Au Brésil, entre 2002 et 2010, plus de 230 000 jeunes, entre 15 et 25 ans, ont été assassinés. Cet article propose une analyse des vicissitudes de la construction subjective des adolescents brésiliens immergés dans un environnement de pauvreté, d’anomie sociale et de violence. À partir de la création d’un dispositif clinique groupal, les groupes de conversation, d’orientation psychanalytique, réalisé auprès des adolescents en milieu scolaire, l’auteur a pu construire l’hypothèse suivante : étant donné la violente disqualification de leur vie et le manque absolu de perspective d’une inscription dans un lien à minima indicateur de participation phallique dans le champ social, certains jeunes font de la violence leur propre fiction et une modalité de lien social. Depuis un fragment de cas, l’auteur propose également d’aborder la méthode utilisée dans la conduite de ces groupes de conversation.
Les adolescents vivant en banlieue expriment souvent la honte de leurs origines sociales, culturelles et géographiques. Cette problématique est (ré)inscrite dans la géopolitique des émotions dans le monde, et ce afin de mieux comprendre les enjeux identitaires pour les adolescents. À partir de deux vignettes cliniques d’adolescents rencontrés en Maison d’Enfants à Caractère Social, nous montrons l’importance du contre-transfert culturel et de l’écoute à plusieurs niveaux dans l’élaboration de la charge émotionnelle à travers le processus créateur.
Cet article met en perspective l’intérêt de faire dialoguer les disciplines lorsque l’on aborde l’aire du traumatisme historique. Cela est favorisé par le complémentarisme, fondement du transculturel, qui permet l’articulation de la psychanalyse et de l’anthropologie, mais aussi de l’histoire et du politique. Ce propos est soutenu par une recherche sur les « émeutiers » de l’automne 2005, identifiés comme étant des adolescents français « d’origine immigrée ». Aux prises avec le déni collectif du colonial, ces adolescents, révoltés par leur réalité contemporaine, se font aussi l’écho de leur longue et toute spécifique histoire de France.
L’Équipe de Recherche et d’Intervention Transculturelle (ÉRIT) a développé pour le milieu scolaire une intervention préventive pour les jeunes immigrants ou réfugiés. Celle-ci se compose d’un programme d’ateliers d’expression créatrice nommé Théâtre-Pluralité, qui utilise le jeu social et théâtral afin de permettre aux jeunes de naviguer entre leurs multiples appartenances, et d’élaborer leurs expériences passées et présentes. Les ateliers ont pour but de faciliter la réappropriation et le partage d’histoires personnelles et collectives de ces adolescents.
Dans le suivi psychothérapique transculturel d’un adolescent mineur étranger isolé, avec les référents médicaux ou les travailleurs sociaux, les thérapeutes appréhendent la souffrance psychique, les comportements, les demandes du patient dans un cadre où l’écoute et l’élaboration peuvent se faire dans toute la complexité et la multiplicité des expériences du patient, à partir des matériels culturel et psychiatrique, permettant d’éviter des erreurs diagnostiques et un clivage fréquent entre la culture d’origine et celle du pays d’accueil. Face à une réalité externe faite d’incertitudes, de précarité et d’isolement, comment la prendre en compte sans qu’elle n’envahisse trop l’espace psychothérapique ? Lorsque une demande d’évaluation diagnostique préside au suivi, quelles implications a le diagnostic sur le travail transculturel, particulièrement quand le patient amène des éléments délirants évocateurs de troubles psychotiques ?
À Casablanca, comme ailleurs à travers le monde, des enfants et adolescents vivent dans la rue. Ils sont aux prises avec un passé traumatique, un avenir incertain. La rencontre avec ces enfants et adolescents « exilés dehors » nous a permis de rendre compte de l’environnement défaillant et traumatique qu’ils tentent de fuir en s’exilant dans la rue. Ceci leur confère une place d’étranger inquiétant, craint et rejeté. La rue devient la scène de l’expression de la faillite de l’environnement, le lieu de la survie, de l’expérience de l’intime et du collectif.
Les enfants et adolescents adoptés dans le cadre d’une adoption internationale portent non seulement le passage d’une filiation à l’autre mais aussi d’un pays, d’une culture à l’autre. Pouvoir donner du sens à ce qui se joue dans l’actuel des interactions familiales impose d’y porter un regard multiple, s’appuyant sur une approche transculturelle pour complexifier la question de l’altérité de l’enfant. Cette lecture se décline en plusieurs axes : l’histoire transgénérationnelle du ou des parents, l’histoire de l’enfant et les conséquences des conditions de vie avant l’adoption, la multiplicité des loyautés et sentiments d’appartenance de l’enfant adopté et les représentations familiales de l’altérité de l’enfant. Ce n’est qu’à travers ce métissage des lectures que pourra être rétablie une vérité psychique au plus près de l’histoire de l’enfant, sans discontinuité entre l’avant et l’après adoption et que pourra être abordée la coexistence d’affiliations multiples de l’enfant adopté à l’étranger sans que celle-ci ne soit vécue comme menaçant le lien de filiation.
Les adolescents se retrouvent sur la toile après les cours. Les réseaux sociaux, et notamment Facebook, prennent une large place dans leur vie virtuelle. L’univers virtuel apparaît comme une véritable plateforme de jeux et d’enjeux pour l’adolescent. Nous envisagerons une partie du dispositif Facebook, dans cet article, comme un théâtre de soi, une scène en soi et pour soi. Parler de Facebook comme d’une scène où l’adolescent s’expose, présuppose qu’il y a un spectacle à voir, et nous pouvons nous demander s’il ne s’agit pas du spectacle du moment adolescent, de la projection de certains fantasmes, de scénarios internes qui nous sont permis d’entrevoir par la fenêtre de Facebook. Nous développerons au travers du cas d’Elisa comment Facebook peut devenir un lieu propre à l’adolescent, une interface sur laquelle se met à distance l’effroi adolescent tout en proposant un lieu d’identification aux pairs.
Roger Federer, Rafael Nadal, deux héros antinomiques, aux qualités contraires. L’un est elfique, l’autre est massif, l’un est élégance, l’autre est tellurique. Lointains descendants d’Ulysse et d’Achille, les héros marchent souvent par deux, à la fois indissociables et complémentaires. La psyché aurait-elle besoin d’une telle bipartition ?
Le film Dans la maison met en scène un professeur écrivain par procuration à travers un élève doué, qui lui ne peut vivre qu’à travers les personnages qu’il observe, et doit transformer en héros de roman. Le doute vient que l’analyste pourrait aussi vivre par procuration grâce à ses patients devenus, sinon héros de roman, tout au moins personnages de vignettes cliniques.
Adolescence, 2013, T. 31, n°2, pp. 461-466.
Revue semestrielle de psychanalyse, psychopathologie et sciences humaines, indexée AERES au listing PsycINFO publiée avec le concours du Centre National du Livre et de l’Université de Paris Diderot Paris 7