Tenir l’adolescence et ses remaniements pubertaires pour une étape développementale moins sensible que d’autres aux désorganisations somatiques est un point de vue souvent avancé par les psychosomaticiens qui, en psychanalyse, est loin de faire l’unanimité.
Il repose sur le postulat économique d’une corrélation négative entre crises psychiques et crises somatiques qui sera mis à l’épreuve de la clinique à partir d’une recherche sur le fonctionnement allergique de jeunes adultes et de grands adolescents asthmatiques.
Il résulte de cette étude que les crises d’asthme à l’adolescence doivent non seulement être rapportées à l’ensemble de l’économie psychosomatique individuelle qui en détermine la nature et la fonction, mais aussi être envisagées selon une approche psychodynamique car elles sont susceptibles d’organiser le processus pubertaire plutôt que de le court-circuiter dans bien des situations cliniques.
Ainsi, peuvent être différenciées les crises allergiques “ régressivantes ” survenant par évitement d’une conflictualisation pubertaire représentable, les crises allergiques “ élaboratrices ” émergeant par surcharge fantasmatique avec un effet symboligène stimulateur et les crises allergiques “ rupturelles ” intervenant par décharge pulsionnelle à valeur de déliaison psychosomatique.
Ce travail contribue à soutenir que les critères d’âge d’entrée dans la maladie, de même que la décompensation inaugurale ou l’aggravation d’un asthme allergique à l’adolescence, ne préjugent pas du pronostic somatique et psychopathologique de l’âge adulte.