Taking off from a reading of D. Hirsch on « Constructions and interpretations in adolescence : from the future anterior to the re-composed past », the author will develop the idea of a form of construction particular to analytical work with adolescents, which confronts splittings of the systems of functioning and the contents carried by these.
The article traces the participation of five teenagers in an ambulatory therapeutic program over the course of eighteen months. This treatment program combines several therapeutic groups which open up spaces for narration, beginning with an initial experience of cultural mediation. Accompanying and prolonging the production of a Contemporary Opera Music, the organization of narratives increases the potential for the process of symbolization.
À partir d’une lecture de D. Hirsch sur « Constructions et interprétations à l’adolescence : du futur antérieur au passé re-composé » l’auteur développe l’idée d’une forme de construction particulière au travail analytique avec les adolescents, qui fait face aux clivages fonctionnels des régimes de fonctionnement tout autant qu’aux contenus qu’ils véhiculent.
Les transferts à l’adolescence ne sont pas que régressifs et infantiles, mais aussi progrédients et pubertaires. L’économie traumatique pubertaire requiert un temps de construction d’un espace intermédiaire à partir d’une narrativité partagée transformant les éprouvés pubertaires non figurables en scénarios partageables. Les récits de l’adolescent sont repris telles des créations à ne pas interpréter en soi, du moins dans un premier temps. Les constructions de l’analyste sur cet objet narratif intermédiaire laissent ouverte la possibilité d’une reprise interprétative, trouvée-crée par l’adolescent, sans avoir à statuer sur son origine, dans un jeu de maîtrise active pour celui-ci. Ce temps est nécessaire pour assurer une identité narrative subjectivante. Le risque d’un clivage des transferts narcissiques et objectaux, et d’un évitement du travail interprétatif « classique » est souligné. Le travail de construction implique chez l’analyste un travail contre-transférentiel sur l’adolescent dans l’analyste et sur ses « théories sexuelles adolescentes ».
L’article retrace la participation de cinq adolescents à une trajectoire thérapeutique ambulatoire pendant dix-huit mois. Ce parcours de soin associe plusieurs groupes thérapeutiques qui ouvrent des espaces de narration à partir d’une médiation culturelle initiale. Accompagnant et prolongeant la production d’un Opéra de Musiques Actuelles, l’organisation de mises en récit potentialise les processus de symbolisation.
Dans cet article, l’auteur appréhende la violence à l’adolescence comme l’expression d’un mal-être spécifique à cet âge, où le sujet se trouve en prise à des sentiments de persécution. Il distingue ainsi « la paranoïa ordinaire de l’adolescent » – paranoïa qui signe l’entrée « normale » dans l’Œdipe pubertaire – de la paranoïa proprement dite, pathologie qui s’installe à l’âge adulte. Il rappelle enfin le rôle de l’environnement dans sa capacité à supposer les attaques destructrices de l’adolescent.
À partir du postulat d’une révolution sexuelle post-soixante-huitarde ayant entraîné ce que M. Tort appelle la « fin du dogme paternel », nous proposons d’envisager les banlieues comme des îlots de résistance s’érigeant contre la fin de l’inégalité érotique à l’avantage du masculin. Au-delà de la féminité sous contrôle comme valeur partagée, c’est la sacralisation de la virginité féminine en tant que garante de l’honneur familial qui continue de se perpétuer au cœur des cités, tandis qu’en parallèle la postmodernité ambiante s’engage vers l’indifférence des sexes. Ce choc entre deux univers symboliques vient ainsi redoubler les conflits inhérents aux effets d’après-coup du processus d’adolescens. Nous considérons que le refus du féminin chez l’adolescente et la haine du féminin chez l’adolescent, résultent d’une même traduction de messages énigmatiques de l’autre adulte, intégrant la sexualité féminine comme potentiellement déshonorante et toujours non honorable, et d’autre part d’un environnement humain « insuffisamment bon » à transmettre des voies d’accès à la symbolisation.
Le statut de la parole, à l’orée de l’adolescence, traduit le mouvement identitaire contradictoire à partir duquel se construit le Je. L’identité idem et l’identité ipse constituent les deux pôles à partir desquels s’énonce la certitude d’une définition subjectale. Un Je que l’adolescent interroge en bousculant les règles du langage, mais aussi en se choisissant des procédures particulières auxquelles les nouveaux modes de communication lui permettent de donner forme.
À partir d’une séquence clinique, l’auteur parcourt les conditions de ce travail identitaire à l’adolescence. Il est, par essence, autoconstruction. L’auteur insiste finalement sur l’importance d’un « aller sans but » psychique dont la thérapie analytique apparaît comme la matrice naturelle.
Le langage des adolescents est symptôme, à la fois nécessité interne d’une élaboration psychique et inscription culturelle et sociale de pratiques symboliques. Les pratiques linguistiques ne peuvent se réduire à des ruptures de codes, mais constituent une langue de transit qui dit autant le besoin urgent de communiquer que le besoin – encore plus impérieux – de ne pas être trouvé, pour faire face aux bouleversements physiques, psychiques et sociaux qui les animent. Le parler adolescent devient alors un lieu où le désir du sujet peut parvenir à se dire, hors la langue maternelle et le langage peut être conçu comme une représentation métonymique de l’identité en gestation.
Les auteurs considèrent le langage comme étant le lieu où les sujets tissent et retissent leur identité. Ils examinent ce que la post-modernité actuelle est en train de changer dans nos façons de parler. Ils font l’hypothèse qu’une novlangue est en cours de constitution, susceptible d’influencer grandement les conditions de la subjectivation et de la socialisation, au moment-clé de l’adolescence.
Adolescence, 2009, T. 27, n°4, pp. 941-957.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7