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Vincent Cornalba : l’adolescente, figure(s) de l’évanescence

Cette recension de l’ouvrage collectif dirigé par Sébastien Dupont et Hugues Paris souligne la part de l’évanescence portée par l’adolescente, explorée et exploitée par le cinéma contemporain. L’adolescente apparaît comme l’expression de ce qui échappe à la saisie complète. Les différentes figures de l’adolescente, mises en exposition par l’œuvre cinématographique, témoignent d’un effet de diffraction qui n’est pas sans lien avec l’expérience pulsionnelle, telle qu’elle s’impose au sujet.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1033-1046.

Philippe Givre : Michael Jackson : fantasmes à vif

L’existence de Michael Jackson s’apparente à un long one man show qui s’est achevé alors qu’il avait tout juste cinquante ans. Qu’a pu représenter, en premier lieu pour lui-même, cette adolescence de star à laquelle il fut convié ? Simultanément en effet, les transformations physiques de la puberté vont être pour lui génératrices d’angoisses massives, responsables d’attaques virulentes et renouvelées contre son propre corps, jusqu’au point de produire une véritable déstructuration de son apparence physique. L’impossibilité d’assumer ces éléments inhérents au pubertaire fut toutefois partiellement contrebalancée par la valeur sublimatoire de sa créativité artistique. Ainsi le moonwalk, véritable signature de l’artiste, expression agie et performée, pourrait être la traduction d’un scénario fantasmatique étroitement intriqué au traumatisme de la puberté et à la castration maternelle. Le recours à un phénomène « d’extimisation » de la réalité interne aurait ainsi réussi à produire une actualisation sublimée de fantasmes ainsi transfigurés au plus vif de sa création esthétique.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 1005-1030.

Florian Houssier : michael jackson, de la danse lunaire au corps fétichisé

Michael Jackson est devenu au fil de sa carrière une icône planétaire de la musique pop. Son parcours et surtout ce qu’il a montré dans ses vidéo-clips nous permettent de faire ressortir deux aspects centraux pour illustrer l’impasse de l’élaboration du processus adolescent sur fond d’échec de l’intégration du corps génital : l’échec de la rencontre sexuée, sur fond de phobie des femmes, et la fétichisation du corps par l’élection d’organes isolés comme forme de maintien du corps infantile omnipotent articulé au déni de la castration.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 995-1004.

Amélie Dalmazzo : michael jackson ou l’adolescence incarnée

Michael Jackson figure une adolescence éternelle, rejoue le scénario d’une individuation pénible et inaccessible. Ses métamorphoses se font l’écho des transformations psychiques et physiques des jeunes pubères. Son mythe fortement imprégné de ruptures généalogiques, évoque un personnage en prise avec un puissant désir d’auto-engendrement. Son polymorphisme maximise les possibilités identificatoires des adolescents, et sa médiagénie favorise son appropriation sur le mode de la revendication sociale. Sa capacité à incarner la toute-puissance le place comme un formidable support de projection, faisant écho aux désirs narcissiques des jeunes.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 979-993.

Silke Schauder : le clip « thriller » de michael jackson : une métamorphose négative du héros à l’adolescence ?

En analysant le clip « Thriller » de Michael Jackson, nous proposons une discussion de la métamorphose adolescente. Par une extraordinaire fiction de soi liant des références cinématographiques au mythe et à la science-fiction, il démontre, en un geste postmoderne radical et transgressif, l’inanité des oppositions telles que homme-femme, ange-démon, homme-animal, vivant-mort, réalité-fiction – autant de couples dont il fait voler en éclats le pouvoir structurant. Que dire d’un corps dont la fonction première semble avoir été de passer  de transformation en transformation, de se métamorphoser en de toujours nouveaux dépassements héroïques, pour rejouer la métamorphose adolescente qui est marquée, ici, par une négativité tragique ?

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 965-977.

