Le traitement psychothérapique d’adolescents confrontés à une expérience psychotique fait apparaître un sentiment de honte caractéristique. La première hypothèse ici envisagée prend en compte l’existence de honte chez le psychotique en tant qu’éprouvé archaïque qui remet en question l’outillage conceptuel freudien – classique – de la honte structurale post-œdipienne. La deuxième hypothèse postule que dans le travail clinique, l’expression de la honte comme épreuve ontologique au regard de l’Autre constitue une tentative du sujet de s’éprouver comme tel. Notre réflexion insiste, à travers une évocation clinique, sur cette co-occurrence entre expérience psychotique et sentiment de honte.
Archives de catégorie : Corps et âme – 2005 T. 23 n°2
Patrick Chaltiel : familles et psychiatrie : comment réduire les malentendus
La rencontre entre Famille et Soignants, en psychiatrie, est souvent d’emblée négativement connotée de part et d’autre. Peur, de la part des soignants, du déferlement émotionnel d’ambivalence et des doubles liens, perturbant une démarche diagnostique et thérapeutique classiquement fondée sur la séparation. Peur, pour la famille, de la malveillance accusatrice et culpabilisante qui a longtemps servi à la maintenir à l’écart de la construction thérapeutique.
Pourtant, une approche intégrative : « Thérapie pluri-partenariale » où chaque acteur impliqué doit découvrir ses propres ressources et interroger les mécanismes de sa propre cohérence psychique, présente des bénéfices certains, tant au plan du pronostic social du patient que de la prévention de pathologies secondaires induites par la souffrance de l’entourage… Encore faut-il travailler à éradiquer les préjugés du passé qui ont la peau dure et persistent, de façon sous-jacente, à empoisonner les relations naturelles entre des protagonistes inévitables de tout soin cohérent à visée intégrative et déstigmatisante.
Stephan Wenger : d’une mise au « monde » du psychotique
Les manifestations psychotiques à l’adolescence peuvent présenter un aspect défensif face à la maladie psychotique, un breakdown (Laufer M. et M. E.). Fanny a présenté une activité délirante et hallucinatoire ; ses symptômes ont disparu après deux années de psychothérapie. La technique psychothérapique doit suivre un fil rouge : la conviction que le délirant et l’hallucinatoire appartiennent au monde interne du patient et s’intègrent au récit qu’il fait de lui-même ; le fil associatif de la séance permet de suggérer au patient le rapatriement dans son espace psychique des éléments psychotiques. Une mise au « monde », identité qui se crée, par le psychotique.
Paula Vodickova : autismes et pubertaire
La puberté contraint le sujet autiste au travail psychique et le passage par la corporéité a des effets intégrateurs sur le psychisme. L’autre énigmatique devient la cible des demandes érotisées. La pulsion sexuelle est détournée au profit d’une construction identitaire/narcissique. Le pubertaire autistique trouve son dénouement dans un réel fétichique, en deçà de l’adolescens.
Nicole Catheline : puberté et fonctionnement psychotique : une confusion intergénérationnelle
La symptomatologie de la prime adolescence (treize-quinze ans) suscite de nombreuses interrogations : s’agit-il de l’expression des changements induits par la puberté ou faut-il y voir en germe les prémices d’une pathologie mentale (schizophrénie par exemple) ? La réaction parentale à l’adolescence de leur enfant nous semble un élément déterminant pour tenter de répondre à cette question. En effet lorsque la puberté de l’enfant sollicite trop vivement le vécu de l’adolescence des parents, une confusion intergénérationnelle peut alors se mettre en place obérant les processus de désengagement des liens œdipiens et entravant les processus identitaires de l’adolescent.
Anne Edan, Sophie Gasser, Laurent Frobert : angélique et les trois ours
L’histoire d’une adolescente de dix-sept ans hospitalisée pour décompensation psychotique illustre l’importance de préserver une ouverture diagnostique entre psychose de l’adolescence et psychose débutante en dépit de l’histoire et des symptômes. Les référents infirmiers ont constitué le fil conducteur entre les différents espaces thérapeutiques pour permettre une (re)structuration et une reprise de la symbolisation.
François Richard : travail de représentation et processus psychotique
Dans cet article est faite l’hypothèse que le processus de subjectivation, en particulier à l’adolescence, recourt à la fermeté d’un style, qu’il soit de posture personnelle ou artistique, lorsque le sujet est menacé par des attaques psychotiques. On le voit alors intensifier son travail de pensée et de représentation, mais on distingue alors difficilement l’excès de conscience mélancolique, l’angoisse psychotique et un type de sublimation fasciné par le chaos pulsionnel. Une seconde hypothèse est faite concernant, à l’inverse, l’utilité d’une certaine solitude et de compromis masochistes avec l’objet et la réalité.
Un moment de crise d’allure psychotique chez une adolescente relevant d’une problématique névrotique est présenté dans la mesure où la quête de la singularité d’un style y endigue la décompensation.
Le théâtre de l’auteur dramatique S. Kane est ensuite analysé en détail, en effet on y trouve de façon exemplaire le paradoxe d’un suicide succédant à une maîtrise représentationnelle réussie.
Sont enfin discutées les propositions de Freud sur la destructivité masochiste et celles de D. W. Winnicott sur le noyau du vrai Self comme non-communication.
Laurence Chekroun : l’évolution d’une adolescente psychotique en psychothérapie
À partir des théories de E. et M. Laufer sur l’adolescence et celle de G. Haag à propos du développement normal des bébés, cet article propose des réflexions concernant l’évolution d’une adolescente en psychothérapie après une « cassure du développement » et l’apparition d’un délire au moment de la puberté.
Ignacio Melo : notes sur l’hallucinatoire
Le devenir des troubles psychotiques pubertaires dépend de l’utilisation que l’adolescent et l’environnement thérapeutique vont faire de leur hallucinatoire. Lorsque celui-ci est déployé et travaillé dans la relation analytique, la partie narcissique des identifications primaires reste préservée et il ne devient plus indispensable d’opérer un désinvestissement de l’Inconscient comme Freud le postule dans le cas du président Schreber et dans la schizophrénie. L’hallucinatoire devient alors un outil précieux pour la sauvegarde et l’élaboration de désirs, dont la mise en mots permettra d’alléger l’économie du fonctionnement psychique de l’adolescent. Deux exemples cliniques illustrent ce propos.
Stéphane Bourcet : psychose aiguë, schizophrénie débutante et adolescence
L’évolution des psychoses délirantes aiguës vers la schizophrénie est loin d’être majeure et représente en fait une minorité de cas. Cependant, il est indispensable de prendre en charge et de traiter tout épisode délirant aigu pendant une durée de un à deux ans après rémission symptomatique, le suivi spécialisé permettant de poursuivre l’observation et l’évaluation du patient, et préciser le diagnostic qui peut être celui d’un trouble de l’humeur.