Dans cet article, l’auteur commente deux études épidémiologiques sur l’usage des préservatifs chez les 15-18 ans (H. Lagrange, B. Lhomond et l’équipe ACSJ) et la fréquence du risque VIH parmi les jeunes usagers de drogue (F. Lert). Elle en tire plusieurs conclusions : – les adolescents sont des sujets responsables et sensibles aux messages de santé, – les actions de prévention peuvent être rentables et efficaces, – cependant, les actions auprès des jeunes à haut risque doivent être repensées.
Les stratégies défensives des maladies du sida vis-à-vis de la finitude rappellent fortement celles qui se constituent pendant la période de l’adolescence. Il est question d’un moi blessé et attaqué par des forces de dé-liaison, d’idéaux infantiles qui tentent de se désagréger. La résurgence du fantasme d’immortalité qui survient et se développe lors de la révolution pubertaire permet l’effacement ou la méconnaissance de la blessure. À travers l’extrait d’une cure avec un patient sidéen, nous tentons de monter comment peut émerger ce fantasme et aussi dans quelle mesure le psychanalyste, en regard de l’idée d’une mort annoncée, peut se trouver délogé de sa position de neutralité et mis face à sa propre conviction d’immortalité.
Depuis les années 80 le sida est devenu une incontournable présence dans l’univers des adolescents et jeunes adultes, présence parfois réelle, le plus souvent psychique. C’est un phénomène social dans son acception quantitative et statistique. Qu’en est-il de son articulation avec la réalité psychique de l’individu ? une sortie semblerait qu’elle dépend de la structure psychique du jeune et qu’elle serait mêmee de révélateur de cette structure profonde. À travers l’analyse d’une situation clinique au sujet d’un jeune borderline, nous essayons d’illustrer le sens que peut prendre la rencontre avec le sida pour le jeune, sa place dans l’économie psychique de celui-ci, ses bénéfices. Lors de la réflexion théorique qui en suit, l’attention est portée sur la pertinence des concepts de pulsion de vie et pulsion de mort dans la clinique avec les borderline..
L’article présente un cas clinique dans lequel une » mauvaise rencontre » dans le réel : l’annonce de la séropositivité, a directement fait régresser le sujet de façon temporelle à ce moment de son adolescence où un mouvement de remaniement psychique avait été stoppé. Il discute la régression vers l’infantile qui s’est faite jour, entraînant la renégociation dans l’après-coup du conflit œdipien qui s’était brusquement figé à la mort du père quand ce sujet avait quinze ans. Il propose l’hypothèse que ceci a pu se rejouer dans un remaniement progrédient où sa propre confrontation à la mort à venir a enfin fourni au sujet l’opportunité qui était demeurée incertaine jusque-là de s’identifier au père à travers la mort, et de renouer une relation filiale, dans une réhabilitation de sa fonction. Quitter un père prégénital grandiose et hors identification, pour construire un père œdipien, idéalisable et structurant, semble avoir été la rançon possible de sa séropositivité.
À l’occasion d’une consultation pour une exploration respiratoire où je reçois Ali en tant que médecin, ce jeune homme de vingt-cinq ans va me raconter son mal être et sa peur du sida. Du fait de la mise en oeuvre du dispositif de » l’instant de dire « , de cette position éthique qui consiste à écouter Ali en référence à la méthode analytique, la mise à plat des signifiants m’a amenée à rapprocher sa peur du sida de celle de son frère Saïd, point nodal du réseau associatif de son discours. Au sein d’une médecine techno-scientifique de plus en plus déshumanisante, la psychopathologie clinique et la psychanalyse ont vocation à restaurer la fonction et la valeur éthiques de la maladie et du soin.
La crainte du sida complexifie la rencontre amoureuse et bouleverse les rapports des adolescents dans leurs premières approches de la sexualité. La folle envie de toucher l’autre, incarnée magnifiquement dans l’idéal amoureux, peut en être empêchée. L’auteur émet alors l’hypothèse que les adolescents en viendraient à répéter phylogénétiquement les différents stades de l’amour courtois.
Cet article expose de quelle façon le thème du sida est abordé et utilisé par les jeunes qui appellent Fil Santé Jeunes (numéro vert généraliste). Le sida y apparaît plus comme figure de déplacement qu’en tant que maladie réelle ; sont distingués les productions fantasmatiques ordinaires liées à la problématique pubertaire et les montages pathologiques de jeunes adultes. Même dans les appels ludiques, l’écoutant tient compte de la réalité de l’épidémie et est attentif à la dimension de prévention.
Bien que le » jeune homosexuel » ne constitue pas un risque spécifique au regard de la contamination du VIH, il peut être étudié comme figure privilégiée des enjeux psychiques qui guideront la prévention effective, notamment dans son rapport au père (œdipien). Extraite d’une recherche sur la dimension inconsciente de la prévention, l’analyse du discours de Gabriel permet de mettre en évidence un » angélisme » problématique, qui peut être considéré comme facteur de risque réel, et interroge en retour les politiques de prévention actuelles, ainsi que la position du psychologue face au » jeune « , sur le chapitre de la sexualité.
Cet article tente d’analyser les pathologies, les comportements, les hiatus culturels et les représentations psychiques des adolescents incarcérés. Cette réflexion s’est élaborée à partir de leur perception du sida. Les associations variées, générées par cette maladie, soulignent le lien entre conduites à risque et représentations sexuelles. Toute la problématique adolescente est ici caricaturale.
Le sida s’inscrit comme un retour de la mort dans la sexualité, après la fulgurance du tout jouissance des années de la » libération sexuelle « . Il vient marquer le passage à la sexualité génitale adolescent d’une tonalité différente qui n’est pas sans évoquer celle des adolescentes freudiennes, Dora en particulier. Ce retour de la mort dans le sexuel génital explique les nouveaux comportements sexuels des adolescents (fidélité, des bébés-couples, viols collectifs) mais teinte aussi toute cure d’adulte d’un rapport au couple et à l’amour différent, faisant du sida un réel objet du fantasme.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 87-91.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7