En travaillant la question de la violence de l’adolescence, Marty a contribué à préciser la spécificité de l’adolescence par rapport au temps de l’infantile.
Rattachée au processus même de l’adolescence, “ l’illégitime violence ” de l’adolescence a tout d’abord été définie comme fruit de motions incestueuses et parricides insuffisamment élaborées par l’adolescens. Appréhendée ensuite comme inaugurale d’un “ traumatisme pubertaire ” constituant le second temps d’un “ traumatisme généralisé ” inhérent au développement humain, les étapes spécifiques de son élaboration ont pu être dégagées. La qualité des assises narcissiques est apparue déterminante quant à la réalisation des “ transactions narcissiques ” permettant à l’œuvre adolescente de se parachever en une “ névrotisation réussie ” du traumatisme pubertaire.
Le processus d’adolescence étant spécifique, le travail thérapeutique l’est également : pour Marty, le thérapeute a avantage à se situer dans un rôle de “ passeur ” et à mettre en place, chaque fois que cela est possible et souhaitable, un cadre “ élargi ” et “ souple ” permettant d’inclure la dimension familiale dans le travail à mener auprès des adolescents.
L’exploitation commerciale du sport de haut-niveau alliée à sa fonction idéologique, semblent aujourd’hui induire une sorte de cécité angélique collective. Pourtant les dérives issues du culte de la performance organisé et de la logique de productivité rationnelle, touchent désormais une population de plus en plus jeune. Dans certaines disciplines, les troubles anorexiques chez les adolescentes compétitrices représentent la norme. Cet article entend ainsi contribuer à l’identification des facteurs de vulnérabilité à la fois individuels (facteurs dispositionnels) et contextuels (facteurs situationnels) qui président à l’inscription des conduites mortifères chez l’adolescente gymnaste. Du fait du primat de l’idéologie virile dans le milieu sportif, le refus du féminin constitue un paradigme crucial dans la dynamique des remaniements pulsionnels qui touchent l’adolescente et son entourage.
À la manière de l’image d’un rêve, le tatouage est avant tout l’expression graphique de la production psychique du sujet. Le tatouage volontaire devient un acte de langage à mi-chemin entre une écriture qui s’approche du hiéroglyphe, avec ses symbolismes, et le discours parlé. Représentation substitutive, l’image inscrite sur la peau acquiert une valeur d’ersatz du monde interne du sujet, pas nécessairement métaphorisé. L’excitation pulsionnelle est à la recherche de représentations. Quand ces dernières sont défaillantes, l’inscription d’une image sur la peau peut avoir statut de fonction substitutive. À mi-chemin entre la représentation psychique et l’objet externe, dans un entre-deux pas totalement au-dehors mais pas non plus au-dedans. Pour Nicolas, son tatouage, comme le bouclier de Persée, reflétait le regard d’un autre qui pourrait lui rappeler la différence des sexes, se sentant ainsi protégé de sa crainte de rester pétrifié par sa propre angoisse de castration projetée. C’était une fonction métapsychologique pour border le vide représentationnel vers lequel il craignait d’être aspiré et pour protéger son moi corporel d’y tomber par la même occasion, reforçant son système de refoulement vacillant.
Thierry A., douze ans, est amené à consulter pour un symptôme d’encoprésie primaire. Le travail se fait sous forme de récits grapho-narratifs au cours desquels ses fantasmes archaïques font irruption. Les pulsions sadiques-orales et sadiques-anales s’expriment massivement dans une tentative d’anéantissement de l’objet. Le pôle maniaque apparaît très présent conjointement au pôle dépressif qui va s’exprimer de plus en plus ouvertement, jusqu’à une reconnaissance directe de la solitude et de la tristesse. Suivront les temps de la réparation, de la re-naissance et de la conquête qui amèneront Thierry à une plus grande unicité du Moi et à une meilleure intégration pulsionnelle.
