Certains adolescents placés ou orientés manifestent des agirs violents au sein des institutions. Plutôt que de considérer qu’ils ne répondent d’aucune institution, il s’agit de montrer qu’un rejet originel lié à leur histoire ne leur permet pas d’habiter l’intérieur d’une institution. Si l’histoire leur a réservé un mauvais accueil, l’institution peut en revanche remettre à l’ouvrage la dimension d’accueil comme acte thérapeutique.
Notre expérience au sein de Maisons des adolescents (MDA) permet de penser une théorie de la pratique, sur site pluridisciplinaire. Celle-ci désignée par le « prendre soin », décline différents paradoxes, compris comme des risques d’achoppements, dont les administrations, les services et les professionnels doivent pourtant se saisir pour aider les adolescents les plus en difficultés.
À la Maison des Adolescents de Bobigny, CASITA, l’accueil est un élément central du dispositif. Assuré par un binôme pluridisciplinaire d’intervenants de l’équipe, garants de la pluralité des lectures de la souffrance adolescente, il se réalise en plusieurs rendez-vous, généralement sur quelques semaines. À partir d’une vignette clinique, nous proposons de mettre en évidence les fonctions fondamentales du travail processuel de l’accueil, à la fois comme évaluation de la demande, mais aussi comme moment d’élaboration avant toute orientation vers une prise en charge.
Les auteurs proposent, à partir des diverses modalités d’accueil dans les Maisons des Adolescents, de définir une posture d’accueil qui participerait de l’éthique d’une démarche clinique. Pour ce faire, ils mettent en évidence la manière dont la demande adressée aux Maisons des Adolescents doit être entendue, en veillant à départager la demande du jeune lui-même de celle émanant de l’entourage familial et social. Ils insistent également sur le fait de prendre la situation telle qu’elle se présente pour déchiffrer le contenu de la demande manifeste et latente. Cette position devrait permettre d’opérer une coupure symbolique et de resituer des repères quant à la différence des sexes et des générations. L’accent est mis sur la notion de référence qui, couplée à une position de moi auxiliaire, serait susceptible de réintroduire du tiers. Cette position d’accueil ne peut se concevoir sans un travail de formation des équipes pluridisciplinaires qui devrait asseoir une clinique où l’insu, auquel chacun est soumis, puisse être partagé.
Adolescence, 2012, T. 30, n°2, pp. 307-314.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7