Après avoir dépouillé un dossier en provenance d’Afrique, l’auteur rassemble les caractéristiques des adolescents au Bénin, au Niger, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et au Zaïre ainsi qu’au Burkina Faso et chez quelques migrants africains en France. Si ces adolescents semblent dans l’ensemble partager les problèmes psychologiques de leurs contemporains français, la théorie, elle, reste très marquée par le modèle français mais trop souvent ne tient que peu compte des spécificités sociologiques des régions concernées.
À partir de l’étiologie traditionnelle de la maladie mentale en Afrique Noire, l’auteur interroge la notion » d’enfant ancêtre » dans l’interprétation des troubles mentaux chez les adolescents africains de la première génération en situation de migration. À partir d’une lecture ethnopsychanalytique de deux cas cliniques, l’auteur met en évidence la réintroduction de la fonction symbolique du père, fondée sur cette étiologie traditionnelle, au sein de deux familles exposées à l’acculturation. L’auteur démontre l’efficacité thérapeutique de cette méthode ethnopsychanalytique qui a permis à ces deux adolescents de se soustraire au déni de filiation attribué par cette logique culturelle pour ne pas être » sacrifiés » à leur statut » d’enfant ancêtre « .
Au XIXe siècle, la Bible proposa une image nouvelle du corps humain aux Merina, dont la royauté était la plus puissante et la plus évangélisée à Madagascar. Le christianisme était censé les inspirer pour leur intégration dans la » civilisation « . Certaines institutions ancestrales, jugées contraires aux nouvelles traditions, étaient alors abandonnées. Cependant, le » besoin de la chair « , néologisme par lequel les missionnaires désignaient la luxure, restait insensible à la christianisation des murs. Les Merina utilisèrent la sexualité comme un champ de résistance, face à la crainte d’une emprise totale de l’Occident sur leur identité. Que ce fût au sein de la famille royale ou chez le commun des gens, les acteurs étaient surtout les adolescents : leur comportement avait été approuvé par leurs parents.
L’épidémie du sida qui ne cesse de progresser en Afrique affecte de manière catastrophique, les enfants, les jeunes et les adultes. Les conséquences de cette situation sont sanitaires, économiques et démographiques. Les adolescents qui sont plus díun milliard dans le monde sont très concernés, en particulier en Afrique où ils sont faiblement scolarisés et dont beaucoup vivent dans la rue et/ou se prostituent. Des Comités de lutte contre le sida se sont mis en place chez des élèves et des enseignants, des actions d’information et d’éducation se déroulent jusque dans les villages ruraux. Des associations relaient líaction des pouvoirs publics. Des personnes atteintes, surtout jeunes, témoignent et font reculer le déni et líexclusion. Il faudrait cependant soutenir des programmes de prises en charge médicale et psychosociale, sinon le discours de la prévention va s’essouffler.
Un épisode de la vie de S. Freud, les fiançailles de sa fille Sophie avec Max, exemplifie la convocation des affects contre-transférentiels concernant l’identité et la perlaboration qui s’ensuit chez l’adulte quand les enfants acquièrent et affichent une possible sexualité génitale et éprouvent des sentiments amoureux.
L’étude des intermédiaires ou des déterminants physiologiques de l’émotionnalité à l’adolescence fait essentiellement appel à la psychologie du développement et à l’endocrinologie des comportements. Si l’on s’en tient à la biologie hormonale et aux hormones sexuelles en particulier, les deux niveaux d’effet les plus remarquables peuvent se résumer en une influence activatrice, contemporaine de la puberté, et une influence organisatrice bien antérieure, contemporaine de la période ante et périnatale. À chacun de ces deux niveaux díinfluence, il convient de faire la distinction entre les effets indirects et les effets directs, sachant que tous sont à líúuvre simultanément, dans des proportions évidemment variables et souvent très difficiles à préciser. Les données dont nous disposons à líheure actuelle invitent à relativiser líimage beaucoup trop simpliste díune » tempête hormonale » dont résulterait un » storm and stress » émotionnel spécifique à líadolescence. Ces données mettent en évidence d’importantes différences selon le sexe et soulignent également le rôle conjoint des multiples influences du milieu
Dans la lutte contre le VIH-sida, les stratégies de prévention constituent un enjeu déterminant. Peut-on pour autant se satisfaire de dispositifs qui ne seraient pas soumis à une évaluation critique ? Du point de vue de son impact et de ses conséquences, la prévention se doit de concilier l’efficacité avec le souci de respecter la personne dans ses droits comme dans ses valeurs. L’adolescent doit pouvoir bénéficier d’un accès à des connaissances qui favorisent l’autonomie de ses choix et contribuent à l’affirmation de ses responsabilités, sans pour autant accentuer ses fragilités.
Dans le cadre des pratiques préventives du réseau du CRIPS, l’auteur présente une recherche menée sur le langage qui sous-tend les actions de communication et de prévention du sida en direction des jeunes. L’objectif étant d’analyser, au sein de chaque acte de communication, les représentations qui recouvrent les mots pour s’assurer que les messages émis revoient bien aux réalités et valeurs qui organisent d’une part l’univers sociolinguistique des adultes et d’autre part celui des jeunes. La question qui se pose alors est celle de la possible transposition des modes d’expression l’un dans l’autre.
L’élaboration et la mise en place des programmes d’éducation à la santé auprès des jeunes doivent répondre à des critères précis. Ici est discutée la prévention en matière de VIH et de toxicomanie. Seule une information crédible et adaptée au public visé peut exercer une influence favorable ; elle doit s’adresser aux sujets vulnérables mais aussi à la communauté. La coopération internationale dans ce domaine est plus que jamais à l’ordre du jour.
Les » questions éthiques » que soulève le sida ne lui sont pas spécifiques. Mais il peut leur conférer un caractère exemplaire, comme en témoigne la situation clinique que nous rapportons ici. Celle-ci, en confrontant les médecins à un choix proprement impossible, et en mettant directement en jeu la fonction paternelle, nous permet de définir ce que nous proposons d’appeler, en opposition aux notions de déontologie ou de morale, la position éthique, et de souligner son lien essentiel avec la clinique, conçue comme art du cas à cas – comme lieu où relever la singularité du sujet.
Adolescence, 1999, T. 17 n°2, pp. 187-196.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7