Tous les articles par Admin

Marie-Madeleine Bertucci, Isabelle Boyer : « ta mère, elle est tellement…» joutes verbales et insultes rituelles chez des adolescents issus de l’immigration francophone

Les joutes verbales et les insultes rituelles, observables chez les adolescents issus de l’immigration francophone, constituent un mode de communication et une forme de pratique culturelle. Ces « vannes » sont souvent considérées comme un emblème de l’incivilité linguistique et un marqueur de la « culture des rues ». Elles trouveraient leur origine dans une culture de l’éloquence, issue des traditions populaires de l’immigration francophone maghrébine et africaine. En tant que jeu rituel, elles contribuent à la socialisation des jeunes au sein du groupe de pairs.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 711-721.

Noureddine Khaled : adolescents harragas : risquer sa vie comme seule possibilité de réalisation de soi

À travers quelques statistiques, l’article présente dans un premier temps les composantes socio-économiques et sociales des harragas, ces jeunes migrants originaires du Maghreb qui tentent de rejoindre les côtes européennes. Dans un second temps, l’étude de leur famille et de leur environnement cherche à identifier les facteurs qui interviennent dans la production de ces parcours individuels, en insistant sur les notions de prise de risque et de quête de soi.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 699-709.

Gaia Petraglia : de l’autre côté de la mer. être parents et enfants en terre étrangère

L’auteur, partant d’une réflexion sur le métissage contemporain, s’arrête sur l’analyse de la question relative aux adolescents de la seconde génération et de leurs parents. À travers quelques exemples cliniques d’enfants et de leurs parents écoutés dans un Service Psychologique pour familles émigrées, elle réfléchit sur le trauma migratoire et sur les secrets non élaborés qui se transmettent dans les générations suivantes. Elle pose de même la question du contre-transfert culturel, élément central pour ne pas causer de dégâts dans la relation thérapeutique et analyse la potentialité créative des adolescents de seconde génération.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 677-697.

Jean-Yves Le Fourn : l’adolescence n’est-elle pas une métaphore de la migration ?

L’adolescence ne serait-elle pas une métaphore de la « migration » avec une contrée d’origine, le monde de l’enfance et sa terre promise le monde adulte. Les différents « passages » ne sont-ils pas dès lors à interroger avec une dimension topologique ?

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 673-676.

François Richard : nous sommes tous des migrants. de la diversité des économies libidinales

Cet article propose de considérer le thème de la migration comme la métaphore d’une opération psychique intérieure : la différenciation subjectalisante avec les premiers objets, qui se joue de façon décisive à l’adolescence. La question du sujet est reprise dans un dialogue avec les sociologues, les anthropologues, les historiens et les philosophes, jusqu’à envisager un sujet pluriel ouvert à la diversité des économies libidinales – caractérisée par la prégnance de la bisexualité psychique et du sexuel infantile, ici mis en regard avec la théorie des genres.

La migration introduit au métissage, ethnique, culturel, mais aussi psychique. Un exemple clinique de trouble psychique adolescent générant l’élaboration et la symbolisation d’une étrangeté interne illustre l’hypothèse : nous sommes tous des migrants.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 661-672.

Jérôme Boutinaud : dans le sillage de l’exil : quelques aspects de la problématique psychique des adolescents étrangers isolés

Nous tenterons ici de cerner certaines particularités des mouvements psychiques présents chez les adolescents étrangers isolés, à partir non seulement de l’expérience de leur accompagnement en psychothérapie mais aussi de leur suivi éducatif. La description de leur accueil (envisagé ici en foyer d’action éducative) permettra de questionner plusieurs manifestations cliniques qui nécessitent une lecture des possibles enjeux inconscients liés à l’impact du traumatisme de l’exil. Nous verrons comment s’organise, dans le sillage de ce dernier, la mise en place de certaines défenses et mouvements transférentiels qui impliquent, entre autres, de profonds remaniements touchant le rapport objectal aux imagos parentales.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 651-660.

