Tous les articles par Admin

Magali Ravit : « l’amour “ vache ” ». du féminin à sa mise à mort dans l’acte sexuel violent

L’auteur envisage, à partir du suivi clinique d’une adolescente incarcérée, comment le passage à l’acte violent à caractère sexuel constitue un échec du « travail de passivité » qui se solde en un meurtre du féminin, ce que l’auteur propose de désigner sous le terme de « féminicide ». Cette mise à mort du féminin est une réponse contre le risque d’envahissement du pulsionnel qui est fortement sollicité dans ce temps particulier de l’adolescence. L’article retrace les difficultés du suivi clinique de Sonia durant son parcours pénal. Le passage par l’acte est envisagé comme une scène rassemblant et condensant les éléments psychiques internes qui ne parviennent pas à s’organiser ni à se lier et représentent des menaces de ruptures identitaires.

Adolescence, 2013, 30, 4, 935-944.

Jean-Yves Chagnon, Florian Houssier : l’illusoire attente de la demande

Cet article, en appui sur une brève vignette clinique d’un jeune meurtrier ayant présenté des troubles du comportement à l’adolescence et s’étant vu refuser l’accès aux soins sous prétexte d’absence de demande, vise à discuter et critiquer ce concept. Les auteurs montrent certaines des raisons pour lesquelles il est impossible à ces adolescents d’effectuer une demande verbale de soins, alors que c’est leur comportement lui-même qui a valeur de demande dans son adresse inconsciente à l’autre. Les théorisations qui font l’hypothèse d’une spécificité du langage de l’acte à l’adolescence sont rappelées : elles permettent de penser les dispositifs et aménagements thérapeutiques nécessaires à la prise en charge par l’environnement de la souffrance psychique de ces sujets.

Adolescence, 2013, 30, 4, 919-933.

Jacques Dayan : comprendre la délinquance ?

Délits et crimes sont selon É. Durkheim des acceptions issues de la conscience commune.  Mais comment se forge et se transmet cette conscience ? Qu’est-ce que l’acte délictueux ?  Tout acte antisocial relève-t-il d’une pathologie ? Existe-t-il une épistémologie commune aux champs sociologique et psychologique ? Nous tentons de répondre à ces questions et à leurs implications dans le champ de la justice des mineurs et des soins aux délinquants.

Adolescence, 2013, 30, 4, 881-917.

Herminie Bracq-Leca, Marie-Anouck Pitel-Buttez : Construire et proposer un espace-temps de soin dans un établissement pénitentiaire pour mineurs.

Depuis juin 2007, une équipe médico-psychologique (UCSA-SMPR) intervient au sein de l’établissement pénitentiaire pour mineurs de la région Rhône-Alpes. Psychiatre et psychologue proposent de revenir sur cette expérience en questionnant la temporalité du soin et les enjeux spécifiques à ce cadre institutionnel. Quels sont les objectifs du soin ? Comment penser la place des soignants dans une structure d’enfermement où le soin serait souhaité comme « auxiliaire » du système répressif-éducatif ? Comment permettre une élaboration des agirs du sujet et de l’institution ? Voici une réflexion en cheminement qui est au cœur d’une pratique où l’identité professionnelle est souvent malmenée.

Adolescence, 2013, 30, 4, 869-879.

Bernard Gaillard : espace privatif de liberté et aléas des devenirs du sujet adolescent

L’article propose une analyse des enjeux du fonctionnement psychique des adolescents délinquants placés en Centres Éducatifs Fermés. Trajectoires, parcours, liens affectifs sont constitutifs des problématiques de ces jeunes contraints, par le placement, à accepter de prendre de la distance avec leurs figures de référence. Pour advenir, peuvent-ils se laisser réduire à leurs actes ou aux écrits produits à leur propos ? Sujets d’actes polysémiques, ils interprètent de manière non homogène leurs relations à leurs parents. L’article s’appuie sur des entretiens cliniques auprès de trente-six adolescents placés. Si un travail autour de la problématique du lien s’impose, celui-ci est triple : lien familial, lien au groupe de pairs, liens institutionnels.

