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Vincent Cornalba : controverses

La revue Adolescence fut aussi le lieu de controverses. À travers elles, c’est l’enjeu d’une continuité de l’œuvre théorique dans le champ clinique de l’adolescence qui fut visée. La confrontation des pensées assurait le contexte indispensable à la remise sur le métier de notions que la clinique ne saurait entériner une fois pour toutes.

C’est par l’évocation de deux colloques, l’un sur l’homosexualité, l’autre sur la psychose à l’adolescence, que cette question est abordée. La convocation d’auteurs de référence, aussi bien dans le champ de l’adolescence que dans celui plus restreint de la revue, complète ce survol des notions de controverse et d’engagement. C’est, à travers elles, les questions des valeurs techniques et personnelles du thérapeute qui sont également évoquées.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 189-205.

Sydney Levy : l’adolescent né de la terre : figure du politique

Le redressement (Aufrichtung) postural de nos ancêtres inaugure selon Freud le procès lié à la Kultur. Cette verticalisation renvoie à un rituel en lien avec le rapport à la terre (et par ailleurs universel) : le père élève au-dessus du sol son fils pour le reconnaître. Les céramistes athéniens figurent ce dernier sous les traits d’un adolescent et la philosophie dessine à travers ce geste une structure politique originaire. L’auteur propose de voir dans la double valence (reconnaissance et soumission) intrinsèque qui tisse le rapport entre ce père arbitraire et ce fils adolescent une sorte de métaphore de la naissance du politique. Il s’agit à la fois de repérer la violence inhérente au projet politique et sa nécessaire gestion collective, violence liée à cette ancienne connivence avec la Terre des origines dont il faut bien s’affranchir.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 179-187.

Stephan Wenger, Fulvia Raiola : cheval de troie

François et son père, portant le même prénom, forment un duo au fonctionnement paranoïaque. Avec l’arrivée du pubertaire, ce système a décompensé. François a été traité en Centre Thérapeutique de Jour. La psychothérapie psychanalytique institutionnelle offre une souplesse indispensable offrant notamment des opportunités d’adaptation de cadre salutaires. Ce travail en équipe a permis de développer une approche particulière de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 171-178.

Jacques Vargioni : une grève de la faim en blanc et noir

À la suite d’une anorexie post-traumatique sévère, Imane, dix-sept ans, entama une psychothérapie analytique en institution dont les débuts furent chaotiques. Un rêve, dans lequel figurait un fantasme d’ingestion de lait noir maternel, permit d’engager une mutation. Le transfert servit de support à la mise en mouvement et à l’élaboration d’une série complexe d’identifications à l’agresseur.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 159-169.

Philippe Pierre Tedo : engrenages

Pour des adolescents qui évoluent dans des cliniques « attaques du corps », il est indispensable de travailler le cadre thérapeutique de façon très spécifique. L’utilisation de l’espace institutionnel leur permet de rencontrer des possibilités d’investir des espaces de transfert dégagés de toute potentialité paradoxale et mortifère. Le pari sur les effets thérapeutiques est ambitieux et complexe, tant pour les soignants que pour les jeunes. La nécessité de prendre en compte la souffrance des parents, notamment dans sa dimension pubertaire, est indispensable à la réussite du projet de soins de l’adolescent.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 143-157.

Anne-Valérie Mazoyer : l’agir suicidaire de l’adolescent sur écran blanc

Quelques heures après un examen psychologique, sans signes alarmants, une adolescente placée dans un foyer éducatif tentait de se suicider avec son petit ami. Dans l’après-coup de ce passage à l’acte, nous avons voulu repenser ce cas à la lumière de travaux liant vulnérabilité suicidaire et dépression. Après avoir cherché dans les protocoles des épreuves projectives (Rorschach, TAT) des indicateurs du passage à l’acte, nous avons constaté une propension au blanchiment des affects et des émotions, comme au cours de la relation clinique et du recueil d’anamnèse. Une lecture plus fine des protocoles révèle sous l’apparence d’une dépression blanche une vulnérabilité qui ordonnait une prise en charge psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 133-142.

Brigitte Blanquet : frôler la mort à l’adolescence : un danger nécessaire

À l’aide d’une vignette clinique, il s’agit d’éclairer le processus d’actualisation du travail traumatique à l’adolescence et ses enjeux psychiques. Pour cela, nous nous appuyons sur trois scènes vécues par le sujet : la scène d’une agression ; la scène du transfert ; la scène de figuration graphique. L’analyse de ces scènes permet de promouvoir une théorie du travail du traumatique pour penser l’efficience de soin psychothérapique.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 123-131.

Alberto Konicheckis : processus adolescents, objet de transfert familial

Des consultations familiales avec la famille L. permettent de montrer comment les processus adolescents constituent une sorte de vecteur qui donne forme à différentes pulsionnalités de la famille. Ces processus peuvent donc être considérés comme un objet de transfert familial. À travers l’analyse du métabolisme psychique familial, les disputes fraternelles, le retentissement de conflits inter et transgénérationnels ainsi qu’inter-familiaux, il est apparu que les processus adolescents chez Thomas, fils de treize ans d’un premier mariage de Madame L., exercent une sorte d’attirance sur des violences implicites de la famille. La rupture interne dans le développement chez le jeune adolescent entraîne également une rupture des alliances inconscientes entre les membres de cette famille.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 113-122.

Gianluigi Monniello : pubertaire féminin et regard du père

Le pubertaire féminin est constitué par les nouveautés qui surprennent toute adolescente à l’époque du ménarque, non seulement dans son corps mais aussi et surtout dans sa vie psychique. Ce processus psychique complexe interroge, entre autres, la qualité du regard du père qui suit l’évolution de l’organisation de la sexualité génitale chez sa fille adolescente. Le travail aborde un aspect plutôt négligé du rapport de la fille avec son père. Il est souvent possible dans le traitement analytique des adolescents de voir des pères faibles, absents ou même violents être l’objet d’intenses élans protecteurs et de jugements positifs de la part de leurs filles, qui font tout pour poser sur un piédestal l’image paternelle. Dans ces cas, le père œdipien semble devoir être maintenu en vie et valorisé pour exercer de façon suffisante sa fonction. En effet, ce n’est qu’à cette condition que le fantasme parricide pourra être pleinement reconnu, sa valeur symbolique pleinement élaborée et que le père œdipien pourra disparaître à l’horizon.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 99-111.

Jean-Luc Donnet : sur la rencontre avec l’adolescent

La référence à la cure analytique dans l’abord thérapeutique de l’adolescence se complète nécessairement par la prise en considération de tous les facteurs intrinsèques et extrinsèques qui viennent jouer dans l’optimisation du dispositif du travail. Certaines caractéristiques de l’adolescence (régime économique de crise, remaniement topique de la « nouvelle dépendance », statut naturel des introjections transférentielles) contribuent à éclairer l’enjeu parfois crucial, et la potentialité dynamique particulière de la rencontre avec l’adolescent. L’évaluation – parfois instantanée et réciproque – ne peut aisément se dissocier du processus identifiant ; et l’énonciation du cadre conventionnel pour des nouvelles rencontres opérer depuis la place parfois magique que l’adolescent nous assigne dans le transfert. Une consultation « banale » et son commentaire illustrent ce thème de la rencontre.

Adolescence, 2010, T. 28, n°1, pp. 79-97.