L’abandon, préalable nécessaire à l’adoption, est ici envisagé comme première opération permettant la filiation. L’enfant adoptif doit lui-même abandonner ses parents de naissance pour adopter ses nouveaux parents. Cette réappropriation de l’abandon est rendue inévitable par la subjectivation adolescente. Elle nécessite de dépasser le traumatisme réel du rejet pour l’instituer comme traumatisme structurant de la perte et du don. Elle concerne tout sujet quand il refonde sa filiation à l’adolescence.
Cet article voudrait combattre les idées reçues sur “ l’expérience mystique ” et voudrait la resituer dans l’histoire de celui qui la vit pour en montrer la possible créativité ; après avoir évoqué “ le buisson ardent ”, c’est l’histoire d’Edith Stein qui est interrogée pour essayer de montrer comment sa rencontre avec le Christ, si elle récapitule les expériences faites, lui ouvre un avenir, en permettant d’accéder à une autre appréhension du monde : des conflits restés jusque-là insolubles trouvent dans l’aire des paradoxes une résolution possible, permettant de réduire les clivages et de passer de la contrainte d’une relation d’emprise à une autre, où se découvre la vérité humaine de l’abandon.
Adolescence, 2008, T. 26, n°1, pp. 117-129.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7