Dans le cadre d’une mission éducative en prévention spécialisée, les auteurs s’attachent à mettre en lumière les mouvements convoqués dans l’accompagnement d’enfants « mal accueillis » lors de la traversée adolescente. Ces suivis attractent vers les contrées de l’archaïque, entre remaniements et compulsion de répétition, mais peuvent trouver une issue en appui sur « un autre secourable », participant du « travail de culture », pour renouer avec l’humanité.
L’objectif de cet article est d’appréhender comment le groupe, dans une perspective psychanalytique, joue un rôle central dans la traversée adolescente. Il va soutenir le processus de désinvestissement des relations familiales infantiles à coloration incestueuse, et permettre de se tourner vers des choix d’objets extra-familiaux. Le groupe et l’investissement souvent massif de celui-ci à l’adolescence permettent, in fine, de devenir soi et de nourrir le travail de subjectivation.
Par une vignette clinique, nous illustrons comment une hospitalisation en unité pédopsychiatrique participe aux soins des jeunes en retrait du monde social. L’immersion dans le milieu institutionnel, la participation aux entretiens individuels et familiaux et aux activités groupales ainsi que le travail de réseau permettent une remobilisation des investissements objectaux et une relance des processus de différenciation et de subjectivation.
L’entrée dans l’âge adulte confronte à de nombreuses pertes. Le groupe thérapeutique se révèle pertinent à cet âge, comme support de projections pour faire émerger puis traiter cette problématique. Des vignettes cliniques montrent comment la place que chacun prend, la manière dont chacun s’identifie aux autres, les angoisses ainsi que les conflits émergeant en séance, sont autant de leviers qui permettent aux jeunes adultes de s’engager dans un processus thérapeutique.
L’étude de cas d’une adolescente en retrait social (hikikomori) incluant des entretiens avec les parents est présentée. L’entretien de formulation culturelle (EFC – version informant) ainsi que la grille d’entretien sur les récits de maladie de l’université de McGill (McGill Illness Narrative Interview – MINI) sont utilisés. L’auteur souligne la nécessité de prise en charge précoce, via des visites à domicile, et insiste sur le sentiment d’abandon des jeunes et de leurs parents.
À partir d’un cas clinique, nous illustrons le travail psychanalytique pouvant être proposé auprès de sujets autistes, en présentant les étapes rencontrées au sein de la thérapie et qui témoignent d’avancées quant au développement du moi corporel. Les propositions thérapeutiques consistent à accueillir le processus autistisant et à proposer des aménagements, en termes d’exploration sensorielle par le toucher, de partage d’affect et de scénarisation des formes corporelles.
La phobie scolaire de l’adolescent s’accompagne d’une angoisse si massive que l’inhibition en résultant constitue un obstacle à l’accès à la vie fantasmatique du patient. La conduite souvent associée de claustration à domicile nous oriente vers le fantasme archaïque de Claustrum développé par D. Meltzer. Il s’agit d’une forme d’indentification projective intrusive qui contrarie le conflit œdipien en s’opposant au processus de différenciation. Nous déployons ces notions à travers un cas clinique.
À l’âge où beaucoup s’aventurent hors de la famille, d’autres adolescents, reclus et déscolarisés, adoptent une attitude monacale, au point que la langue les dise « cloîtrés » dans leur chambre. À leur insu, et sous différentes formes, quelque chose du registre religieux fait retour dans la clinique de ces jeunes. Leur renoncement à la sexualité et leur refus du monde extérieur, dont ils ne veulent rien savoir, réalisent un idéal de pureté – difficilement perméable au lien, fût-il thérapeutique.
Nous proposons de décliner « cloitré » au masculin, à travers une clinique masculine du retrait à l’adolescence. Pour ce faire, nous interrogeons les spécificités de la construction du narcissisme, des limites et du traitement de la perte chez le garçon. Puis, nous soulevons en quoi ces éléments se trouvent convoqués dans la traversée adolescente du garçon. Nous illustrons enfin notre propos avec une vignette clinique, ouvrant sur la question de la fonction de miroir.
Les mouvements à l’œuvre dans la thérapie analytique d’une jeune adolescente présentant une brutale décompensation symptomatique d’anorexie mentale pendant le confinement, illustrent les ressorts de l’enfermement psychique de cette pathologie : lutte contre les excitations, répression des affects et entrave à l’élaboration fantasmatique, à l’image d’un corps gelé dans son développement psychosexuel. C’est en appui sur la dynamique transférentielle réactualisant perceptions et éprouvés que l’activité de représentation peut se déployer de nouveau.
Adolescence, 2023, 41, 1, 129-140.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7