 

Stéphanie Gernet : construire un avenir entre deux mondes : le projet des mineurs isolés étrangers en question

Les projets des mineurs isolés étrangers sont au carrefour de l’imaginaire migratoire, du rêve d’avenir personnel ou familial et du projet personnalisé co-construit avec les éducateurs. Bien souvent, ceux-ci s’opposent dans une pratique où l’adaptation à la réalité doit se faire en renonçant aux rêves considérés comme « utopiques ». Basé sur une recherche anthropologique auprès d’une vingtaine de jeunes mineurs isolés étrangers (MIE) pris en charge en Maisons d’Enfants à Caractère Social (MECS) en Aquitaine et en s’aidant du concept d’espace potentiel théorisé par D. W. Winnicott, cet article propose de penser différemment la construction du projet chez ces jeunes en considérant leurs rêves d’avenir comme de possibles leviers d’accompagnement.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 633-649.

Nora Bouaziz, Sunthavy Yeim : les risques d’erreurs diagnostiques chez les mineurs isolés étrangers

Les doutes diagnostiques sont fréquents chez les adolescents présentant des troubles psychiatriques aigus, qui plus est isolés et étrangers, avec un risque d’erreurs diagnostiques – et de soins inadéquats – tel qu’un excès de diagnostics de troubles psychotiques plutôt que de dépression ou de syndrome post-traumatique. Le parcours de soins de Lila, une adolescente de seize ans d’origine rwandaise, illustre cette problématique des erreurs diagnostiques ou misdiagnosis que l’accès aux études sur les errances diagnostiques et l’abord transculturel réduisent.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 625-632.

Agathe Benoit De Coignac, Thierry Baubet : transes et construction identitaire chez les mineurs isolés étrangers

Si les parcours des jeunes isolés étrangers sont variés et leurs histoires toujours singulières, ces adolescents présentent en psychopathologie clinique des problématiques communes. Une proportion non négligeable de ces jeunes présenterait une symptomatologie clinique de transe ou de possession, appelée DTD (dissociative transe disorder) dans le DSM IV. Les symptômes de transe et de possession sont probablement sous-évalués dans les pays occidentaux du fait de biais culturels et d’une connaissance insuffisante des troubles dissociatifs. Les patients présentant ces symptômes sont souvent sujets à des erreurs diagnostiques, notamment à des diagnostics de psychoses ou d’états limites ce qui conduit à des prises en charge pouvant aggraver leurs symptômes. Les fonctions de ces symptômes chez les jeunes isolés étrangers sont multiples et doivent être analysées en tenant compte de cette période particulière du développement qu’est l’adolescence, en particulier des enjeux de construction identitaire. Une meilleure compréhension de l’expérience subjective de ces jeunes nécessite une adaptation du cadre thérapeutique prenant en compte la dimension transculturelle et les enjeux pré-, péri- et post-migratoires. Nous confronterons nos hypothèses à une revue de la littérature psychiatrique et à l’étude d’une observation clinique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 613-623.

Marion Feldman, Malika Mansouri, Marie Rose Moro : être une adolescente juive pendant l’occupation en france : quel devenir d’adulte ?

Cet article montre qu’il est possible d’évaluer chez des adultes, âgés de soixante-seize ans à quatre-vingt-deux ans, les effets psychiques d’événements traumatiques vécus il y a plus de soixante ans. Ici, est présenté le processus de construction d’une adolescente juive entre 1940 et 1945 en France. Au-delà d’une adolescence confisquée, la situation clinique exposée montre les troubles psychopathologiques liés aux traumas cumulatifs : un devenir adulte empêché, un accès à la maternité difficile, une conjugalité et une parentalité en souffrance ainsi qu’un silence pesant. La retraite permet la libération tant attendue depuis 1945, notamment par la reconnaissance collective et le processus de l’écriture.

Adolescence, 2013, T. 31, n°3, pp. 601-612.