In this article, we offer a reading after-the-fact of interviews with Lebanese adolescents born at the end of the so-called civil war (1975-1990), experiencing their intersubjective and social relations in situations of fragility and precariousness in Karm Al Zaïtoun (a neighborhood in east Beyrouth). Three spaces of circulation influence the formation of identity processes in these Lebanese adolescents : the “ tradition ”space, the “ day-to-day survival ” space, and the “ imported models for identification ” space. Here we will speak more specifically of the relation that the Lebanese adolescent maintains with the “ tradition-” space and the “ day-to-day survival ”space. The latter is marked by identification with heroic figures, territorial domination and the rituals of daily practices. This daily space functions as a space for survival, in which adolescents have a deep investment. The space of tradition provides the adolescent with protection and a form of continuity of self, but it remains threatening and aleatory, insofar as it is marked by a break with the past tied to the war. The absence of confrontation of space with generational time does not facilitate reference to a shared, legitimized past, that could guarantee continuity of self.
Archives de catégorie : Droit de cité – 2007 T. 25 n°1
Bernard Golse : en matière de santé mentale à l’inserm : les expertises nouvelles sont arrivées
Les expertises en matière de santé mentale effectuées à l’INSERM ont donné lieu à bien des débats et posé de graves problèmes. L’auteur plaide pour que le modèle (pédo)psychiatrique conserve une place originale et présente les nouvelles ouvertures proposées en ce sens pour l’élaboration des futures expertises collectives de l’INSERM.
Gérard Bonnet : les idéaux à l’adolescence
On met souvent la crise adolescente telle qu’elle se manifeste aujourd’hui dans les banlieues sur le compte d’une « maladie d’idéalité ». L’auteur montre qu’il s’agit moins d’un manque, que d’un trop d’idéaux matériels qui empêchent l’adolescent d’adhérer à des valeurs universelles facilitant son insertion. Pour montrer comment une évolution est possible, il analyse le film des frères Dardenne, La promesse, où l’on peut suivre pas à pas cette évolution et en analyser les différentes composantes. Il situe cette évolution dans le processus de conversion au sens large et souligne le rôle majeur joué par la référence à l’imago maternelle.
Béatrice Mabilon-Bonfils : la république et la « question scolaire » : quelle légitimité pour une école en crise ?
La laïcité, corrélée au projet méritocratique, a été l’instrument d’une construction politique d’un Mit-sein aujourd’hui en crise. Cette laïcité comme principe de gouvernement raisonnable des hommes, n’a exclu ni les solutions violentogènes, ni les représentations naturalistes des trajectoires scolaires Or, l’École est aujourd’hui confrontée au « temps du pluriel », à une demande croissante de pluralité culturelle et cultuelle. Et cette École démocratique massifiée, sous son apparente neutralité sociale et politique que signe l’idéologie laïque, renverse le rapport au sentiment d’injustice sociale : plus l’École est en apparence ouverte au plus grand nombre, plus l’échec scolaire est perçu comme production singulière des individus, d’où ce sentiment récurrent de déshonneur individuel, voire même familial et social. Ce cas d’école est à saisir au travers du prisme du déni du Politique par l’institution scolaire. La question scolaire est aujourd’hui selon nous, nourrie d’inégalités sociales, sexuelles et ethniques face à l’Institution elle-même.
Claire Maurice : l’adolescence en banlieue : un nouveau « malaise » ?
De nombreux jeunes de banlieue traversent des difficultés multiples, d’ordre familial et social interrogeant l’émergence d’une nouvelle forme de malaise adolescent dans notre société contemporaine. Ces jeunes ne sont pas toujours accessibles à un travail thérapeutique. Ce qui pose des questions spécifiques sur la nécessité d’inventer des dispositifs de soins à mi-chemin entre le social et le thérapeutique, soit une manière de rencontrer ces jeunes à partir de l’espace-temps frontière qui les définit : la banlieue, cette zone intermédiaire où se télescopent revendication communautaire et déficit identitaire.
