Tous les articles par Admin

Rita Sferrazza : le travail psychanalytique au-delà des murs

L’évolution des psychopathologies rencontrées dans la clinique a aussi amené les dispositifs de soins à évoluer. Cet article s’intéresse au travail possible et nécessaire avec des adolescents en souffrance, aux difficultés souvent psycho-sociales. Pour répondre aux besoins spécifiques, propres à chaque situation clinique, l’auteur souligne la nécessité de créer des dispositifs originaux et évolutifs au cours de la prise en charge. Une vignette clinique met en lumière ce qui guide la construction d’un cadre thérapeutique psychanalytique. Le suivi des expressions verbales et non verbales des patients ainsi que leurs transferts sur les divers intervenants offrent des repères indispensables aux choix thérapeutiques.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 385-395.

Stephan Wenger : paranoïa et psychothérapie institutionnelle

Andreas est un adolescent en rupture scolaire. Soudé à sa mère avec laquelle il forme une bulle aux elle peut le faire pour de nombreux patients pour lesquels le tiers en traits paranoïaques, il ne vit que très peu de relations basées sur l’altérité. Son séjour en Centre Thérapeutique de Jour, quasi unique perspective psychothérapique à notre sens, va permettre de recréer une pensée à son sujet et de développer ses capacités de penser sur ses pensées et celles des autres. L’institution offre ainsi une opportunité de trianguler le fonctionnement psychique d’Andreas, comme tant que fonction psychique est absent ou présente une fragilité délétère et qui sont inscrits dans de perpétuels mouvements de « quitter – être envahi » par rapport à l’objet.

Adolescence, 2011 T. 29 n°2, pp. 355-383.

Jacques Laget : coupure, peinture au sang, regard du thérapeute

Au cours d’une séance de psychothérapie, Benoît, quinze ans, demande s’il peut faire une peinture de son sang – peinture qu’il réalise ensuite chez lui et décrit à la séance suivante : les yeux d’Horus, qu’il a trouvé sur Internet. Il présente une dépression sévère et des projets de suicide, il se scarifie, la fragilité narcissique est massive et la problématique identitaire au premier plan. Benoît revendique sa dépression, dit sa fascination pour ses cicatrices et ses scarifications, il assimile son besoin de voir couler son sang à une dépendance à une drogue. Il veut se couper, il en a besoin, il se sent exister. Les liens du sang, devenus sanglants ici, l’unissent étroitement à sa sœur jumelle. Il dit qu’il ne souffre pas quand il se coupe, Il subit dans l’adversité, il s’éprouve et paradoxalement s’endurcit… La douleur le renforce et par là même renforce les limites du Moi et le Moi. Il traite ainsi sa trop grande sensibilité, trait rapporté de son enfance, signe pour lui de faiblesse et de passivité… qu’on oppose à la violence, la puissance et la force qu’il ressent dans ses comportements auto-agressifs.

Regards : le sien sur son sang et sa peinture… La place du regard, des regards, les yeux d’Horus, regard intérieur de Benoît sur son sang qui coule, ses cicatrices, cherchant à s’approprier un corps et un psychisme qui changent et le menacent. Regard de ses parents qui souffrent, il le sait, sidérés, ils paniquent au début, mais leurs regards évoluent. Regard du thérapeute sur sa peinture, sa création « adolescente », et reprise du mythe dans la thérapie. Le thérapeute, la psychothérapie des attaques du corps rétablissent du visuel, en répondant à la sollicitation du regard, dans le cadre d’un échange associant création et représentation, ouverture au sens.

Adolescence, 2011, 29, 2, 339-353.

David Le Breton : Sur les massacres perpétrés par des adolescents dans leur école

Les jeunes tueurs des établissements scolaires sont loin de répondre à un style psychologique commun, les uns sont décrits comme sociables, d’autres comme solitaires. Certains vivent dans des familles unies, d’autres dans des familles divorcées ou séparées. Un ensemble de traits sociologiques les rassemble : l’accomplissement d’un rite de virilité quand plus rien d’autre ne les valorise, l’impossibilité de s’identifier aux autres, une haine farouche qui leur tient lieu d’affiliation au monde.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 325-337.

Ségolène Payan : le rite migratoire, un empêchement du processus de subjectivation ?

Dans les sociétés traditionnelles d’Afrique de l’Ouest, chaque année de nombreux adolescents sont, rituellement, désignés par leurs pairs pour être candidats à l’immigration. L’accomplissement de la « mission » qui leur est assignée ne pourra aboutir qu’au prix d’une appropriation subjective de leur destin.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 317-324.