Je propose l’hypothèse d’une instance, le corps, qui se situerait entre le somatique et la psyché. Il serait un lieu de représentation tout autant qu’un concept limite, à la manière de la pulsion dont il fait le lit. Je le pense, avant tout, comme un instrument générateur de figurabilité. Grâce à son articulation avec le préconscient, il apporterait une potentialité transformatrice de l’excitation somatique. Cette potentialité, créée à l’intérieur de la relation narcissique avec l’objet primaire, subit des remaniements considérables avec l’avènement du pubertaire.
À la “ libération sexuelle ” des années soixante succèdent, de nos jours, des phénomènes sociaux équivoques : propagande pour l’homosexualité, traque de la pédophilie, hantise du harcèlement sexuel. En fait, à la libération s’est parfois substitué un militantisme ignorant du véritable sens de la “ théorie sexuelle ” de Freud, et en particulier d’une idée émise par lui dès 1895, à savoir que certains symptômes névrotiques résultent de l’“ isolation ” et de l’“ exagération ” des éléments constitutifs de l’acte sexuel “ normal ”.
L’exhibitionnisme pornographique collectif a pris aujourd’hui la place de l’exhibitionnisme individuel des temps passés, et il nous lance un nouveau type de défi. On assiste en effet à une invasion d’images inspirées des films X qui touche de plus en plus les enfants et les adolescents : alors que leur passage à la sexualité adulte suppose une élaboration imaginaire où la pudeur tient une place capitale, ces exhibitions risquent de court-circuiter les trajets du désir. L’auteur montre que cette confrontation est devenue en quelques années une nouvelle épreuve initiatique pour les jeunes, la principale en matière de sexualité. Il souligne les difficultés que cela entraîne et dégage de sa connaissance de l’exhibitionnisme quelques pistes pour accompagner les plus démunis. Plutôt que de se réfugier dans la voie du tout répressif, qui ne ferait qu’intensifier le phénomène, il invite à mesurer notre responsabilité collective et à reconsidérer notre conception de la sexualité à l’aune de la créativité humaine.
La prostitution court-circuite le processus psychique de subjectivation, dans un agir défiant et déniant tout à la fois, pour mieux s’y confronter, le fantasme incestueux et son interdit, mal défendu par ses imagos parentales ambivalentes et incertaines.
Les récits de conduites de prostitution font état de besoin d’agir fébrile, d’actes sexuels répétitifs, compulsifs Se prostituer pour fuir un état psychique pénible, préférer la voie de la décharge à travers un acte magique plutôt que d’être débordé affectivement ?
En travesti sur les trottoirs ou exhibé sur la scène des cabarets être admiré, omnipotent, pouvoir tout se procurer ?
La pratique sexuelle de la prostitution tente-t-elle de réparer un sentiment d’identité mal assuré ? Sur des assises narcissiques précaires la prostitution intervient-elle comme tentative d’auto-guérison ?
Cet article se veut être une réflexion clinique sur l’acte de prostitution et les enjeux psychiques qu’il met en scène. Un retour sur l’histoire des hypothèses de recherche et des moments forts permet de souligner combien le repérage de l’anamnèse et des traumatismes est insuffisant pour comprendre le destin prostitutionnel. L’écoute de la clinique m’a amenée à prendre en compte la force des mots ayant valeur d’injonction comme le “ Tu n’es qu’une prostituée ” ou le “ Je suis une prostituée ” fabriqué par le sujet lui-même. C’est dans ce contexte de sensibilité aux mots que la fonction du “ quatrième personnage ” s’est déployée, comme figure d’un Autre social féminin à qui s’adresserait l’acte de prostitution et de ce qui s’y joue pour le sujet. En effet, et telle est notre hypothèse de recherche, l’érotologie de certaines passes participerait d’une construction de soi à travers des éprouvés auto-érotiques autour des orifices du corps et de ce que la psychanalyse appelle l’objet petit a. Comme l’indique ce que nous avons décrit de “ la passe symbolique ”, l’amour n’est pas absent d’un tel processus de subjectivation.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7