Cet article s’intéresse aux ratés qui peuvent se produire dans la prise en charge pluridisciplinaire du sujet. Pour se préserver des affects difficilement tolérables qu’il les amène à éprouver, les professionnels chargés de l’accompagner ont tendance à le réorienter. Cette action, voulue comme thérapeutique, amplifie le sentiment d’abandon du sujet et, ce faisant, la violence de ses attitudes. Un exemple clinique en témoigne.
Les auteurs abordent les enjeux de la mise en acte délictueuse à l’adolescence sous l’angle d’une théorie scénique. Ils proposent quelques pistes de compréhension pour appréhender le travail de réactualisation de ces adolescents, d’anciennes scènes restées en attente de symbolisation. Le passage par la scène reste au service de la figurabilité. Il tente de dégager le Moi de l’adolescent de l’ambiguïté en traitant les restes de vécus traumatiques dans l’après-coup.
En partant de la définition des incasables dans la littérature spécialisée, l’auteur centre son attention sur les ressorts pulsionnels des comportements violents et asociaux de ces jeunes vivant à la marge du système médico-social. Il croise réflexion métapsychologique sur le traumatisme et cas clinique illustrant de façon singulière les écueils d’un parcours de vie semé d’embûches. Espoirs et limites d’un travail psychothérapique mené en ambulatoire.
Lutter contre le mal radical ne suppose pas seulement d’incarcérer les djihadistes – bien que cette réponse soit nécessaire –, ni une réponse sociale – tout aussi nécessaire – comme sortir les jeunes des quartiers de leur misère. Plus encore, pour lutter contre le mal radical, il faut être attentif à la maladie d’idéalité et la déliaison des adolescents et répondre à leur besoin de croire pour que la séduction des religions ne soit plus un danger pour l’humanisme.
En abordant les nouvelles formes de destructivité chez les adolescents dits « incasables », les auteurs soutiennent un abord pluridisciplinaire des soins. Selon eux, il est crucial de tenir compte non seulement de leurs symptômes, mais aussi de leurs parcours, de leurs carences et de leurs entraves, sans oublier leurs désirs et leurs fantasmes. Ainsi pourront-ils conserver une trace des capacités de contenance et d’élaboration des adultes qu’ils auront rencontrés dans leur parcours de soin.
Adolescence, 2021, 39, 2, 251-255.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7