Interroger l’amour, c’est affronter les blessures qu’il cause, c’est prendre en compte la cruauté qu’il abrite en même temps que la tendresse et la sensualité. Son éventuelle conséquence, la jouissance, sera ici examinée du point de vue de la réalité psychique, et de l’expression que cette réalité parvient à lui conférer dans la religion chrétienne.
La consultation transculturelle avec des adolescents migrants venus seuls en France et porteurs d’un vécu traumatique exprime la mobilisation de référentiels religieux qui permet de mieux penser l’articulation entre adolescence, trauma et religion. La référence à la religion par le patient s’élabore à travers trois espaces, l’espace symbolique de la parole du père, l’espace du discours social qui historicise le sujet et l’affilie à sa culture, l’espace du mythe et des questions universelles qui lient l’individu au collectif. Un regard clinique sur la dynamique de la consultation avec deux jeunes patients musulmans d’Afrique noire permet de considérer la mobilisation du sentiment religieux comme un outil thérapeutique.
En partant de deux cas cliniques montrant d’impossibles désidéalisations en fin d’adolescence, l’article interroge la spécificité des idéalisations religieuses. Il montre la parenté intrinsèque entre l’idéal, le besoin d’absolu et la foi en une figure divine. L’examen ensuite de trois cheminements d’adolescents aide à dégager l’idée d’une ambiguïté intrinsèque à l’idéal religieux.
Au fil des textes freudiens, sont dégagées les notions d’idéalisation, de formation d’idéal et d’idéal du Moi. La distinction post-freudienne entre idéal du Moi et Moi idéal est explicitée. Le parcours se conclut par la distinction entre idéalisation et sublimation.
Le jeu vidéo de type RPG ou MMORPG est pour l’adolescent l’occasion de redynamiser ses processus de croyance, bloqués par des conflits archaïques réactivés à la puberté. Il semble permettre de pallier l’affect dépressif propre au pubertaire par un investissement maniaque de l’univers virtuel qui aide l’adolescent, en s’inventant un soi grandiose, à travailler à la reconstruction d’un soi endeuillé par la perte de l’enfance.
L’approche adolescente du religieux prend une figure inédite en notre époque de désenchantement du monde, où la religiosité se déploie tous azimuts, loin des dogmes et des églises. Les voies adolescentes d’approche de l’idéal sont alors diverses. Elles côtoient une étrange solitude, en relation avec l’hétérogénéité contemporaine de l’objet religieux, mais basculent aussi dans des postures plus rigides, voire fondamentalistes. Elles sont le plus souvent complexes, clivées, condamnées à une créativité autarcique. Cet article donne quelques illustrations de la paradoxalité adolescente dans l’univers contemporain, où rigidité et fluidité tentent, tour à tour, d’aborder l’objet religieux devenu insaisissable et diffus.
Dans ce numéro « Idéal & idole », les auteurs ont été amenés à décliner les différentes variations qui éclairent la dynamique des rapports entre idole, idéal et idéal religieux. Sont abordés les relations entre incarnation et désidéalisation, la puissance transformatrice de l’idéal et le « moment religieux » du Moi. En focalisant sur sa figure historique le mythe d’une enfance idéale et éternelle, Michael Jackson nous contraint à repenser la fonction postmoderne de l’idole à l’adolescence.
Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 791-800.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7