Archives de catégorie : Créer ou déprimer – 2011 T.29 n°4

Nicolas Peraldi : mauvais fils. l’insertion sociale à l’épreuve de la subjectivation

Le récit clinique est un biais, une voie oblique qui n’a de fonction que celle de servir de repère. Aux travers ou, plus exactement, dans les travers d’une trajectoire d’un jeune homme pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, dans une mise en échec de toute dimension d’insertion sociale et professionnelle, j’essaierai de montrer comment un processus de subjectivation s’est élaboré afin de permettre à ce jeune de reconstruire son présent à l’aune de son passé, de symboliser et de s’approprier ce qui jusqu’alors n’avait été qu’éprouvé. Ce texte est écrit comme un triptyque. Les trois parties peuvent être lues indépendamment l’une de l’autre, et c’est pourtant dans la liaison entre elles que se développe la spécificité du propos que je souhaite soutenir à travers cet article. Chaque partie renvoie à une lecture, à un temps d’élaboration. Elle s’ouvre par une vignette clinique, comme un préambule à la réflexion qui suit. J’aurais pu lier les vignettes en une seule séquence et développer ensuite mon élaboration point par point. J’ai préféré cette (dés)articulation qui répond davantage, selon moi, à la théâtralisation du cas présenté.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 765-778.

Marion Haza : la « bestiole mystique ». passage en pubertaire et psychothérapie

La pulsionnalité pubertaire agit dans la thérapie, d’une façon brutale, crue, non symbolisée. L’acting out est généré par l’émergence de nouveaux ressentis pulsionnels non encore élaborés et intégrés au Moi. La capacité créatrice de l’adolescent, portée par le clinicien, permet de sublimer la violence pubertaire et de trouver une voie de dégagement autre que pulsionnelle et sexuelle. Ici, c’est la « Bestiole Mystique » qui viendra symboliser le passage pubertaire et ses investissements.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 747-763.

 

Jacques Dayan : dépressivité et dépression à l’adolescence

Une tendance à la psychiatrisation systématique des états mentaux conduit à considérer les périodes de tristesse et de découragement persistants de l’adolescent, voire les seuls états de morosité, comme des figures de la pathologie. Nous développons avec D. W. Winnicott, E. Gut, P. Fédida et Ph. Gutton, le point de vue dynamique selon lequel le mouvement dépressif, inhérent à la vie mentale, participe à la régulation de la vie psychique. Mis en jeu par la perte ou l’abandon, il favorise la redistribution des investissements, véritable « ré-affectation ». Le sujet adolescent déprimé nécessite d’être accompagné, non d’être d’emblée soigné. Bien que l’issue de la dépressivité adolescente soit le plus souvent favorable, nous en examinons certains destins dommageables, qualifiant la dépression de « non productive », de « dépression de mort » ou de dépression de déliaison. Deux figures pathologiques emblématiques, l’anorexie mentale de la jeune fille et les conduites toxicomaniaques, sont envisagées comme résistance à une dépressivité, pourtant élément clé d’un processus d’intégration. Elles illustrent, à l’instar du démantèlement de la pensée dans les dépressions psychotiques – désespérément exprimé dans des productions artistiques – le rôle essentiel que joue le corps comme constituant et moyen de la vie psychique.

Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 737-745.