Qu’est-ce qui dans les bandes dessinées « Titeuf » et le film des dessins animés « South Park » fait tant rire les adultes ?
Enfants en périodes de latence et préadolescents en sont les héros et convoquent chez l’adulte, à travers la « grivoiserie », l’évolution de la sexualité infantile et les questions de la différence des sexes.
La tendance à croire aux images est fondamentale à la vie psychique. Pourtant, les images – notamment violentes – peuvent proposer des modèles, mais elles sont incapables à elles seules d’imposer le désir d’y correspondre. Elles sont le plus souvent recherchées pour leur pouvoir de figurabilité, autant dans le domaine des états du corps et fantasmes archaïques que des émotions de la vie quotidienne parfois difficiles à se représenter.
Les adolescents utilisent spontanément trois moyens complémentaires pour gérer le malaise provoqué chez eux par les images violentes : le langage, les représentations intérieures et les représentations corporelles. Ces trois moyens sont la clé de l’éducation aux images.
L’adolescence est passage, transition, mutation : elle ne se fonde plus dans les virtualités propres à l’enfance, ni selon l’accomplissement propre à l’âge adulte ; elle correspond au temps des potentialités et s’établit dans la catégorie du potentiel : l’adolescence est « en puissance », aux deux sens de l’expression. L’horizon de son questionnement n’est plus l’énigme (valant dans l’enfance), pas encore l’inconnu (pour l’âge adulte), mais fondamentalement le mystère, qui en appelle à une dynamique initiatique questionnant une possible révélation (dévoilement et apocalypse). Le mécanisme psychique régissant la relation au symbolique n’est plus le désaveu (organisant la relation de l’enfance à la différence des sexes et à la finitude) mais la dénégation (correspondant à l’advenue d’un processus secondaire).
Peter Blos a soutenu l’idée d’un second processus de séparation-individuation à l’adolescence, conçu comme une relance obligée de la différenciation psychique mise à mal par les bouleversements pubertaires. La fécondité de cette hypothèse théorique mérite cependant d’être interrogée au regard des exigences de la métapsychologie freudienne. Il importe pareillement de prendre en compte le rôle dévolu à l’objet lui-même, objet dont les réponses ne sont pas sans incidence sur le déroulement de ce processus indéfini d’appropriation subjective. Peut-on enfin vérifier l’intérêt de cette hypothèse dans la compréhension de certaines manifestations psychopathologiques à l’adolescence imposant des aménagements spécifiques de la relation thérapeutique ?
L’investissement de la dimension temporelle par les adolescents en thérapie interroge notre modèle de l’adolescence et de sa durée comme s’il revenait en partie au psychologue ou au thérapeute de répondre à ces questions. À l’extrême, certains adolescents viendraient en thérapie pour faire « leur crise d’adolescence » ; l’immaturité psychique se soignerait-elle et dans quel cadre ? Ces questions sont sans doute liées à la culture psychologique à la source des modèles actuels de l’adolescence.
Lorsque l’encadrement familial ou scolaire délimite l’espace-temps de l’adolescence selon les modèles hérités du début du siècle, le thérapeute travaillera avec ces repères s’attachant à en interpréter la valeur psychique. Mais lorsque cet encadrement devient incertain ou inexistant le cadre clinique peut devenir le seul modèle du temps de passage de l’enfance à l’âge adulte ; pour éviter l’écueil de thérapies interminables ou à valeur pédagogique, le thérapeute sera confronté à la tâche difficile d’inviter l’adolescent, à peine sorti de l’enfance, à intérioriser les limites du cadre et les élaborer en limites intérieures entre l’enfant et l’adulte. L’affaiblissement des modèles culturels se traduirait par un alourdissement du travail psychique à l’adolescence.
Les patientes souffrant d’anorexie mentale entretiennent souvent un lien particulier à l’apprentissage, aux connaissances et au savoir. Il est ainsi fréquent de constater que le milieu scolaire ou universitaire devient un lieu d’expression, de mise en scène et de répétition des symptômes anorexiques. Nous repérerons les impasses et les tentatives de prises en charges spécifiques, dans ces pathologies où aliénation alimentaire et aliénation scolaire se jouent en parallèle.
Cet article est une réflexion sur la prise en charge des adolescents en institution mais essentiellement sur la place des adultes qui y sont impliqués. C’est ma pratique de thérapeute en institution avec des adolescents qui a servi d’ancrage mais surtout ce sont les difficultés que nous avons rencontrées avec l’un des adolescents qui ont déterminé cette amorce de travail. En effet, cet adolescent, par sa problématique, a pointé les failles institutionnelles qui n’ont pas manqué de renvoyer aux difficultés rencontrées par les travailleurs sociaux dans leur pratique et à leur propre positionnement au sein de l’institution. Que font-ils en institution et quelle place occupent-ils auprès de ces jeunes ? À peine soulevée, cette question n’a pas manqué de créer des inquiétudes voire même quelque agressivité. En effet, bien souvent il s’agit de « redresser » et de « corriger » les comportements déviants après une demande massive au corps médico-psychologique d’« abraser » les symptômes car « ce n’est pas vous qui avez à faire à eux toute la journée ». Cette réponse qui se doit d’être rapide et massive est également une position prise par le politique dans le champ de la santé mentale et c’est ce par quoi nous avons amorcé notre propos.
Le transitivisme est à la fois le mode de confusion entre lui et l’autre que traverse l’enfant de trois, quatre ans et la phase de transition qui marque cette étape de maturation psychique. Les difficultés exprimées par des adolescents sportifs (pongistes) témoignent de la résurgence du phénomène de transitivisme à l’adolescence.
L’auteur montre comment ce trouble est significatif des élaborations psychiques du « pubertaire » aux prises avec l’image spéculaire. L’idéal du moi qui règle l’identification à l’autre est l’instance qui permet le passage du duel avec soi-même à la compétition avec l’autre.
Lesexpériences traumatiques de l’enfance peuvent avoir pour conséquence la mise en place par la psyché de stratégies défensives primitives pour faire face à la dangerosité des liens.
Nous verrons à travers l’histoire de Diane comment une dynamique paradoxale peut s’installer à l’adolescence entre la recherche de liens érotiques et l’attaque contre ces liens, dans le but d’éliminer tout besoin des autres.
La clinique des « liaisons dangereuses » consiste en une recherche par les adolescents, de partenaires dont la particularité serait d’entretenir et de répéter les carences et traumatismes liés à l’environnement primaire. Paradoxalement, ces liaisons ont pour fonction défensive de protéger les adolescents contre de véritables liens amoureux pressentis comme beaucoup plus dangereux en raison de la menace de dépendance qu’ils sous-tendent.
Deux modes de théorisation se partagent les faveurs des cliniciens : celui qui s’appuie sur la théorie de l’attachement et celui qui prend la sexualité infantile comme emblème de sa construction. Ils paraissent l’un et l’autre offrir des bénéfices cliniques incontestables et semblent s’opposer. Il suffit peut-être d’attendre que l’élaboration du « narcissisme des petites différences » ait fait son œuvre pour qu’une troisième forme de théorisation subsume, sous un troisième énoncé, ceux qui paraissaient contradictoires ou antagonistes. Il s’agit de désigner les modalités particulières d’intériorisation de l’expérience subjective de la relation à soi-même et à l’autre, à l’autre en tant qu’il est même et différent ; et la pousser plus avant. Peut-on penser que la manière dont sera intériorisée l’expérience subjective est totalement indépendante de celle-ci ?
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7