Tous les articles par Admin

Nathalie Guillier-Pasut, Daniel Derivois : trajet d’une relation clinique avec un adolescent créateur

L’adolescent est extrêmement sensible à sa rencontre avec l’autre, à la fois très investie et fortement redoutée. À partir de la rencontre avec un adolescent accueilli en unité d’hospitalisation dans le champ de la psychiatrie infanto-juvénile, et au travers d’une réflexion sur les enjeux méthodologiques d’un dispositif thérapeutique, cet article interroge le trajet, pas à pas, de la relation clinique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 439-458.

Laurent Carrive : le sujet ce héros. mais comment rentrer dans la ronde ?

Cet article se propose d’aborder les problématiques adolescentes de l’acte et ses thématiques associées, la solitude et l’échec, à partir de leurs liens psychanalytiques avec la structure du mythe du héros. Dans un premier temps, nous rappellerons en quoi l’adoption par Freud du mythe d’Œdipe reste une démarche épistémologique d’une grande cohésion, présageant encore de riches enseignements.

Nous expliciterons ensuite l’analogie fondamentale à établir entre la structure circulaire de la causalité mythique et le processus œdipien de subjectivation. Enfin, nous montrerons que la réactivation du complexe d’Œdipe à l’adolescence laisse apparaître le lien structurel profond, reliant Œdipe, héros tragique, à la science moderne.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 429-438.

Solène Aubertin, Marion Haza : temporalités autistique, adolescente et virtuelle : à la croisée de trois mondes.

Le virtuel est souvent décrié comme un nouvel objet d’addiction pour les adolescents. Nous aborderons ici le point de vue selon lequel cet outil favoriserait l’élaboration de la capacité dépressive avant une mise en « Je » dans le réel. Écran et corps du sujet, l’ordinateur serait un premier lieu de symbolisation afin d’accéder à une véritable subjectivation. Amenant dans un autre espace et dans un autre temps, le virtuel permettrait d’aborder autrement la question de la temporalité relative à la problématique de la perte. La perte de l’objet engendrant l’avènement du « Je », de quelle manière le virtuel peut être un nouveau lieu d’appropriation de l’absence ? Comment peut-il permettre le passage d’une intemporalité à une atemporalité ? Cette idée sera éclairée par le cas d’un jeune autiste comme archétype de la question de la perte ainsi que de celle du passage de l’imaginaire au réel.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 417-427.

Julien Léon : père mort et père imaginaire dans la résurgence œdipienne chez un adolescent

À l’adolescence, la destitution naturelle du père imaginaire permet le remaniement des fixations œdipiennes et le dépassement de la sexualité infantile. L’auteur évoque ici la difficulté d’une telle opération, quand la figure du père imaginaire renvoie à un père mort idéalisé. L’enjeu thérapeutique consiste alors à offrir une possibilité d’élaboration transférentielle à l’adolescent pour qu’il se défasse de cette prégnance du père imaginaire, étape cruciale pour le sujet en devenir.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 409-416.

Nathalie De Kernier, Yuichiro Abe : meurtre héroïque et identité hybride à l’adolescence

Le héros à l’adolescence surgit régulièrement dans la clinique et dans la littérature. L’infans apparaît comme une figuration nécessaire de l’identité hybride de l’adolescent, passage nécessaire pour se défaire de son emprise. Cette déprise implique un meurtre symbolique, particulièrement héroïque. Le passage à l’acte est à entendre comme une quête de symbolisation de ce meurtre.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 393-407.

Vincent Cornalba : hacker vaillant. prince de l’impossible

Dans cette étude, l’auteur rappelle le lien indéfectible entre la figure du héros et le destin qui lui est réservé. L’adolescent, confronté à cet exemple aux vertus à la fois structurantes et angoissantes, peut être conduit à solliciter le droit à l’anonymat tout en revendiquant une inscription héroïque. C’est ce que le mouvement des Anonymous, au-delà des objectifs manifestes qu’il poursuit, semble représenter. L’enjeu serait de parvenir à dissocier acte héroïque et destin du héros, relevant le refus chez le sujet de payer le tribut exorbitant d’un héroïsme qui pourtant nourrit la recherche en subjectivation. Le régime de l’impossible lui servirait de toile de fond et constituerait, de ce fait, la véritable question pour l’adolescent.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 377-391.

