À partir d’une clinique auprès d’adolescents en Maison d’Enfants à Caractère Social (MECS) qui confronte à la non-demande en même temps qu’à une modalité de lien aux prises avec la séduction narcissique, l’incestuel et la toute-puissance, nous interrogeons les modalités du dispositif qui permettraient d’engager un processus thérapeutique. À cet effet, nous proposons de définir le dispositif « en triple résonance » et d’illustrer, à partir de la situation d’un adolescent de quinze ans, ses potentiels effets et leviers.
Cet article explore la problématique de l’effacement de soi à l’adolescence et ses enjeux au regard du processus d’appropriation subjective à partir d’un cadre-dispositif original centré sur le « récit dessiné ». Le travail clinique engagé auprès d’une jeune adolescente aux prises avec une souffrance narcissique-identitaire nous conduit à repérer comment l’effacement de soi participe à la réorganisation des capacités réflexives et au rétablissement des conditions de subjectivation en appui sur la fonction miroir du médium et du thérapeute.
Le terme « cloîtré » nous évoque Marcel Proust : l’auteur lui-même, mais aussi « la prisonnière » que le narrateur dit cloîtrer, contraignant chacun à deviner l’autre inlassablement pour lui échapper. En analyse, croire que l’on sait ce que l’autre pense a pris une autre forme : l’empathie ; O. Renick en a conçu un « jeu » qu’il nomme « cartes sur table », collaboration à ses yeux entre analyste et patient. Reste à savoir si ce n’est pas un jeu qui « cloître » durablement l’un et l’autre dans le transfert ?
Nous présentons ici des expériences et des résultats de recherche qui articulent psychanalyse, études de genre et santé communautaire, aux effets du binarisme sexuel et identitaire ainsi qu’aux nouveautés produites par les transformations et les avancées en matière de droit et de citoyenneté. Dans ce cadre, nous avons pu constater l’éclatement des représentations patriarcales et du regard adulto-centré dans la relation entre les genres et entre les générations.
Les actuelles transformations des subjectivités sexuées confrontent la théorie et la clinique psychanalytiques à l’insuffisance de certaines catégories canoniques pour comprendre les dissidences de la sexualité. Les transidentités, les transsexualités, les travestismes, les transgenres, les subjectivités non-binaires et fluides dans les adolescences contemporaines, génèrent une crise dans les récits patriarcaux et interpellent les imaginaires cis-hétéro-normatifs de la psychanalyse.
Les réflexions présentées dans cet article sont le fruit de plus de dix ans de travail clinique avec des adolescent·e·s brésilien·ne·s aux genres divers, dans des services ambulatoires publics et en libéral. Accompagner ces adolescent·e·s invite le psychanalyste à reconsidérer les fondements de la théorie qui l’inspire. À cet égard, le processus de dépathologisation ainsi que l’attention portée aux récits singuliers des adolescent·e·s transgenres enrichiront indéniablement les débats.
Dans le cadre du suivi d’adolescent·e·s transgenres et non-binaires dans un service public de psychologie au Brésil, l’auteure a rencontré entre 2022 et 2023 des jeunes en souffrance psychique qui s’identifiaient comme trans lors de la pandémie de coronavirus. Elle a analysé deux vignettes cliniques dans lesquelles les adolescent·e·s menacent leurs parents s’ils n’autorisent pas le traitement hormonal. Une réflexion est proposée sur les stratégies cliniques possibles dans la gestion de ces situations.
Chez l’adolescent, la demande de soutien à la mise en place d’une transition médicale va à l’encontre des théories psychanalytiques traditionnelles. Dans cet article, l’auteur fait état des métaphores les plus récurrentes, repérées dans les discussions sur la transition de genre. À partir des notions de contagion, de naturalité de genre et d’amputation, il tente de percer à jour les angoisses propres aux analystes d’une part, et à la psychanalyse en tant que champ théorique d’autre part.
À partir du vécu subjectif des protagonistes du film Loup & Chien (2023), les auteurs se penchent sur l’exploration de genre à l’adolescence, sur une île prétendument coupée de toute mondialisation. Évoluant sur un territoire à distance de la société de consommation, d’où provient leur tendance à l’exploration de genre opérée sous le regard tantôt bienveillant, tantôt hostile des adultes ? Comment les habitants de l’île reviendront-ils ou non sur leur système de normes figé par la tradition religieuse ?
La recherche identitaire de l’adolescent rencontre, dans notre époque actuelle, de nouvelles propositions en termes d’identification. En déliant la question du genre de celle du sexe, les théories du genre ouvrent de nouvelles perspectives d’affirmation individuelle, ouvrant ainsi la binarité « homme/femme », « homosexuel·le/hétérosexuel·le » à d’autres déclinaisons. La possibilité de « choisir son genre » peut alors rencontrer la revendication adolescente d’un « droit à l’autodétermination ».
Adolescence, 2023, 41, 2, 353-365.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7