Jean-Pierre Klein : Adolescents et violence créatrice
Les discours et attitudes face à la violence adolescente réactionnelle à la transformation violente de son corps qui s’impose à lui, sont eux-mêmes souvent réactionnels dans la contre-violence (l’auteur énumère les cinq pièges habituels) alors que la violence désirante pourrait générer des œuvres de fiction qui traiteraient indirectement de leurs problématiques, mêlant le rapport à la loi du père et les retrouvailles avec le chant de la mère. L’adolescent se définit sémiotiquement comme « sujet négatif » qui décline les verbes vouloir, devoir, savoir et pouvoir au négatif. Comment « la création comme processus de transformation » peut-elle l’aider à se réinstaurer comme « sujet de quête » en recherche de son identité en construction ? L’expérience de la psychothérapie peut-elle irriguer d’autres pratiques, y compris celles qui n’ont pas l’air de s’en réclamer ? L’auteur, psychothérapeute et auteur dramatique, relate une expérience d’atelier d’écriture auprès d’adolescents exclus d’un collège pour leur comportement et leur discours violents.
Stefano Bolognini : le bar dans le désert, symétrie et asymétrie dans le traitement d’adolescents difficiles
L’auteur considère que les moments alternés spécifiques de la relation symétrique-asymétrique facilitent le travail analytique et permettent des interprétations avec un analysant qui d’habitude a peur de la dépendance, qui est hostile envers les représentants du surmoi, et qui a besoin d’une contenance non-déclarée et d’une contribution à la cohérence du soi, comme le patient adolescent.
Le récit clinique illustre cette manière spécifique de travailler, très différente de celle adoptée dans l’analyse des patients adultes.
Par exemple, l’analyste doit pouvoir renoncer provisoirement, parfois pendant longtemps, à des interprétations trop brillantes et trop fréquentes qui pourraient souligner la supériorité de l’adulte, difficilement tolérée par l’adolescent.
Anne-Caroline Fiévet : le français contemporain des cités dans les émissions des radios jeunes
Tous les soirs entre 21 heures et minuit, les jeunes téléphonent aux radios pour passer à l’antenne, discuter avec les animateurs et souvent leur demander des conseils. L’analyse linguistique d’un corpus de ces émissions de libre antenne met au jour que le français contemporain des cités et ses locuteurs sont perçus différemment suivant les radios. Tandis que Fun Radio stigmatise, NRJ cherche à faire « branché » sans attirer les jeunes issus des quartiers. Seule la radio Skyrock laisse les jeunes parler librement et participe ainsi à la diffusion de mots issus du français contemporain des cités vers l’argot commun des jeunes.
Jean-Pierre Goudailler : français contemporain des cités : langue en miroir, langue du refus
En français contemporain des cités (FCC) ou « langue des jeunes », « langue des cités », plusieurs types de formations linguistiques tendent à montrer que les variétés langagières relevées dans les cités françaises ont un mode de fonctionnement « en miroir » par rapport à ce que l’on constate généralement dans la langue française : il s’agit, entre autres, de la présence d’un nombre très important de mots en verlan (à l’envers) et de l’émergence de l’aphérèse au détriment de l’apocope. De tels comportements langagiers sont autant de manifestations du rejet opéré par les jeunes – et les moins jeunes – des cités et quartiers populaires de France envers la langue légitimée par l’école, la société française. C’est une de leurs manières de réagir à la violence sociale exercée sur eux.
Henri Cohen Solal : le jeune reçu-cité
La mise en place de lieux de vie pour les jeunes dans les quartiers défavorisés, porteurs d’une règle fondamentale de non-exclusion, soulève des questions épineuses autour du traitement social et culturel de leur vivre ensemble. Quels sont nos outils de gestion ? Comment utilisons-nous les énergies puisées dans nos désirs de bien faire ? Comment penser la formation d’un éducateur pour répondre à ce défi de l’accueil inconditionnel ? À Jérusalem, la création de maisons de jeunes avec leurs règles de vie, dans le cadre de l’association Beit Ham, nous présente une expérience singulière et quelquefois bouleversante où l’objet culturel sert souvent de trait d’union au dessus du gouffre entre les hommes.