Hélène Romano : « je » dangereux et processus psychiques à l’œuvre dans les pratiques dangereuses

Dans le quotidien des enfants et des adolescents, des conduites particulières peuvent être repérées : les « jeux » d’asphyxie, les « jeux » d’agression et les « jeux » de mort. Nous proposons, à la lumière de notre expérience régulière auprès de jeunes impliqués dans ce type de conduites, une réflexion quant aux processus psychiques à l’œuvre. Dans une première partie nous présenterons ces différents « jeux » et les fréquentes confusions avec d’autres types d’activités ; puis nous décrirons l’atteinte des processus de pensée et de relation d’objet qu’elles impliquent.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 305-315.

Anne Winter, Loïck M. Villerbu : de l’adolescence dite « délinquante » : un autre paradigme du lien ?

Régulièrement, la littérature intéressée par la délinquance au temps de l’adolescence convoque la défaillance de l’instance paternelle comme explicative des transgressions du lien social. Ce sont là les héritages d’une tradition théorique qui a témoigné à maintes reprises des effets de la triangulation œdipienne, paradigmatique des relations affectives et sociales. Or, un pan de la clinique montre aujourd’hui tout le poids d’une dynamique de l’échange soumise à une injonction paritaire, que l’on ne saurait négliger. Sous-tendue par le narcissisme, elle prend le pas sur la généalogie et confère aux distances et proximités en jeu dans la génération, un rôle certain ; celui de garantir au sujet réciprocité et intégrité, en fondant autrement les valeurs qui sont les siennes.

Adolescence, 2011, T. 29 n°1, pp. 293-304.

Gérard Bonnet : « se venger pour survivre » ou violence de vie, violence de mort

La vengeance représente l’une des formes de la violence humaine les plus redoutées et offre aussi un terrain privilégié pour étudier cette violence pour elle-même. Pour la psychanalyse, la perversion est l’organisation psychique qui illustre le plus clairement comment naît ce désir de vengeance dans la psyché humaine. Sa visée est toutefois paradoxale, ce que j’ai voulu mettre au premier plan d’un de mes derniers livres en le titrant : La perversion, se venger pour survivre (Bonnet, 2008). Car, si le pervers investit à ce point la vengeance, c’est paradoxalement pour survivre et pour faire contrepoids à une autre violence, mortifère, autrement redoutable, qui le menace de l’intérieur sans relâche. Le pervers fait contrepoids à cette violence de mort en investissant toutes les facettes de la vengeance et il est important de les identifier pour en désamorcer les dangers immédiats. On s’aperçoit alors qu’il investit cette violence de survie de deux façons : soit en s’en prenant à d’autres qu’il transforme en objets, dans les perversions les plus graves, quand le sujet est entièrement sous la gouverne de la dialectique de vengeance ; soit en investissant à son corps défendant telle ou telle facette de la vengeance de telle façon qu’elle reste contenue dans ses conséquences pour l’autre : cela va du donjuanisme au masochisme et au fétichisme, en passant par toutes les modalités du narcissisme ou du voyeurisme qui prolifèrent aujourd’hui.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 281-291.

Guy Scharmann : à propos du refoulement à l’adolescence

La possibilité d’une psychanalyse à l’adolescence pose la question de l’existence de la psychanalyse chaque fois que le refoulement sera secondaire dans la problématique des patients. Autour des concepts de subjectivation et d’agent subjectivant, cet article se propose de décrire les grands principes d’une pratique possible de la psychanalyse de l’adolescent.

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 271-280.

François Richard : ce que la rencontre avec l’adolescent apprend au psychanalyste

La psychanalyse de l’adolescent existe-t-elle ? Deux points de vue sont réfutés, celui qui considère l’adolescence comme le moment du refoulement après-coup et celui qui s’effraie d’un risque de flambée pulsionnelle en situation clinique duelle. L’histoire des élaborations théoriques sur l’adolescence introduit à une conception de la rencontre entre le psychanalyste et l’adolescent susceptible d’éclairer la pratique psychanalytique avec l’adulte.

La méthode freudienne d’interprétation du conflit pulsionnel et du transfert est applicable avec l’adolescent, ce que démontre le traitement d’une jeune adolescente présentant des troubles anorectiques et addictifs. Les fonctionnements limites y correspondent à des défenses projectives contraphobiques, le refoulement étant recouvert par le clivage.

Des hypothèses sont avancées sur les pathologies actuelles de l’adolescent et du jeune adulte (recours paradoxal à des formes d’excitation à visée désexualisante, externalisation de l’intériorité psychique) dans un contexte de « malaise dans la culture ».

Adolescence, 2011, T. 29 n°2, pp. 245-270.