Philippe Gutton : l’autre humain adulte pour l’adolescence

L’autre humain adulte reprend la conceptualisation travaillée jusqu’alors du « sujet parental de transfert ». Il représente l’adultité reflétant l’emprise de la deuxième topique. Son humanité exprime sa motivation pour participer aux processus pubertaires en cours de sublimation. Ainsi peut-il étayer l’interprétation par l’infantile déjà là du pubertaire innovant et la création subjectale adolescente. Cette proximité du lien n’est pas sans risque.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 949-964.

Erwan Quentric : angoisse de culpabilité et passage à l’acte délictuel à l’adolescence

L’angoisse de culpabilité, ainsi que l’a montré Freud en 1916, peut être à l’origine de comportements transgressifs. Le passage à l’acte délictuel, distinct par sa dynamique intrapsychique du recours à l’acte, s’inscrit pleinement dans l’hypothèse freudienne. L’adolescence peut susciter l’émergence d’un sentiment de culpabilité diffus et angoissant, qui permet de comprendre la recrudescence de transgressions à cette période de la vie. Deux axes de compréhension peuvent être envisagés simultanément : le sentiment de culpabilité généré par les fantasmes parricides, mais aussi le besoin de punition comme équivalent symbolique de soumission homosexuelle au père, susceptible de conférer sa masculinité au fils.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 935-947.

Odile Falque : le fantasme du pale

à partir d’un cas de cure pour troubles obsessionnels et à travers les échanges de thérapeutes au cours du Séminaire de Psychothérapie de l’Adolescent, il s’agit de repérer ce que sous-tend la question de la conquête de l’identité et le problème de l’homosexualité à l’adolescence. Le « fantasme du pale », en référence à la figure religieuse identificatoire de saint Georges, permet d’organiser les élaborations théorico-cliniques.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 917-934.

Gérard Bonnet : quand l’idéal pousse au passage à l’acte

Il est classique d’attribuer les actes humains violents excessifs qui se produisent régulièrement sur la scène privée ou publique au déchaînement de pulsions agressives : on invoque alors la faiblesse des instances surmoïques qui n’ont pas joué leur rôle. Freud se réfère régulièrement à ce schéma à partir de la mise en place de la seconde topique, et il inspire la plupart des modèles éducatifs en vigueur. Pourtant, il arrive que les idéaux censés contrôler les pulsions donnent eux-mêmes naissance à un passage à l’acte violent. Dans ces cas-là, il y a idéalisation sans sublimation, et l’idéal qui est au cœur de l’idéalisation est investi pour lui-même. Au lieu d’être le vecteur du désir, ouvrant à la sublimation, il concentre l’énergie pulsionnelle et la libère d’une façon explosive. C’est pourquoi une analyse approfondie des idéaux s’impose pour dégager les composants de cette explosion et la façon de la désamorcer.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 897-915.

Amos Squverer : l’idole : un moment religieux d’une passion adolescente

L’exaltation adolescente face à son idole sera considérée comme un moment foncièrement religieux. Pour saisir les enjeux psychiques de ce phénomène social, l’auteur propose de penser ses coordonnées métapsychologiques et sa fonction à partir de la scène de l’« Hilflosigkeit » – matrice de représentations religieuses. L’idole sera saisie comme cette image perceptive qui sature le regard, annihilant ainsi le point aveugle qui instaure la perception à partir d’un point de manque (la Chose). Paradoxalement, cette passion pour l’idole se dévoilera comme un rempart contre le désir. Cette lecture permettra de mieux saisir la stratégie inédite de la religion monothéiste juive envers l’idolâtrie – celle de la dé-totalisation de cette figure qui ne supporte pas le manque. Enfin, pour comprendre en quoi l’idole est un phénomène spécifiquement adolescent, l’auteur propose une relecture de l’idée du trauma du sexuel, que le moment adolescent donne à voir.

Adolescence, 2013, T. 31, n°4, pp. 885-896.