L’état amoureux qui survient dans le cours de certains traitements analytiques à l’adolescence, notamment lorsque s’éprouvent des troubles graves du comportement alimentaire est un événement psychique qui témoigne d’un remaniement libidinal, narcissique et objectal. Il est l’indice d’un dégagement d’une position mélancolique sous -jacente dont il importe d’apprécier les enjeux psychiques et les implications transférentielles. Effet d’un certain travail de deuil de l’objet originaire, il est porteur de l’espoir qu’un nouvel objet puisse trouver sa place au sein du moi.
Archives de catégorie : Expériences d’ amour – 1998 T. 16 n°2
Claude Savinaud : Passion du symbolique.
A partir du constat clinique que certaines pathologies narcissiques d’adolescence achoppent sur la réalisation d’un investissement libidinal du fait de l’amour-haine portée sur la figure paternelle grandiose et obscène, l’auteur développe l’idée d’un type d’investissement passionnel de la dimension symbolique dépassant le représentant imagoïque déchu au profit d’une parole identifiante, créatrice, qui vise un au-delà de l’objet. Cet investissement revêt les caractéristiques d’un » état amoureux » avec le désaisissement du sujet et l’idéalisation de l’autre au-delà de toute satisfaction.
Philippe Gutton : (Sans titre)
L’article propose de distinguer dans l’expérience amoureuse à l’adolescence trois modèles. Le premier, le plus classique, met en avant la problématique narcissico-pulsionnelle avec la capacité régressive dans la relation avec l’objet. Le second, sensible à la mise en scène condensée dans la séquence d’amour des histoires adolescentes, donc retrouvées différemment. Le troisième développe l’idée que l’amour adolescent s’épanouit par rapport à un tiers fictif toujours parental. Chaque expérience construit une tiercité nouvelle dont la mission est d’auto-interpréter les adolescences en cours.
Simone Daymas : Premier amour
L’adolescent pris dans les rêts du premier amour subit une brutale effraction narcissique mais il se leurre moins que l’adulte sur la réalité désirante de l’objet. Il sait que son désir se nourrit de lui-même. Il se désenchantera et fera le deuil de ce premier amour.
Tout adulte garde de ce premier amour une certaine nostalgie qui fera référence dans les vicissitudes d’un destin d’homme ou de femme.
Christian David : Aimer, c’est croître.
Au moment de l’adolescence, le roman familial laisse la place à une » autofiction anticipatrice « . Cette nouvelle organisation romanesque joue le rôle d’organisateur auxiliaire aux transformations adolescentes et permet au sujet de se dégager de l’emprise des imagos parentales et des rigidités surmoïques associées.
La naissance de l’état amoureux peut devoir beaucoup à la soudaine coalescence qui s’opère alors entre autofiction anticipatrice et actualisation » exquise » de la rencontre affective.
François Villa : Analyse de la naissance d’un sentiment amoureux. Fragment clinique.
Un fragment clinique éclaire les rapports entre l’état de détresse originelle et l’état amoureux. Dans cette séquence survient une érotisation du transfert au moment où le patient éprouve une anticipation de potentialités corporelles inconnues pour lui. Il les ressent à portée de mains mais encore inaccessibles. Il en émerge un immense sentiment de solitude, de détresse dans le temps même où la présence du thérapeute acquiert une intensité et un relief libidinal qui en fait le centre de l’attention du patient.
Roland Lazarovici : L’amour de l’objet perdu : Notes sur l’érotomanie.
L’adolescence est un temps propice à la multiplicité des choix amoureux. A partir de deux fragments cliniques, c’est au contraire la fixité du choix d’objet dans ces histoires qui a attiré notre attention. Une discussion est initiée sur la notion d’érotomanie à cet âge et sur la qualité particulière des mouvements affectifs liés au « premier objet » perdu.
Alain Braconnier : Les larmes d’Eros.
L’état amoureux par ce qu’il suscite chez le sujet, active et réactive Eros, ses figures heureuses et ses larmes. L’auteur propose deux cheminements cliniques que le thème des amours d’adolescence lui inspire : celui d’une véritable névrose d’amour et celui d’une addiction amoureuse. Deux exemples cliniques illustrent cette réflexion.