Tito Baldini : de hector à énée, via achille

L’analyste qui accompagne l’adolescent dans son parcours vers l’âge adulte, s’identifie dans le transfert à une sorte de « Hector » et vit le parcours analytique de son patient comme une transfiguration de son être « Achille » vers son devenir « Énée », seul héros qui accède à un âge adulte satisfaisant. Le recours aux textes de l’Antiquité et aux figures mythologiques du héros offre en effet des supports et représentations utiles au travail avec les adolescents, notamment en permettant de faire évoluer le transfert et le contre-transfert.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 367-375.

Paola Carbone : héros et adolescents. question de vie et de mort

Cet article tente de répondre à deux questions : qui est « le héros » ? et quel est le rapport de la question héroïque avec l’adolescence ? Pour rencontrer les héros dans leur essence originaire, l’auteur retourne à l’Iliade et l’Odyssée, et repère certaines caractéristiques fondamentales qui identifient profondément la mission héroïque à celle de l’adolescence. Les deux poèmes organisés autour des dimensions narratives du siège et du voyage représentent assez bien les lignes de force le long desquelles se décline l’expérience adolescente. Le fil rouge de l’exposé se noue autour de quatre thèmes articulés en couples dialectiques : la Préhistoire et l’Histoire, l’Unique et le Double, le Cercle et l’Ellipse, la Vie et la Mort.

Le mythe du héros – dans cette perspective – est le moyen grâce auquel il est possible de tenter une confrontation laïque avec la mort, confrontation qui paradoxalement représente un des points cardinaux du processus adolescent.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 345-366.

Gianluigi Monniello : constructions du héros à l’adolescence

Deux définitions significatives de L. Arioste et de B. Fioretti sont utilisées par l’auteur pour décrire d’abord, le besoin naturel de construire, au niveau imaginaire, la figure du héros en tant que contribution possible au fonctionnement psychique adolescent et en tant que référent adéquat imaginaire pour se créer et pour créer sa propre ars vivendi ; ensuite, pour souligner que la rencontre avec l’adolescent implique aussi la présence en lui de quelque chose qui va au-delà du processus naturel de construction, inhérent au développement et du jouer à faire le héros de l’enfance. L’auteur décrit trois possibles forces co-existantes vers l’héroïsme, avec des résultats très différents, qui s’ouvrent aux adolescents. La première poussée, réactive, est celle de continuer courageusement la recherche et la reconquête des valeurs du passé ; la deuxième poussée, positive et  différenciatrice, invite l’adolescent à se détacher des mondes qui l’ont engendré et de leurs influences internes et externes ; la  troisième, créative, est celle qui le rend fidèle à ses expériences sensorielles originaires en le poussant, inconsciemment, « à faire ce qu’il peut ».

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 327-344.

Gérard Bonnet : du héros tragique au héros ordinaire

Homère privilégie deux types de héros : celui d’Achille dans l’Iliade, qui magnifie le combat à mort et a fait bien des émules au cours de l’histoire, et puis celui qu’incarne Ulysse dans l’Odyssée où le héros s’illustre en déjouant les obstacles qu’il rencontre sur la route du retour vers son lieu d’origine. D’un côté nous avons une lutte duelle qui certes entraîne la notoriété, mais provoque la destruction de l’une des deux  parties en présence, et de l’autre, un combat de tous les instants du héros pour sauver sa vie et retrouver sa place dans la cité. Le premier privilégie le regard et se soumet aux exigences du paraître, le second au contraire s’en prend d’abord à l’œil qui le domine et en démonte les rouages pour se donner un nom. Le processus adolescent participe de ces deux parcours à la fois, et suppose le dégagement progressif de l’emprise du voir qui fait miroiter l’idéal. En se référant à diverses œuvres littéraires, l’auteur montre à quelles conditions cette évolution est possible.

Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 313-326.