Adolescence, 2013, 30, 4, 857-868.

Luc-Henry Choquet : le flux des mineurs délinquants et ses traductions éducatives

L’examen du flux des mineurs délinquants fait apparaître les grandes tendances résultant de l’activité des différents services concourant à une réponse pénale en augmentation. Mais les résultats de cet examen illustrent surtout la diversification des types de délinquance et des trajectoires procédurales et institutionnelles. Le cas le plus fréquent est celui de mineurs délinquants qui, ayant eu affaire avec l’institution judiciaire une première fois, ne réitèrent pas. A contrario, les mineurs qui ont commis les actes les plus graves ou qui sont fortement « réitérants » sont plus rares. Tous appellent à des prises en charge spécifiques conduites en fonction des caractéristiques des mineurs concernés et de la dynamique psychologique qui sous tend les actes et leurs circonstances.

Adolescence, 2013, 30, 4, 843-855.

Jean-Marie Delarue : état des lieux de l’enfermement

L’enfermement des enfants, sous toutes ses formes, ne va pas de soi. En référence aux principaux textes de loi et à partir de sa pratique de contrôleur général des lieux de privation de liberté, l’auteur propose ici une réflexion sur les différents motifs, sur les principes en débats et sur les effets contrastés de l’enfermement des mineurs.

Adolescence, 2013, 30, 4, 823-841.

Hervé Hamon : l’adolescence et la justice des mineurs à l’épreuve du néolibéralisme

Cet article se propose d’examiner les mesures « néolibérales » qui ont conduit ces derniers temps à une forte inflexion de la Justice des mineurs, et en particulier à une négation des processus d’évolution des adolescents et du travail d’accompagnement.

Adolescence, 2013, 30, 4, 815-822

Yves Morhain : paradoxalité de « l’enfermement » d’adolescents et de jeunes adultes meurtriers : entre destructivité et créativité

L’actualité de la délinquance qui se signale par l’agression contre l’autre, le semblable, souvent brutale, voire par l’explosion destructrice immédiate, relève de l’archaïque qui renvoie à l’existence subjective du sujet. Les approches judiciaires proposent des formes de rééducation sociale et de prévention, centrées sur l’acte transgressif, désorganisateur et non sur son potentiel refondateur, avec pour conséquence l’« enfermement » de ces adolescents et jeunes adultes difficiles, reproduisant à l’intérieur des murs de la prison une stigmatisation des fauteurs de troubles.

Dans ce qui se révèle une impasse, l’« enfermement » peut opérer et induire la dynamique d’un passage, en instaurant des dispositifs de médiation thérapeutiques qui engagent l’adolescent violent à un travail de ré-élaboration psychique et de relance de sa dynamique subjective, ouvrant l’accès à des satisfactions pulsionnelles constructives, créatives et non pas lieu de décharge pour ces adolescents. Ces espaces de transformation pouvant donner lieu à symbolisation et replacer ces jeunes dans un réseau d’intersubjectivité, dans une communauté d’échanges qui leur permette de se tourner vers un espace de possibilités.

Adolescence, 2013, 30, 4, 797-813.

Jacques Dayan : enfermement des mineurs délinquants

L’enfermement des mineurs est la plus sévère des figures de la peine, et pour les mineurs la plus péjorative en termes de santé mentale, de développement et de reitération. Les aménagements entrepris dans les Établissements pénitentiaires pour mineurs peuvent-ils réduire les effets d’affiliation et de stigmatisation d’une incarcération ? Les Centres éducatifs fermés tels qu’ils sont construits offrent-ils des perspectives favorables à une entreprise pédagogique ? Celle-ci est-elle concevable sans la prise en compte de la dimension psychique de l’acte antisocial ? Nous examinons ces questions dans ce texte dans les suites de l’examen des étiologies supposées de la délinquance.

Adolescence, 2013, 30, 4, 783-796