre une personne, un produit (ou un objet ) et un environnement, ne peut être identifié un type particulier et caractéristique de structure ou d’organisation de la personnalité. Tout au plus les chercheurs et les cliniciens font-ils observer que les mécanismes de défense, la nature de l’angoisse et plus généralement l’économique de ces sujets dits toxicomanes ou drogables évoquent bien souvent ce qu’ils sont habitués à rencontrer dans les états-limites de personnalité, mais non exclusivement.

Un ensemble de traits psychopathologiques communs, tous marqués du sceau de la régression, est par ailleurs aisément repérable chez ces sujets, avec ses conséquences sur l’approche thérapeutique.

Adolescence, 1997, T. 15 n°2, pp. 306-323.

    • régression du désir à la demande, de la demande au besoin ;
    • régression du mental au comportemental, du comportemental au corporel ;
    • régression pulsionnelle, de l’agressivité à la violence et du libidinal à l’auto-érotisme.

Dans ce contexte conceptuel l’auteur s’efforcera de mettre en évidence les fonctions à 1’oeuvre dans ce type de posture (ou de vulnérabilité) psychopathologique : essentiellement deux, la fonction addictive et la fonction ordalique, qui seront définies, décrites, analysées et, si possible, rapprochées des différents types de structures.

Emilie Morhain, Yves Morhain : « violon ». la tentative de suicide d’une adolescente : travail de deuil et sublimation

Les auteurs abordent la problématique de la tentative de suicide d’une adolescente en lien à « une mère » défaillante dans sa qualité d’investissement, avec pour conséquence la constitution d’un trou dans la relation d’objet. La tension conflictuelle entre l’attrait objectal et la préservation narcissique a trouvé à s’exprimer par l’acte et le corps chez cette adolescente en grande souffrance identitaire.

Dans une tentative de colmater les brèches narcissiques provoquées par les défaillances de l’objet précoce, le recours à un objet d’addiction (violon) – entre accordage et accrochage –, a permis à cette adolescente d’éviter de se confronter à la perte, au vide en soi, et de mettre à distance tout autre investissement qui pouvait être menaçant pour son intégrité psychique. Les auteurs montrent comment une psychothérapie à médiation va favoriser l’engagement de cette adolescente dans un travail de troc et de deuil en appui sur la sublimation.

Adolescence, 2010, T. 28, n°2, pp. 331-345.

Jacques Dayan : depressiveness and depression

There is a tendency in the systemic psychiatry of mental states to consider periods of sadness or persistent discouragement in the adolescent, or even just morose states, as signs of pathology. Following the theories of D. W. Winnicott, E. Gut, P. Fédida and Ph. Gutton, we develop the dynamic viewpoint according to which the depressive movement that is inherent to mental life plays a part in the regulation of psychical life. Set in motion by loss or abandonment, it fosters the redistribution of investments, a veritable « re-affectation ». The depressed adolescent subject needs to be accompanied, not immediately treated. Although the outcome of adolescent depressiveness is usually favorable, we will examine some possible harmful outcomes, calling depression in such cases « unproductive », « death depression » or « depression of unbinding ». Two emblematic pathological figures, mental anorexia in the young girl and addictive conducts, are seen as resistances to depressiveness, which is nonetheless a key part of a process of integration. These illustrate, following the example of the dismantling of thought in psychotic depressions – desperately expressed in artistic productions – the essential role that the body plays as a constituent and a means of psychical life.

revue Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 737-745.

Jacques Dayan, Bérangère Guillery-Girard : adolescent behavior and brain development : psychoanalysis and neurosciences

