Justine est une adolescente qui présente un fonctionnement limite et dont les symptômes principaux sont des vomissements provoqués et répétés. Elle expulse les aliments comme elle évacue la pensée. Elle investit les actes en se débarrassant de la tension interne. L’effraction de la sexualité renforce l’impossibilité d’investir une position passive comme si elle réactivait le temps originaire de la séduction.
L’auteur décrit la difficulté à trouver sa place dans l’espace de la psychothérapie, alors qu’il y a échec de la mise en scène psychique chez la patiente. Condamnée à l’expulsion dans un premier temps, et cherchant à contrer son vécu de passivité, elle évoque l’épreuve périlleuse que représente l’approche mélancolique vers la reconnaissance de l’altérité de l’objet, dans les traces internes qu’il lui a laissées.
À travers le cas d’un adolescent au père violent, il s’agit de montrer que l’identité, notion processuelle et susceptible de remaniements, a besoin de s’étayer sur des modèles culturels collectifs aujourd’hui largement mondialisés, mais repris et utilisés de façon singulière par les sujets. La création d’une néo-identité qui s’appuie sur des modèles d’invincibilité et de toute-puissance est le signe que toute création identitaire ou tout mouvement d’affirmation subjective mobilise intrinsèquement une violence susceptible de mener à la haine de toute altérité.
Cet article se propose de montrer ce qui se joue pour l’adolescent vivant au Liban au cours de sa formation identitaire, en cherchant plus particulièrement à comprendre le retentissement du contexte socio-historique du pays sur les difficultés psychiques que celui-ci éprouve et plus spécifiquement comment les caractéristiques de ce contexte résonnent avec les transformations liées à celles de la période adolescente. L’analyse d’un entretien clinique de recherche réalisé auprès d’un adolescent résidant à Beyrouth et les élaborations personnelles de l’auteur que son implication dans cette problématique l’a conduit à produire montrent la confrontation entre « l’expérience vécue au niveau de la crise personnelle » et celle vécue au niveau « de la crise politique ». L’hypothèse est posée d’un redoublement de la menace intrapsychique inhérente au processus de création adolescente par le poids de la menace externe émanant du contexte politique.
L’article témoigne d’une expérience de trente ans auprès d’une « jeunesse en danger », Noar Besikoum, rencontrée dans les maisons de jeunes Beit Ham en Israël. L’auteur montre en quoi le contexte social et historique, sur fond de conflit israélo-palestinien, influe sur la manière dont ces jeunes, en particulier les jeunes Israéliens, vivent et traversent l’adolescence.
Le concept de fantasme originaire n’a pas connu de réel développement théorique dans l’œuvre freudienne. Ces fantasmes originaires présentent pourtant un intérêt considérable dans la mesure où ils instancient une conception du réel originale. La littérature analytique montre qu’ils sont souvent confondus avec les théories sexuelles infantiles. Il s’agit ici d’en saisir la valeur particulière au niveau de ce qui, dans l’adolescence, est marqué par la réactualisation d’une jouissance primordiale, celle de la chair qui est hors loi phallique. Une telle analyse mène à interroger l’hystérisation adolescente dans les deux voies de la sexuation qu’elle fonde et qui se supportent justement d’une dimension fantasmatique originaire orientée vers la contenance pour la fille, vers la contestation de la demande de l’Autre pour le garçon.
Les craintes dysmorphophobiques renvoient aux appréhensions de ce qu’une position sexuée du côté féminin ou masculin peut évoquer d’un engagement impossible à tenir au devant du regard des autres. C’est à partir d’une conviction de contenir en un creux imaginaire du corps une négativité honteuse que l’adolescent, ou l’adolescente, se ressent exclu(e) du jeu social et de tout registre de la séduction, et se fait un refuge de cette condition de proscrit(e) en se mettant en vacance de l’épreuve de sexuation. Aussi, toute une problématique du voilement situera l’adolescent vers ce que nous pouvons nommer sa « revisagéification » nécessaire comme réponse à son questionnement dans le champ de l’échange des regards.
Dans cet article, nous définirons un parcours qui pourrait se dessiner selon un cercle dont les deux bords ne se rejoignent pas, formant une spirale ascendante : le point de départ est le réel du corps, l’évidement initial du pubertaire, ressentis comme Autre sexe (le Féminin), puis l’éprouvé de la honte, la dysmorphophobie et la création de l’objet esthétique de recouvrement de cet éprouvé du vide.
Nous proposons la notion de roman adolescent à entendre ainsi : l’articulation de la structure du roman familial à des scènes pubertaires, comme scènes « neuves » ou compositions-créations, dans une dimension plus élaborative que défensive. Le roman adolescent n’est pas une simple réédition, mais bien la création d’un scénario désirant dont le mouvement exige trois temps logiques : une mise en tension des structures du roman familial ; la mise en exergue de scènes pubertaires composées de « blasons » attachés à des axes désirants ; enfin, un mouvement narratif produisant transférentiellement ce roman adolescent dans les entretiens cliniques. Les cas de Gunther et de Céleste analysent les romans, leurs formes ainsi que leurs fonctions d’élaboration et de construction psychique au service du processus adolescens. Le roman adolescent quand il se révèle sous transfert, est spécifique et se distingue du roman familial freudien par la représentativité des scènes pubertaires.
L’adolescent est extrêmement sensible à son image. Celle-ci est autant redoutée qu’investie avec force et fascination. Dans cet article, nous présentons une observation qui illustre, chez une jeune fille, les perceptions complexes et ambivalentes d’un corps empli de maux divers. Un corps qui semble être la boîte de Pandore de toutes les angoisses nées de l’enfance et de l’adolescence, et un corps-vitrine, façade narcissique par le regard de l’autre, craignant en même temps que ce regard ne voie à l’intérieur de l’adolescente, son intimité, ses pensées, ses angoisses, d’où cet aspect paranoïde fréquent à cet âge.
Le récit clinique est un biais, une voie oblique qui n’a de fonction que celle de servir de repère. Aux travers ou, plus exactement, dans les travers d’une trajectoire d’un jeune homme pris en charge par l’Aide Sociale à l’Enfance, dans une mise en échec de toute dimension d’insertion sociale et professionnelle, j’essaierai de montrer comment un processus de subjectivation s’est élaboré afin de permettre à ce jeune de reconstruire son présent à l’aune de son passé, de symboliser et de s’approprier ce qui jusqu’alors n’avait été qu’éprouvé. Ce texte est écrit comme un triptyque. Les trois parties peuvent être lues indépendamment l’une de l’autre, et c’est pourtant dans la liaison entre elles que se développe la spécificité du propos que je souhaite soutenir à travers cet article. Chaque partie renvoie à une lecture, à un temps d’élaboration. Elle s’ouvre par une vignette clinique, comme un préambule à la réflexion qui suit. J’aurais pu lier les vignettes en une seule séquence et développer ensuite mon élaboration point par point. J’ai préféré cette (dés)articulation qui répond davantage, selon moi, à la théâtralisation du cas présenté.
La pulsionnalité pubertaire agit dans la thérapie, d’une façon brutale, crue, non symbolisée. L’acting out est généré par l’émergence de nouveaux ressentis pulsionnels non encore élaborés et intégrés au Moi. La capacité créatrice de l’adolescent, portée par le clinicien, permet de sublimer la violence pubertaire et de trouver une voie de dégagement autre que pulsionnelle et sexuelle. Ici, c’est la « Bestiole Mystique » qui viendra symboliser le passage pubertaire et ses investissements.
Adolescence, 2011, T. 29 n°4, pp. 747-763.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7