Dans cet article, nous visons à résister aux représentations de la jeunesse comme effet ou comme victime, en créant de nouveaux liens entre « jeunesse » et « adolescence ». En effet, ouvrir de nouvelles perspectives, de nouvelles potentialités suppose à la fois d’écouter l’adolescent dans sa singularité de sujet et d’analyser ce qu’il représente comme enjeu sociopolitique pour la société. Cet objectif suppose de nouveaux échanges, de nouvelles coopérations entre acteurs techniciens mais aussi avec l’ensemble de la société.
S’il convient de préciser en quoi la guerre modifie la vie psychique de jeunes sujets, dont de nombreux adolescents, il faut ensuite insister sur les difficiles réinsertions qu’ils connaissent, tant réputation peut leur être faite d’être devenus des « sorciers ».
Nous examinerons comment cette dernière catégorisation qui est en pleine expansion dans les deux Congo se cristallise et les effets qu’elle a de « débranchements » de ces sujets des logiques coutumières d’alliance et de filiation.
Sous cet intitulé, il s’agit de proposer une théorie générale du lien social. Elle devrait permettre de s’interroger sur la façon dont un sujet réussit à se loger dans un vivre ensemble, d’une part sans renoncer à sa singularité, d’autre part sans mettre le lien social en péril. C’est le moment logique de cette solution que nous qualifions de « moment adolescent », et à partir duquel nous tentons de proposer une problématique et d’extraire les conditions de possibilités.
Dans cet article, en prenant appui sur la clinique de l’acte, il s’agira de montrer en quoi la psychopathologie adolescente témoigne de l’état du lien social dans lequel grandissent les adolescents en souffrance. Les psychopathologies extrêmes seront ainsi envisagées comme la réussite du lien politique moderne, le libéralisme qui prône la réalisation de soi au travers de performances qui réalisent la jouissance sans limite et le refus de la maladie humaine : la castration.
L’auteur à la suite de Michel Foucault montre que l’art de gouverner suppose que la raison d’État s’impose toujours plus à la population dans la gestion des existences et des intimités. Pour ce faire, le Pouvoir installe des dispositifs sécuritaires en manipulant l’opinion et en instrumentalisant les sciences. Les « experts » deviennent les scribes de ces nouvelles servitudes des économies de marché qui normalisent en douceur et insidieusement les individus et les populations. La médecine, la psychiatrie et la psychologie sont, dans cet article, considérées comme des pratiques sociales et l’auteur montre que la recomposition de leurs savoirs et de leurs pratiques relève davantage d’un dispositif idéologique que scientifique.
Adolescence, 2009, T. 27, n°2, pp. 271-295.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7