La blancheur est une forme de démission de soi, une volonté de s’effacer d’une existence qui n’est plus là que par une sorte de pesanteur. L’indifférence à soi suscite l’exposition à un danger qui n’est plus perçu comme tel car le jeune ne s’habite plus tout à fait. Forme inconsciente d’une volonté, moins de mourir que de ne plus être là. Elle témoigne de l’impossibilité d’être un individu et de s’investir comme sujet de son existence. Les techniques de blancheur sont des tentatives de se débarrasser de soi pour ne plus supporter les pressions d’une identité intolérable.
L’objectif de cet article est de tenter de faire lien entre la relative banalité du fantasme d’emprise qu’illustre le mythe de Pygmalion et la folie du prédateur pédophile captivé par des traits minimes qu’il esquisse au passage de certaines pré-adolescentes. Il va se donner un droit parfois illimité sur cet objet qui incarne son fantasme mais celle sur qui tombe son choix n’a pas d’autre réalité pour lui que l’apparence qu’il lui donne. Elle devient un fétiche vivant qu’il va modeler à sa manière et dont la fonction principale est de lui permettre de continuer à ignorer sa haine des femmes et sa rivalité indépassable avec la mère qui, elle, peut mettre au monde des enfants.
Ce texte réunit plusieurs perspectives hétérogènes : la question esthétique du lien entre le créateur et son œuvre, la question psychosociologique et historique interrogeant la norme générationnelle dans la relation amoureuse, et surtout la question psychopathologique, éthique et juridique
Adolescence, 2008, T. 26, n°4, pp. 817-840.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7