Case Reports, anecdotal evidence, descriptive epidemiologic studies, psychoanalytic and neuroscientific studies converge to conclude that impulsivity, sensation seeking and risky behaviours are common during adolescence. Epidemiological studies put forward that not only adolescents (fifteen-eighteen years old) but also young adults (eighteen/fifty five years old) are at increased risks of dangerous behaviours. Structural and functional neuro-imaging studies have shown that neural circuitry undergoes major reorganization during adolescence and young adulthood, particularly in those regions of the brain relating to executive functions, the self and social cognition. Decreases in gray matter volume during adolescence mainly reflect a massive reduction in the number of synapses ; meanwhile, increases in white matter volume reflect improvement of connectivity between distant regions of the brain, studies showing that the brain undergoes major microstructural changes during adolescence, and indeed beyond. Two different approaches to the « tendency to act » during adolescence are expressed in both neurosciences and psychoanalysis. One of the most widespread conceptions hypothesizes that this tendency results from some deficiencies, namely a lack of mentalization, for psychoanalysts, or an inability of the prefrontal cortex to exert a mature control over the emotional brain – the limbic system – for neuroscientists. Hence adolescents could be dominated by their drive or their emotions. The other conception, that we follow and we develop, is that the relative unbalance between emotion and cognition during that period, if any, allows a fine tuning of the brain structure through adjustment of connectivity and functionality of the prefrontal regions. From an evolutionary perspective, the last brain regions to mature in a given adolescent are also the last brain regions to develop phylogenetically. Taking into account gregariousness and social conformism of adolescents, the « tendency to act », often described in pejorative terms referring to their consequences as « risky behaviors », helps to edify a social brain adapted to the adulthood of a new generation.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 479-515.

Jacques Dayan : dépressivité et dépression à l’adolescence

Une tendance à la psychiatrisation systématique des états mentaux conduit à considérer les périodes de tristesse et de découragement persistants de l’adolescent, voire les seuls états de morosité, comme des figures de la pathologie. Nous développons avec D. W. Winnicott, E. Gut, P. Fédida et Ph. Gutton, le point de vue dynamique selon lequel le mouvement dépressif, inhérent à la vie mentale, participe à la régulation de la vie psychique. Mis en jeu par la perte ou l’abandon, il favorise la redistribution des investissements, véritable « ré-affectation ». Le sujet adolescent déprimé nécessite d’être accompagné, non d’être d’emblée soigné. Bien que l’issue de la dépressivité adolescente soit le plus souvent favorable, nous en examinons certains destins dommageables, qualifiant la dépression de « non productive », de « dépression de mort » ou de dépression de déliaison. Deux figures pathologiques emblématiques, l’anorexie mentale de la jeune fille et les conduites toxicomaniaques, sont envisagées comme résistance à une dépressivité, pourtant élément clé d’un processus d’intégration. Elles illustrent, à l’instar du démantèlement de la pensée dans les dépressions psychotiques – désespérément exprimé dans des productions artistiques – le rôle essentiel que joue le corps comme constituant et moyen de la vie psychique.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 737-745.

Jacques Dayan, Bérangère Guillery-Girard : conduites adolescentes et développement cérébral : psychanalyse et neurosciences

Constatations empiriques, enquêtes épidémiologiques, clinique psychopathologique et neurosciences confirment la spécificité de certains comportements à l’adolescence : impulsivité, recherche de sensations et comportements à risque.

Ces comportements plus fréquents entre quinze et vingt-cinq ans sont contemporains d’une réorganisation cérébrale majeure qui affecte électivement le cortex préfrontal. La découverte des caractéristiques anatomiques et fonctionnelles du remaniement cérébral permet la mise en perspective des neurosciences et de la psychanalyse. Deux conceptions de l’adolescence s’expriment tout à la fois dans ces deux champs. L’une de ces conceptions dresse le tableau d’un adolescent aisément débordé par le pulsionnel (en psychanalyse) ou par l’émotion (en neurosciences) : dans le premier cas, il est postulé un défaut de mentalisation, dans le second, un défaut de contrôle du cortex préfrontal encore immature sur le cerveau limbique (émotionnel). L’autre conception, que nous soutenons, consiste en ce que le déséquilibre relatif entre émotion et cognition au cours de cette période, permet par le biais de l’expérimentation sociale, y compris « impulsive », une adaptation fine de la structure, de la connectivité et de la fonctionnalité des régions préfrontales. Dans une perspective évolutionniste, les modifications tardives de ces régions cérébrales, les dernières à se développer tant sur le plan de la phylogenèse que de l’ontogenèse, permettent non seulement la transition vers l’âge adulte, mais aussi une adaptation aux changements de valeurs opérés d’une génération à l’autre. La présentation d’approches croisées entre neurosciences et psychanalyse conduit à des remarques d’ordre épistémologique.

Adolescence, 2011, T. 29 n° 3, pp. 479-515.