Le confinement a été un révélateur chimique de la qualité de relation des adolescents avec leurs parents. Certains se sont épanouis en vivant une disponibilité inattendue de leurs parents ; d’autres ont souffert d’être cantonnés dans une proximité pénible avec eux. Certains ont continué de se voir en groupe sans souci des précautions sanitaires. Des lockdown parties se sont tenues de manière clandestine, comme bien des fêtes après le déconfinement dans la même suspension des gestes de prévention. L’article analyse ces transgressions comme une manière de fabriquer de l’intensité d’être, dans l’ambivalence d’un « Je sais bien mais quand même ».
La visée de cet article est de relier les engagements au pubertaire à la double mission pour l’adolescent de s’inscrire dans le monde tel qu’il existe, tout en trouvant les modalités à l’expression d’une pulsion vécue sur un mode à jamais singulier. Les enjeux de réinvestissement provoquent la recherche d’un juste rapport entre liaison et déliaison, dialectique indépassable par laquelle se définit l’inscription de l’être humain au monde.
À travers le cas d’une adolescente souffrant du péril écologique, il s’agit de montrer qu’à l’heure de l’anthropocène, une détresse écologique est susceptible d’apparaître chez les adolescents. La reconnaissance, au sein de la cure, de la réalité de la menace pesant sur la planète permet de dégager les identifications et les fantasmes qui peuvent s’y associer.
La passivation adolescente semble révolue avec l’avènement d’une jeunesse citoyenne mobilisée pour la défense du vivant. Mais le sauvetage du contenant a un coût extrême pour le sujet en développement si l’adulte ne l’assure pas lui-même, comme le montre la clinique de certains adolescents suicidaires, chez qui les reproches aux adultes ne peuvent plus se faire que par les passages à l’acte, et non plus par les mots ou par les actes.
Adolescence, 2021, 39, 1, 15-30.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7